15ème législature

Question N° 4527
de M. Yves Hemedinger (Les Républicains - Haut-Rhin )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Biodiversité
Ministère attributaire > Biodiversité

Rubrique > énergie et carburants

Titre > Filière nucléaire française

Question publiée au JO le : 17/11/2021
Réponse publiée au JO le : 17/11/2021 page : 10423

Texte de la question

Texte de la réponse

FILIÈRE NUCLÉAIRE FRANÇAISE


M. le président. La parole est à M. Yves Hemedinger.

M. Yves Hemedinger. Monsieur le Premier ministre, mieux vaut certes tard que jamais, mais le ralliement soudain du Président de la République au nucléaire se trouve tout de même bien tardif et bien suspect. Ce qui me gêne surtout, c'est que ce nouveau discours survienne au terme d'un quinquennat d'hostilité ouverte au nucléaire français.

M. Pierre Cordier. Eh oui ! C'est la réalité !

Mme Caroline Abadie. On s'en fiche !

M. Yves Hemedinger. C’est ce même Président de la République qui a fait fermer Fessenheim, annoncé l'arrêt de quatorze réacteurs en tout d'ici à 2035, réduit la part du nucléaire dans le mix énergétique français, au rebours de ce que préconise le rapport du gestionnaire du Réseau de transport d'électricité (RTE) ; c'est lui qui a révélé ses préférences idéologiques en nommant ministres Nicolas Hulot puis Barbara Pompili, antinucléaires déclarés ; c'est lui qui s'abstient de défendre le nucléaire au niveau européen, faisant ainsi le jeu des centrales à gaz et à charbon.

Si vous avez enfin compris que cette énergie est peu coûteuse et entièrement décarbonée, nous attendons désormais que vous lui donniez des preuves d’amour. (Mme Caroline Abadie s'exclame.) Il y va de l’avenir d’une filière industrielle française d’excellence, du pouvoir d'achat de nos concitoyens, de la survie de la planète, car le nucléaire est un élément essentiel de la transition écologique,…

M. Loïc Prud'homme. Mais non !

M. Yves Hemedinger. …les autres énergies décarbonées – dans ma circonscription, je milite ainsi pour le développement de l'hydrogène – n'atteignant pas encore un niveau de production suffisant.

Après cinq années perdues, ce n'est pas de six réacteurs pressurisés européens (EPR) que notre pays a besoin, mais d'une vingtaine. Monsieur le Premier ministre, nous attendons des actes, plus seulement des déclarations d'intention et de principes. Êtes-vous prêt à sortir du « en même temps » et à mettre les bouchées doubles pour relancer réellement la filière nucléaire française ? À court terme, êtes-vous disposé à créer à Fessenheim un petit réacteur modulaire (SMR) ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LR.)

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la biodiversité.

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État chargée de la biodiversité. Nous avons lancé dès 2018 des travaux approfondis et discuté de ce sujet lors de l'examen de plusieurs projets de loi. Dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), nous avons dessiné le futur énergétique de la France ; compte tenu du rapport remis fin octobre par RTE, qui présente plusieurs trajectoires, il nous faut à présent débattre des moyens d'atteindre en 2050 la neutralité carbone alors que la consommation d'électricité augmente. La priorité consiste à sortir des énergies fossiles ; or le gaz, le pétrole et le charbon représentent encore 63 % de la consommation d'énergie finale dans notre pays.

Le Président de la République a donc réaffirmé trois principes essentiels. Le premier est la sobriété : depuis 2017, avec la rénovation énergétique, la modernisation du parc automobile, l'anticipation d'une forte hausse de la demande d'électricité, nous faisons en sorte de relever le défi considérable que constitue la réduction de notre consommation d'énergie. Le deuxième consiste à poursuivre le développement des énergies renouvelables, indispensable en vue de répondre à cet accroissement du recours à l'électricité dans les quinze années à venir : la construction de centrales nucléaires ne suffirait pas pour respecter ce calendrier qui est aussi le vôtre. Le dernier des trois est précisément la nécessité du nucléaire, dont aucun scénario ne parvient à envisager l'abandon sans qu'il en résulte une production massive de carbone. La neutralité de notre mix énergétique repose sur ces trois piliers, ce qui justifie des investissements en ce sens : il nous faut assumer collectivement la compétence et l'expertise françaises en matière nucléaire, du démantèlement à la construction. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Yves Hemedinger.

M. Yves Hemedinger. Vous vous payez de mots : à l'approche de la fin du quinquennat, une sorte de panique vous pousse à soutenir tout et son contraire. Soyez donc honnêtes, dites la vérité ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LR. - Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)