15ème législature

Question N° 597
de M. Cédric Villani (La République en Marche - Essonne )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Éducation nationale
Ministère attributaire > Éducation nationale

Rubrique > enseignement

Titre > rapport sur l'enseignement des mathématiques

Question publiée au JO le : 15/02/2018
Réponse publiée au JO le : 15/02/2018 page : 1130

Texte de la question

Texte de la réponse

RAPPORT SUR L'ENSEIGNEMENT DES MATHÉMATIQUES


M. le président. La parole est à M. Cédric Villani, pour le groupe La République en marche.

M. Cédric Villani. Monsieur le président, mes chers collègues, monsieur le ministre de l'éducation nationale, en octobre dernier, vous avez confié une mission à Charles Torossian, inspecteur général de l'éducation nationale, et à moi-même, pour aborder en face la question très préoccupante de notre enseignement mathématique.

Comme vous le savez, les évaluations internationales concordent pour attribuer aux jeunes Français, en moyenne, les pires résultats de toute l'OCDE en mathématique. Cette situation, qui s'est nettement dégradée ces vingt dernières années, est inquiétante pour l'avenir de notre nation, à l'heure où les mathématiques jouent un rôle plus important que jamais dans l'économie et, plus largement, dans la société.

Ces résultats sont particulièrement vexants au pays de Pascal, Galois et Poincaré, qui s'enorgueillit encore aujourd'hui d'une communauté de recherche mathématique nombreuse, reconnue internationalement comme l'une des deux ou trois meilleures du monde. Et surtout, ces résultats traduisent la souffrance de jeunes en situation d'échec et d'enseignants qui désespèrent d'accomplir leur vocation.

Au cours de cette mission, réalisée avec tout un groupe d'experts motivés, nourrie de quantité de contributions, nous avons été choqués par la gravité de la situation, mais nous avons aussi été réconfortés par le consensus des acteurs, et la richesse des initiatives.

Lundi dernier, nous vous avons rendu nos conclusions : un constat sans fard des manquements du système, et vingt-et-une propositions pour y remédier en profondeur. Elles touchent en premier lieu la formation initiale et la formation continue de nos enseignants, et plus généralement le nécessaire renforcement de l'encadrement humain, partout sur le territoire.

Elles traitent en second lieu du respect des bons équilibres du cours de mathématiques, entre sens et technique, entre plaisir et effort, entre manipulation, représentation et conceptualisation, ainsi que ses rapports avec d'autres disciplines comme la physique et l'informatique.

Elles se rapportent enfin à tout ce qui peut enrichir les cours dans le fond, la forme et la motivation : activités périscolaires, jeux, clubs, concours, logiciels, actions de perfectionnement.

Monsieur le ministre, maintenant que vous avez notre diagnostic et nos recommandations, que comptez-vous mettre en œuvre ? L'État se donnera-t-il les moyens de répondre à cette situation de crise ? (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM et sur quelques bancs des groupes LR et UDI-Agir.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale. Monsieur le député, la France est une grande nation mathématiques, vous en êtes une superbe illustration, et je voudrais tout d'abord vous remercier pour le rapport que vous avez rédigé avec l'inspecteur général, M. Charles Torossian. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM, MODEM et UDI-Agir ainsi que sur quelques bancs des groupes LR et NG.)

C'est un travail extraordinaire, que chacun peut consulter sur le site de notre ministère. Chacune des vingt-et-une recommandations préconisées sera retenue, car elles répondent exactement à nos besoins.

Tout d'abord, en effet, elles peuvent faire consensus. L'ensemble des diagnostics se rejoignent aujourd'hui. Nous devons agir au niveau de la formation des professeurs, qui évoluera dès la rentrée prochaine, qu'il s'agisse de la formation initiale ou de la formation continue.

Nous agirons au niveau de la pédagogie, en établissant des repères annuels à l'école primaire, qui tiendront compte de vos recommandations relatives à une pédagogie explicite, qui mêle plaisir et exigence, ce dont nous avons besoin aujourd'hui.

Nous nous appuierons également sur vos remarques pour mener la réforme du baccalauréat, que nous venons d'évoquer. Nous créerons une option « mathématiques expertes », conformément à vos suggestions, pour permettre aux élèves qui le souhaitent d'approfondir l'étude des mathématiques bien plus que ce qui est proposé aujourd'hui, ce qui leur permettra d'être mieux préparés aux études scientifiques auxquelles ils se destinent.

Nous ouvrirons également une option « mathématiques complémentaires » pour les élèves qui ne choisiront pas les mathématiques en spécialité, mais qui en auraient besoin en complément – beaucoup de disciplines pourraient être concernées.

Les mathématiques seront au cœur du rebond pédagogique dont nous avons besoin, mais aussi de notre nouvelle organisation en réseau, sur l'ensemble du territoire, selon les préconisations du rapport. Nous favoriserons ainsi un élan démocratique de façon à ce que l'excellence mathématique d'une certaine élite intellectuelle française soit une excellence pour tous.

Nous avons besoin d'élèves qui sachent lire, écrire et compter. (Applaudissements sur les bancs du groupe REM.)