Question au Gouvernement n° 478 :
projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes

15e Législature

Question de : M. Marc Le Fur
Côtes-d'Armor (3e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 18 janvier 2018


PROJET D'AÉROPORT À NOTRE-DAME-DES-LANDES

M. le président. La parole est à M. Marc Le Fur, pour le groupe Les Républicains.

M. Marc Le Fur. Monsieur le Premier ministre, permettez à un élu des Côtes-d’Armor, à un élu breton, à un élu du Grand Ouest (« Enfin ! » sur les bancs du groupe LR) de vous interroger. Quel gâchis ! Quelle tristesse ! J'avais gardé l'espoir jusqu'au bout. J'avais cru à votre volonté de dialogue, tout comme j'ai cru à la démocratie. (Exclamations sur les bancs du groupe REM.)

J'ai cru que le vote des populations et les délibérations concordantes des conseils régionaux concernés avaient un sens. J'ai cru que les décisions de justice multiples et constantes, cela comptait. J'ai cru que les engagements de campagne d'un candidat à la présidence de la République, cela comptait. Eh bien, cela ne compte pas face à 200 ou 300 activistes ! Voilà la triste leçon de cette histoire. (Protestations sur les bancs du groupe REM.)

Monsieur le Premier ministre, vous avez décidé de jeter l'éponge. Vous abandonnez un projet qui touchait au but. La déclaration d'utilité publique date de 2013. Arrêtons de remonter quarante ou cinquante ans en arrière ! 2013, c'était il y a cinq ans.

Ce n'est pas la première fois que Paris abandonne les Bretons en rase campagne. (Exclamations sur les bancs du groupe REM. - Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

M. Thierry Benoit. C'est vrai !

M. Marc Le Fur. Mais chaque fois, cela laisse des traces. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LR.) Pourquoi, les Bretons et les populations de l'Ouest étaient-ils attachés à ce projet ? Parce qu'ils y voyaient le moyen d'avoir une connexion directe avec l'Europe entière sans passer par Paris. C'est cela dont on nous prive. Cette décision est une véritable gifle. On nous prive du droit au développement. (Protestations sur les bancs du groupe REM.)

Nous sommes désormais obligés d'admettre que le Gouvernement n'a pas de politique d'aménagement du territoire, parce qu'il ne respecte pas les territoires. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

M. Thierry Benoit. Très bien !

M. Marc Le Fur. Monsieur le Premier ministre, la triste leçon de cette histoire, c'est que tous ceux qui portent un projet, petit ou grand, savent désormais qu'ils ne pourront plus compter sur le soutien de l'État. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR et sur quelques bancs du groupe UAI.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le député, vous n'avez pas formulé de question, mais j'ai entendu à votre ton, et compte tenu de ce que vous disiez, la déception très grande qui est la vôtre. Je la comprends, car…

M. Christian Jacob. Il n'est pas le seul !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Laissez-moi répondre à M. le député Le Fur, s'il vous plaît.

Je la comprends, car vous avez longtemps soutenu ce projet, parce que, depuis longtemps, vous vous êtes engagé dans ce dossier. Nous avons eu l'occasion d'en discuter ensemble avant que je prenne ma décision.

Plus que de la déception, il y a de la colère, parce que ce projet auquel vous croyiez, vous considériez qu'il était faisable et bénéfique, non pas en lui-même, mais par ce qu'il produisait sur le Grand Ouest et plus précisément, puisque c'est en tant qu'élu breton que vous êtes intervenu, pour la Bretagne.

Compte tenu des éléments qui sont en ma possession, compte tenu de ce que j'ai déjà indiqué devant cette assemblée, j'ai considéré que ce projet devait être interrompu. C'est une décision que j'assume. Je ne me cache pas derrière mon petit doigt. J'ai essayé d'en donner les raisons. Je sais que, dans les jours et les semaines qui viendront, je devrai expliquer les motivations qui ont conduit le Gouvernement à prendre cette décision.

M. Michel Herbillon. Ce sera difficile !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Je tiens à vous dire, monsieur le député, que les sujets et les questionnements qui sous-tendent votre déception et peut-être votre colère demeurent. Le choix de la meilleure connexion de la Bretagne au reste du monde reste un sujet. Je pense - nous avons le droit d'être en désaccord - que nous pouvons répondre à ces besoins autrement que par Notre-Dame-des-Landes. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes REM et MODEM.)

M. Erwan Balanant. C'est une évidence !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Je pense que nous pouvons répondre à ces besoins, monsieur le député, en améliorant la desserte ferroviaire des grandes plates-formes aéroportuaires. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM.)

M. Pierre Cordier. Avec des trains en retard ?

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Je pense que nous pouvons répondre à cette question en améliorant la desserte routière. (« C'est une blague ! » sur les bancs du groupe LR.) Je pense, monsieur le député, qu'en travaillant, nous pouvons apporter des réponses efficaces à la question réelle que vous posez.

Et, puisque vous avez commencé votre intervention en indiquant – et je sais que c'est vrai – que vous croyez au droit et au respect de la règle, je ne pense pas que ce soit un sentiment soudain. Je pense que, depuis longtemps, vous croyez au droit et au respect de la règle de droit. Donc je pense qu'au moins depuis 2005,…

M. Claude Goasguen. 2013 !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …vous vous offusquez de ce que, sur cette zone de Notre-Dame-des-Landes, sur ce projet que vous soutenez, depuis 2005,…

M. Christian Jacob. 2013 !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …il y ait des occupations illégales. Depuis 2007 (« 2013 ! » sur les bancs du groupe LR), il y a des squats. Depuis 2008 et 2009, il y a des violences, des occupations illégales. Et depuis 2012, il n'a pas été possible de faire prévaloir la loi. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes REM, MODEM et UAI.)

Je pense, monsieur le député, que cela aussi vous agace, ou plutôt je le sais. Je veux faire rentrer ce projet dans le droit. Je veux faire en sorte que nous puissions penser la mobilité et le développement du Grand Ouest autrement. (De nombreux députés des groupes REM, MODEM et UAI se lèvent et applaudissent longuement.)

M. Christian Jacob. Qu'en pense M. Valls ?

Données clés

Auteur : M. Marc Le Fur

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Transports aériens

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 18 janvier 2018

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