Politique sanitaire
Question de :
M. Loïc Prud'homme
Gironde (3e circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 16 février 2022
POLITIQUE SANITAIRE
M. le président. La parole est à M. Loïc Prud'homme.
M. Loïc Prud'homme. Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, aujourd’hui, plus de 4 millions de Français perdent leur passe sanitaire, faute d'avoir le passe vaccinal que vous avez mis en place le 15 février non pour une quelconque utilité contre la pandémie mais bien pour les « emmerder ». Sans aucun argument sanitaire, vous condamnez les Français à un isolement social. Vous utilisez cette crise pour semer le chaos. Il suffit de voir les exploits du week-end du préfet éborgneur Lallement en répression des convois de la liberté. Sans aucun argument sanitaire, vous tenez la carotte des allègements de restrictions pour en faire une utilisation électoraliste à quelques jours du scrutin présidentiel.
M. Pierre Cordier. Eh oui !
M. Loïc Prud'homme. Tout cela est abject, abject et odieux, car tous ces passes pseudo-sanitaires nous auront coûté 25 millions d’euros en cabinets de conseil, que vous continuez de solliciter pour savoir quoi penser d'omicron, ou plutôt savoir comment servir le candidat Macron.
Ces millions d’argent public manquent cruellement, car de votre politique sanitaire aberrante nous voyons les effets chaque jour sur le terrain. Chez moi, en Gironde, vous maintenez le projet de fermeture de l’hôpital d’instruction des armées Robert-Picqué, alors que cet établissement, qui soigne des civils, a été d’un renfort précieux lors de la première vague en 2020 pour ouvrir des lits de réanimation, ainsi que pour la campagne vaccinale récente.
La réalité de votre nullité sanitaire, c’est maintenant le centre hospitalier universitaire (CHU) de Bordeaux obligé de recevoir les patients aux urgences dans des tentes de fortune car, depuis cinq ans, vous n’avez cessé de retirer à l’hôpital public des moyens financiers, matériels et humains. Les soignants aujourd’hui ont honte de la façon dont ils soignent ou essaient de soigner leurs patients. Aujourd’hui, les pertes de chance à l’hôpital de Bordeaux, c’est une personne sur cinq : une personne sur cinq repartira plus malade qu’à son arrivée, voire décédera dans les couloirs des urgences. Ce sont les soignants qui le disent.
Monsieur le ministre, quand allez-vous cesser d’utiliser notre argent pour payer McKinsey ? Quand allez-vous enfin cesser de faire de notre santé un marché et mettre les moyens indispensables dans l’hôpital public ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe FI.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Nous aurons attendu longtemps mais je pense que vous avez mérité l'Oscar de la meilleure question FI de l'année. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.) C'est un pot-pourri de toutes vos prises de position les plus incorrectes depuis deux ans dans cette crise sanitaire. Il y en a eu pour tout le monde, sauf pour les malades et les morts.
Vous dites que le passe vaccinal est inutile, que les mesures sanitaires ont un objectif politique. Pardonnez-moi mais vous devriez avoir honte. (Mêmes mouvements.)
M. Hervé Berville. Bravo !
M. Loïc Prud'homme. C'est vous qui devriez avoir honte !
M. Olivier Véran, ministre . On peut être pour ou contre, mais je suis à peu près sûr que vous êtes vacciné vous-même,…
Un député du groupe LaREM. Bien sûr !
M. Olivier Véran, ministre . …vous disposez probablement d'un passe vous-même, mais vous êtes en train de dire à ceux qui n'en veulent pas : « Vous avez sans doute raison de ne pas le vouloir. » Mettez-vous en conformité avec les convictions que vous défendez dans cette assemblée et cessez de dire aux Français qui se protègent qu'ils ont tort de le faire, cessez de dire au Gouvernement, qui sauve des vies, protège les hôpitaux et soutient nos soignants, tout en préservant l'économie, qu'il le fait dans des buts électoralistes. Tout le monde ne raisonne pas comme vous. C'est peut-être une chance pour le pays et une malchance pour vous. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM. – M. Erwan Balanant applaudit également.)
Auteur : M. Loïc Prud'homme
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Solidarités et santé
Ministère répondant : Solidarités et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 février 2022