15ème législature

Question N° 4681
de M. Raphaël Schellenberger (Les Républicains - Haut-Rhin )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transition écologique
Ministère attributaire > Transition écologique

Rubrique > énergie et carburants

Titre > Politique énergétique

Question publiée au JO le : 12/01/2022
Réponse publiée au JO le : 12/01/2022 page : 521

Texte de la question

Texte de la réponse

POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE


M. le président. La parole est à M. Raphaël Schellenberger.

M. Raphaël Schellenberger. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la transition écologique. C'est déjà la deuxième fois, depuis la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, il y a deux ans, que je suis conduit à vous interroger sur le recours accru et prolongé aux centrales à charbon…

M. Pierre Cordier. Scandaleux !

M. Raphaël Schellenberger. …pour assurer la sécurité d'approvisionnement électrique de la France. Les faits vous contredisent. Quand vous avez décidé de fermer Fessenheim, vous nous aviez dit que les besoins en électricité baisseraient : c'est faux, ils explosent !

M. Fabien Di Filippo. Vive le charbon !

M. Raphaël Schellenberger. Pire, vous aviez affirmé que cette fermeture n'entraînerait pas l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre : là aussi c'est faux, elle explose.

Cet hiver, pour faire face aux besoins en électricité, vous avez, une nouvelle fois, pris un décret pour augmenter la production des centrales à charbon, soixante-dix fois plus polluantes que les centrales nucléaires.

Plusieurs députés du groupe LR. Eh oui !

M. Raphaël Schellenberger. Pour justifier ce non-sens et cette catastrophe écologique et économique, vous nous dites que la politique énergétique du Gouvernement n'y est pour rien. Dans ce cas, cela doit sans doute être la faute de l'hiver, madame la ministre – vous savez, ce phénomène climatique qui revient chaque année. Vous nous dites, avec une légèreté déconcertante, que c'est parce que nous manquons d'éoliennes et de panneaux photovoltaïques. Est-ce que, madame la ministre, il ne manquerait pas simplement deux tranches nucléaires de 900 mégawatts ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LR.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique.

M. Pierre Cordier. Et des centrales à charbon !

Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Revenons aux faits – ils sont simples. Tout d'abord, vous affirmez que la part des émissions de gaz à effet de serre a augmenté dans notre production d'électricité, ce qui est complètement faux. L'empreinte carbone de la production d'électricité a baissé de 38 % depuis 2017. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem.)

Ensuite, Fessenheim représentait 1,8 gigawatt de puissance installée. Mon problème, en tant que ministre de la transition écologique et donc chargée de l'énergie, est que, du fait de la mise à l'arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires, 13 gigawatts font défaut.

M. Pierre Cordier. Vive le charbon !

Mme Barbara Pompili, ministre . En comparant ces deux chiffres, vous voyez bien que l'ampleur du problème n'est pas là.

M. Jean-Paul Lecoq. Le Havre !

Mme Barbara Pompili, ministre . Notre problème, c'est que trop de centrales nucléaires sont en maintenance. C'est pourquoi j'ai demandé à EDF de réaliser un audit pour identifier la raison pour laquelle nous avons, en ce moment, autant de capacités de production immobilisées.

M. Jean-Paul Lecoq. Quelle anticipation ! Gouverner, c'est prévoir !

M. Pierre Cordier. Il faut rouvrir les mines de charbon !

Mme Barbara Pompili, ministre . Nous savons que le vieillissement des centrales représente 6 gigawatts. Telle est la difficulté à laquelle nous devons faire face : nous prenons des mesures de raccord, de mêmes que pour les centrales à charbon.

Revenons aux faits : le charbon représente actuellement 2 % de notre production d'électricité…

M. Pierre Cordier. C'est 2 % de trop !

Mme Barbara Pompili, ministre . …et 0,2 % de nos émissions de gaz à effet de serre. Pourrait-on être sérieux ? Je vous indique quels sont nos soucis, monsieur le député. Libre à vous de regarder le doigt, mais cela ne résoudra pas les problèmes des Français. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LaREM et Dem.)

M. le président. La parole est à M. Raphaël Schellenberger.

M. Raphaël Schellenberger. Je reconnais, madame la ministre, que, depuis la dernière fois que vous avez répondu à une de mes questions, vous avez au moins appris la politesse…

Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'autonomie. On ne peut pas en dire autant de vous !

M. Raphaël Schellenberger. …puisque vous n'avez pas prononcé d'insultes mais avez simplement suggéré qu'il me fallait regarder votre doigt. Vous nous communiquez les chiffres qui vous conviennent, non pas ceux de la consommation d'électricité, mais ceux de la production : la réalité c'est que nous importons massivement de l'électricité.

M. Jean-Paul Lecoq. Au charbon !

M. Raphaël Schellenberger. Jamais nous n'avons importé autant d'électricité carbonée, notamment depuis l'Allemagne.

Quelle est la proportion d'électricité produite à partir du charbon, madame la ministre ?

M. Damien Abad. Alors, il faut répondre !

M. Raphaël Schellenberger. C'est de cela que nous parlons, de la part marginale de ce qui nous manque. Et ce qui nous manque, c'est ce que vous avez fermé. Je ne comprends plus quelle est la politique énergétique menée : qui faut-il écouter, le Président de la République, sa ministre de la transition écologique, le candidat Macron ? Tous se contredisent. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

M. Damien Abad. Elle n'aime pas le nucléaire, elle aime le charbon !

M. Patrick Hetzel. Le retour au XIXe siècle !

Mme Barbara Pompili, ministre. Je vois que vous êtes très préoccupé par les questions climatiques, monsieur le député. Je suis ravie de l'apprendre mais j'aimerais comprendre pourquoi la présidente d'un comité de soutien de votre candidate à l'élection présidentielle profère des propos complètement climatosceptiques. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM, Dem et Agir ens.) Avant de nous critiquer, commencez par faire le ménage chez vous ! (Applaudissements sur les mêmes bancs. – Protestations sur les bancs du groupe LR.)