Répartition des richesses
Question de :
M. François Ruffin
Somme (1re circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 9 février 2022
RÉPARTITION DES RICHESSES
M. le président. La parole est à M. François Ruffin.
M. François Ruffin. Les couches sont rationnées dans les EHPAD. Les soignants sont rationnés dans les hôpitaux. Les salariés sont rationnés sur leur fiche de paie. Tout le pays se serre la ceinture. Tout le pays ? Non. Tout le pays, sauf ceux qui vivent là-haut.
Là-haut, c'est l'orgie. Avec 135 milliards d'euros, indique Le Monde, « les entreprises du CAC40 annoncent des bénéfices records ». Qu'avez-vous à en dire, mesdames et messieurs les ministres ? Rien. Les prix du carburant à la pompe ont augmenté de moitié et pèsent dans le budget des Français. Pendant ce temps, le cours en bourse de TotalEnergies a doublé, avec des profits sans précédent. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe FI.) Qu'avez-vous à en dire, mesdames et messieurs les ministres ? Rien. Les grandes fortunes cachent des dizaines de milliards au Luxembourg. Qu'avez-vous à en dire, mesdames et messieurs les ministres ?
Plusieurs députés du groupe FI . Rien !
M. François Ruffin. Rien. D'après France Info, en cinq ans de présidence Macron, les premières familles françaises ont vu leur fortune tripler. Tripler en cinq ans ! Qu'avez-vous à en dire, mesdames et messieurs les ministres ?
Plusieurs députés du groupe FI . Rien !
M. François Ruffin. Rien. Cette injustice est grosse comme une vache au milieu du couloir. Mais qu'avez-vous à en dire, mesdames et messieurs les ministres ?
Plusieurs députés du groupe FI . Rien !
M. Erwan Balanant. Ce n'est pas un cirque, ici !
M. François Ruffin. Rien.
Actionnaires, dividendes, CAC40. Répétez après moi, mesdames et messieurs les ministres !
Plusieurs députés du groupe FI . Actionnaires, dividendes, CAC40 ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M. François Ruffin. Je vous offre ce cours de lexique parce que ces mots, vous ne les prononcez jamais ! À croire qu'ils n'appartiennent pas à votre vocabulaire, qu'ils ne figurent pas dans votre dictionnaire !
Pourquoi ce silence ? Il signe votre complicité. Ces grandes fortunes, vous les couvrez ! Ce sont celles de vos financeurs, de vos investisseurs, et ils peuvent vous dire merci ! Merci : votre mission est accomplie, votre mandat est réussi ! Alors, que pensez-vous de cette orgie là-haut ? Comme le déclarait Victor Hugo : « C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches. » (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – M. Alain Bruneel applaudit également.)
M. le président. Je vous remercie pour cette prise de son. (Sourires sur les bancs du groupe LaREM.)
M. Ugo Bernalicis. Oh, monsieur le président !
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'industrie.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'industrie. Je veux vous parler d'un pays dans lequel on se bat pour créer de l'emploi : en cinq ans, 1 million d'emplois y ont été créés. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et Agir ens. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.) Je veux vous parler d'un pays dans lequel on œuvre pour que le travail paie mieux, un pays qui a instauré et augmenté la prime d'activité, un pays qui fait en sorte que la participation et l'intéressement se développent, un pays dans lequel les inégalités de revenus peuvent être comparées favorablement au reste du monde, un pays qui a engagé le « quoi qu'il en coûte » pour préserver l'outil de travail et pour que les salariés ne perdent pas leur emploi. (Nouveaux applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM. – Protestations sur plusieurs bancs des groupes LR, FI et GDR.)
M. Hervé Berville. Eh oui, c'est ça la réalité !
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée. Ce pays, c'est la France et j'en suis fière. Le gouvernement français se bat chaque jour afin d'améliorer le partage de la valeur : tel est l'objectif de la loi relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi PACTE, qui favorise la participation et l'intéressement afin qu'ils profitent davantage aux salariés.
Permettez-moi, monsieur Ruffin, de ne pas avoir la même vision du pays que vous. Permettez-moi de me concentrer sur les TPE – très petites entreprises – et les PME – petites et moyennes entreprises –, sur les entreprises de taille intermédiaire qui forment le tissu économique de ce pays. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) Permettez-moi de saluer les centaines de milliers de travailleurs qui exercent au sein des entreprises du CAC40 que vous dénoncez et qui soutiennent la croissance économique de ce pays.
M. Hervé Berville. Eh oui !
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée . Nous ne vivons probablement pas dans le même monde (Exclamations et applaudissements sur les bancs du groupe FI),…
M. Ugo Bernalicis. Ah oui, ça c'est sûr !
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée . …mais je préfère, pour ma part, être au service d'une croissance économique qui n'a jamais été aussi élevée, au service de la baisse du chômage. Je préfère continuer à créer de l'emploi plutôt que d'invectiver des actionnaires qui n'habitent même pas en France. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et Agir ens.)
M. le président. La parole est à M. François Ruffin.
M. François Ruffin. Qui nous a sauvés pendant la crise du covid-19 ? Les premières et les deuxièmes lignes ! Pour eux, c'est 0 % d'augmentation alors que les milliardaires, qui étaient dans leurs résidences secondaires, ont vu leurs revenus progresser de 68 % ! À cela, madame la ministre déléguée, vous opposez toujours votre silence, un silence complice ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée. Je vous remercie, monsieur Ruffin, de saluer les premières lignes. Vous savez combien nous sommes derrière elles. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)
M. François Ruffin. Elles ont eu droit à 0 % !
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée . Je ne ferai injure ni à Olivier Véran, qui a engagé le Ségur de la santé, ni à Brigitte Bourguignon en rappelant qu'ils ont permis une revalorisation sans précédent des professionnels concernés. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.) C'est la réalité ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)
Auteur : M. François Ruffin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique économique
Ministère interrogé : Industrie
Ministère répondant : Industrie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 9 février 2022