Protocole sanitaire dans les écoles
Question de :
Mme Sylvie Tolmont
Sarthe (4e circonscription) - Socialistes et apparentés
Question posée en séance, et publiée le 12 janvier 2022
PROTOCOLE SANITAIRE DANS LES ÉCOLES
M. le président. La parole est à Mme Sylvie Tolmont.
Mme Sylvie Tolmont. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, depuis une semaine, l'école est plongée dans un chaos total, parce que vous n'avez pas plus anticipé la cinquième vague que les précédentes…
M. Boris Vallaud. Eh oui !
Mme Sylvie Tolmont. …comme si à chaque fois, l'école était à l'abri du virus. Les écoles sont certes ouvertes, mais les classes sont dépeuplées, voire fermées : c'est le cas pour 10 500 d'entre elles. Les apprentissages sont au ralenti. L'état de désorganisation des écoles, des collèges et des lycées n'est au final que la conséquence de cinq années d'affaiblissement du service public de l'éducation (Mme Valérie Rabault applaudit) et de votre gestion par le mépris.
De fait, vous réussissez un grand chelem historique. Ce jeudi, vous réunirez dans la grève toutes les organisations syndicales de l'éducation nationale : les enseignants, mais aussi les inspecteurs, les chefs d'établissement, les infirmières et jusqu'aux parents, seront dans la rue ; les mouvements lycéens s'y associeront également. On n'a pas trace d'un mouvement de grève aussi large à l'éducation nationale depuis 1968. Tous dénoncent votre mépris et votre gestion catastrophique de la crise depuis deux ans, variant de manière incessante avec cinquante protocoles– dont trois en huit jours –, en déconnexion avec les réalités du terrain et épuisant le personnel, les parents et les enfants.
Vous êtes resté sourd aux demandes de renforcement du protocole, d'épurateurs et de purificateurs d'air, de masques FFP2 et de tests. Vous avez refusé d'embaucher du personnel supplémentaire, préférant dénoncer l'absentéisme des enseignants pour désigner les malades ou les cas contacts confirmés. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.) Avec ce dernier protocole réduit à des autotests en rupture de stock partout et à une simple déclaration sur l'honneur, c'est en réalité la fin du contrôle sanitaire à l'école en pleine flambée épidémique.
Alors après le énième camouflet que vous a infligé hier soir le Premier ministre et face au jeudi noir qui s'annonce, quand allez-vous présenter votre démission, monsieur le ministre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC ainsi que sur plusieurs bancs des groupes FI et GDR. - Exclamations sur quelques bancs des groupes LaREM et Dem.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. On voit bien, à la conclusion de votre question, ce qui vous inspire réellement. Quand un pays traverse une grave crise, il y a ceux qui la traversent avec sang-froid et ceux qui se précipitent sur les difficultés avec des arrière-pensées politiques. (Exclamations sur les bancs du groupe SOC.)
M. David Habib. Arrêtez !
Mme Sylvie Tolmont. Absolument pas !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Vu la tournure de votre question, c'est évident : les Français jugeront. Ceux qui nous regardent savent très bien ce qui nous motive. Ils savent aussi que, lorsqu'il y a une comparaison entre les pays, loin d'être dans la caricature que vous avez dessinée, la France est très fière. Pas moi, la France !
M. Ugo Bernalicis. Elle n'est pas fière de vous, en tout cas !
M. Jean-Paul Dufrègne. La France, vous ne l'écoutez pas !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Elle est fière grâce au travail des professeurs, que je respecte infiniment plus que vous (Protestations sur les bancs du groupe SOC),…
Mme Valérie Rabault. Non !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . …parce que je ne pratique pas la démagogie.
M. Fabien Roussel. Vous ne les écoutez pas !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Ce respect, je le leur signifie en permanence. Oui, nous devons le respect aux professeurs ; le respect des professeurs, c'est le respect de l'école, ce n'est pas la fermer au premier problème venu,…
M. Fabien Di Filippo. Combien de classes fermées ?
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . …ce n'est pas invoquer je ne sais quelle solution magique ! Vous parlez des capteurs de CO2, madame Tolmont, mais je vous invite à un petit exercice : regardez où en est chaque mairie socialiste en matière d'équipement de ses écoles primaires en capteurs de CO2 ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs des groupes LR, SOC et GDR.)
Mme Sylvie Tolmont. C'est vous qui êtes aux manettes !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Regardez aussi le bilan de votre quinquennat, puisque vous étiez sur ce terrain ! Nous avons plus augmenté le budget de l'éducation nationale que vous ne l'avez fait, et lors de cette crise, sur chacun des critères, nous avons été au rendez-vous. Aujourd'hui, vous vous livrez à une exploitation politique de la situation.
Mme Sylvie Tolmont. C'est vous le politicien !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Nous, ce que nous recherchons, c'est tout simplement que les enfants aillent à l'école et que cela se passe sereinement pour eux.
M. Sébastien Jumel. Deux heures de colle !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Ce qui me frappe d'ailleurs quand je parle aux enfants dans les écoles, c'est qu'ils ont l'esprit beaucoup moins compliqué que le vôtre. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe SOC.) Ils voient que nous voulons l'école ouverte ; ce qu'ils veulent, ce sont leurs apprentissages ; ils acceptent les gestes barrières. Heureusement, quand je veux sortir de ces vaines polémiques, j'écoute les enfants, et c'est beaucoup plus sain. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et Dem. – Huées sur plusieurs bancs des groupes SOC, FI et GDR.)
Auteur : Mme Sylvie Tolmont
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Éducation nationale, jeunesse et sports
Ministère répondant : Éducation nationale, jeunesse et sports
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 12 janvier 2022