Place de la chasse dans la ruralité
Question de :
M. Alain Perea
Aude (2e circonscription) - La République en Marche
Question posée en séance, et publiée le 22 septembre 2021
PLACE DE LA CHASSE DANS LA RURALITÉ
M. le président. La parole est à M. Alain Perea.
M. Alain Perea. Ma question s'adresse à Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État chargée de la biodiversité.
Lors des deux mandats précédents, malgré les beaux discours, les majorités qui se sont succédé n'ont eu de cesse de porter des coups à la ruralité. S'il ne fallait donner qu'un exemple, je citerai cette volonté, que dis-je, cette obsession de réduire le nombre de communes rurales. La méthode forte n'ayant pas marché, on a utilisé celle de l'étrangleur ottoman, en réduisant année après année les finances locales.
Depuis le début de cette législature, nous avons mis fin à cette situation. Finances, loi visant à rappeler la confiance dans les élus locaux, agenda rural, agriculture, chasse, retraite agricole, lutte contre la glottophobie, déploiement de la fibre, plan de relance : aucun secteur de la ruralité n'a été oublié. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem.)
M. Pierre Cordier. Mensonges !
M. Alain Perea. Pourtant, malgré ces efforts, une partie de la ruralité gronde encore, nous l'avons entendu ce week-end lorsque 50 000 chasseurs ont défilé dans la rue, soutenus par des milliers d'élus dont certains sont sur ces bancs, y compris ceux de la majorité.
Voici ce que je ressens. Quand je parle de l'émotion dans le regard de mon grand-père, on me répond « pratique barbare ». Quand je parle de la joie de retrouver mes amis, on me regarde comme un alcoolique assoiffé de sang parce que la seule chose que l'on connaisse de mon activité, c'est un sketch des Inconnus.
M. Pierre Cordier. Baratin !
M. Alain Perea. C'est comme si je posais une question au Gouvernement à propos de l'armée en ayant comme unique référence La Grande Vadrouille. Et quand je parle de cette haie que je plante pour mes enfants, on me répond « directive oiseaux ». Finalement, alors que je parle d'amour, on me parle de la couleur des canapés.
M. Pierre Cordier. Vous devriez quitter la majorité !
M. Alain Perea. Mais quand prendra-t-on conscience que notre pays est aussi riche de son patrimoine immatériel que de son patrimoine matériel ? La ruralité n'est pas une adresse, c'est une culture. L'idée selon laquelle « la France doit être une chance pour tous » fait partie du projet politique de cette majorité.
Je souhaite, madame la secrétaire d'État, que vous nous disiez ce que vous comptez faire pour que le million de chasseurs français mais aussi, de façon incidente, les millions de ruraux comprennent que nous allons tout mettre en œuvre en France, mais aussi au niveau européen et à l'étranger afin que notre pays reste une chance pour eux. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes LaREM et Dem.)
M. Pierre Cordier. Récupération politique !
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la biodiversité.
Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État chargée de la biodiversité. Monsieur le député, vous nous touchez au cœur – si toutefois nous avions besoin d'un tel rappel. (Protestations sur les bancs du groupe LR.) Nous ne souhaitons pas laisser s'installer une opposition, une défiance, un présumé clivage entre urbains et ruraux.
M. Fabien Di Filippo. Vous l'avez accentué comme jamais !
Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État . Il n'en est évidemment pas question, nous y travaillons depuis de nombreuses années et je vous en remercie.
Nous y travaillons avec la ministre Jacqueline Gourault et le secrétaire d'État Joël Giraud au ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, ainsi qu'avec le secteur agricole, en visant une réconciliation autour de ces enjeux.
Nous travaillons aussi sur les dossiers liés à la chasse, que vous avez évoqués. Nous suivons des lignes très claires. Il est nécessaire – et telle est notre responsabilité – de passer par l'apaisement et l'objectivation.
Un cadre législatif européen clair, le bon état de conservation ou non des populations,…
M. Fabien Di Filippo. Ce n'est pas exactement ce qu'il disait !
Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État . …la notion de gestion adaptative, la sélectivité de certaines espèces, le bien-être animal qui, à juste titre, a pris une part dans le débat public : voilà autant d'éléments qui doivent nous permettre d'avoir ce débat en bonne intelligence, chacun devant trouver sa place dans une France diverse, que nous aimons telle qu'elle est.
Des dispositifs ont été créés pour la chasse mais pas uniquement, car la ruralité ne peut évidemment se résumer à cette activité. Dans le cadre de l'agenda rural, nous nous efforçons de faire valoir les aménités rurales à travers les maisons France Services, le déploiement de la 4G,…
M. Fabien Di Filippo. Ce n'est pas la question !
Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État . …la lutte contre les déserts médicaux ou encore l'initiative dite mille cafés.
Nous travaillons avec tous les acteurs de la ruralité vivante parce que, avant d'être parlementaires ou membres du Gouvernement, nous vivons la ruralité. Ne laissons pas s'installer la défiance ou les clivages. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem.)
Auteur : M. Alain Perea
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Chasse et pêche
Ministère interrogé : Biodiversité
Ministère répondant : Biodiversité
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 22 septembre 2021