15ème législature

Question N° 604
de Mme Caroline Fiat (La France insoumise - Meurthe-et-Moselle )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transition écologique et solidaire (Mme Poirson, SE auprès du ministre d'État)
Ministère attributaire > Transition écologique et solidaire (Mme Poirson, SE auprès du ministre d'État)

Rubrique > énergie et carburants

Titre > gestion des déchets nucléaires

Question publiée au JO le : 15/02/2018
Réponse publiée au JO le : 15/02/2018 page : 1135

Texte de la question

Texte de la réponse

GESTION DES DÉCHETS NUCLÉAIRES


M. le président. La parole est à Mme Caroline Fiat, pour le groupe La France insoumise.

Mme Caroline Fiat. Monsieur le Premier ministre, M. Hulot a exprimé, par le passé, des positions clairement hostiles à l'énergie nucléaire. Les arguments raisonnables qu'il avançait alors n'ont rien perdu de leur pertinence.

Nous avons appris hier, grâce au site d'information Reporterre, qu'EDF souhaite construire une piscine d'entreposage de déchets nucléaires à Belleville-sur-Loire. Cet équipement pourra accueillir entre 6 000 et 8 000 tonnes de métal lourd irradié, et personne n'en a pour l'heure été informé, ni localement, ni au niveau national.

Et pour cause ! Qui dit nucléaire dit opacité. Qui dit nucléaire dit absence de débat public. Qui dit nucléaire dit hostilité profonde à la transparence démocratique. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

Avec la France insoumise, nous vous suggérons, avant de laisser planifier des projets gigantesques de cet ordre, de rendre publique la carte des sites d'enfouissement des déchets nucléaires, sous la terre comme en mer.

La folie de l'énergie nucléaire, c'est l'impossibilité dans laquelle nous nous trouvons d'apporter une solution à la production massive de déchets radioactifs. Dans des conditions de sécurité douteuses, nous en entreposons des milliers de tonnes. Un accident grave sur une piscine d'une telle importance aurait des conséquences désastreuses pour le pays.

Pendant ce temps, vous continuez de persécuter les opposants au projet Cigéo – centre industriel de stockage géologique – à Bure, qui mettent pourtant en lumière un problème que tout le pays doit regarder avec attention. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.) Vous traitez des lanceurs d'alerte comme des malfaiteurs. Non contents de suivre le dogme de l'opacité nucléaire, vous le doublez d'une persécution indigne contre les partisans du débat public et de la démocratie.

Mme Danièle Obono. Exactement !

Mme Caroline Fiat. Un opposant de Bure s'est trouvé privé, par la gendarmerie, d'un câble électrique, de deux opinels et d'une pelle à tarte. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – Sourires sur divers bancs.) Il va être jugé pour port d'armes. C'est une honte ! L'État se ridiculise pitoyablement à cette occasion.

À quand un vrai débat transparent sur la gestion des déchets nucléaires ? À quand la protection des lanceurs d'alerte de Bure ?

Mme Émilie Bonnivard. Quel populisme !

Mme Caroline Fiat. À quand la sortie planifiée de cette énergie du passé ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

Mme Elsa Faucillon. Très bien !

M. Laurent Furst. Interdisez les pelles à tarte !

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Madame la députée, la France a besoin de l'énergie nucléaire, cela est une réalité. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes REM et LR. – « Non ! » sur les bancs du groupe FI.) Il s'agit d'une priorité en termes de sécurité d'approvisionnement.

Cependant, depuis le début, nous avons été très clairs : nous entendons réduire la part de l'énergie nucléaire dans le mix énergétique français, mais nous voulons le faire avec sincérité, sans mentir aux Français, sans mentir aux générations futures. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.) Cela suppose de se poser les vraies questions, parce que nous le devons aux générations futures. C'est ce que nous avons commencé à faire, notamment dans le cadre de notre travail sur la programmation pluriannuelle de l'énergie. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe REM.) Je vous invite à y participer et à y contribuer de façon constructive, de même qu'à trouver des solutions sur vos territoires et à nous aider à développer les énergies renouvelables.

M. Bastien Lachaud et M. Loïc Prud'homme . La question !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État . C'est de cela que nous avons besoin.

Je ne vous laisserai pas dire, madame la députée, que l'État n'accompagne pas les territoires.

M. Éric Coquerel. Vous ne répondez pas à la question !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État . Mon collègue Sébastien Lecornu s'est rendu à Bure. Vous savez qu'un comité est en train d'être mis en place pour suivre la réalisation de ce projet. Là encore, il s'agit de prendre nos responsabilités vis-à-vis des générations futures. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe REM.)

M. Christian Jacob. Vous devriez parler plus fort encore !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État . Depuis des années et même des décennies, nous avons exploré toutes les solutions au stockage des déchets.

M. Jean-Luc Mélenchon. Moins fort ! Calmez-vous !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État . Certes, la réalité est triste : nous avons des déchets radioactifs à gérer.

Mme Caroline Fiat. Répondez à ma question !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État . La « moins pire » des solutions – j'assume cette expression – est celle que nous avons trouvée à Cigéo. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes REM et LR. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.) Mais cette solution est adaptable et réversible : c'est à cela que nous travaillons. Si des développements technologiques se font… (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

Messieurs les députés de l'opposition, un peu plus d'intérêt pour cette question essentielle serait bienvenu ! (Vives protestations sur les bancs du groupe LR.) Et un peu moins de machisme ! (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM. – Exclamations persistantes sur les bancs du groupe LR.)

M. Pierre Cordier. Mais vous parlez si fort qu'on ne comprend rien !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État . L'État accompagne les territoires, et je vous interdis de dire le contraire. Vous avez vu la façon dont nous avons proposé…

Plusieurs députés du groupe LR . Votre temps de parole est écoulé !

M. le président. Merci, madame la secrétaire d'État. (Mmes et MM. les députés des groupes REM et MODEM se lèvent et applaudissent. – Exclamations sur les bancs des groupes LR et FI.)

M. le président. Mes chers collègues, un peu de calme !