avenir de l'Europe
Question de :
M. Dominique Potier
Meurthe-et-Moselle (5e circonscription) - Nouvelle Gauche
Question posée en séance, et publiée le 7 mars 2018
AVENIR DE L'EUROPE
Mme la présidente. La parole est à M. Dominique Potier, pour le groupe Nouvelle Gauche.
M. Dominique Potier. Monsieur le Premier ministre, je voudrais d'abord dire à mon collègue du groupe REM qui vient de poser une question sur l'Europe et les élections italiennes que notre parti ne souhaite donner de conseils à personne et que les Français n'ont pas de leçons à donner aux Italiens. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
Je voudrais rendre hommage aux Italiens qui ont partagé leur pain, donné leur gîte et tendu la main pour sauver des vies, à tous ces enfants de Primo Levi qui ont sauvé des vies et l'honneur de l'Europe. (Applaudissements sur tous les bancs.)
Hongrie 2014, Pologne 2015, Royaume-Uni 2016, Autriche 2017, Italie aujourd'hui, combien d'alertes faudra-t-il ? Les Européens ont-ils vocation à être les idiots utiles de la mondialisation ? Pouvons-nous retrouver l'esprit des fondateurs, Alcide de Gasperi, Konrad Adenauer, Robert Schuman, pour donner un nouveau souffle et une nouvelle espérance à cette Europe ? Qu'elle ne se paie pas de mots, mais qu'elle entame une véritable révolution, celle de la justice ici et au bout du monde, celle de la fin des paradis fiscaux, celle de l'engagement pour un modèle d'entreprise qui n'emprunte pas au néolibéralisme anglo-saxon ni au capitalisme d'État asiatique, celle qui invente un mode de codéveloppement avec l'Afrique parce que les réponses aux flux migratoires ne seront pas que sécuritaires ou humanitaires, mais reposeront aussi sur le codéveloppement. De Gasperi dirait aujourd'hui que la Méditerranée est la nouvelle frontière de la paix, et nous devons nous y engager pleinement.
La génération qui vient, monsieur le Premier ministre, n'attend pas de choisir entre l'enracinement et l'universel, elle entend porter complètement les valeurs des racines européennes et les valeurs universelles. Elle a vocation à s'engager. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe NG.)
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre chargée des affaires européennes.
Mme Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes. Monsieur le député, je partage entièrement votre diagnostic. Ce qui s'est passé en Italie dimanche dernier et ce qui se passe partout à travers le continent à l'heure actuelle, ce n'est pas une envie de moins d'Europe, ce n'est pas un rejet de l'Europe (Exclamations sur les bancs du groupe LR) ; c'est l'envie d'une Europe différente,…
Mme Danièle Obono. Sans les traités !
Mme Nathalie Loiseau, ministre. …d'une Europe qui réponde à l'idéal de ses valeurs fondatrices et d'une Europe qui sache davantage qu'à présent protéger ses citoyens. C'est une Europe qui, après le projet de ses fondateurs de ramener la paix et la réconciliation sur le continent, et après la réussite de la réunification entre l'Est et l'Ouest, doit être aujourd'hui capable de démontrer qu'elle sait humaniser la mondialisation.
C'est ce que le Président de la République a proposé à l'ensemble des chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne dans le discours de la Sorbonne, en mettant en avant l'agenda d'une Europe qui protège, d'une Europe toujours ouverte aux avancées commerciales mais moins naïve et plus capable de protéger ses entreprises, d'une Europe qui sache faire face à des flux migratoires avec davantage d'humanité et de responsabilité, d'une Europe qui sache accompagner la transition écologique, d'une Europe qui sache apporter à la transition numérique davantage de protections, par exemple sur les libertés et les données personnelles.
M. Aurélien Pradié. Le monde des Bisounours !
Mme Nathalie Loiseau, ministre. Bref, une Europe qui relève le défi des attentes toujours plus fortes des Européens et qui sache être à la hauteur de leurs demandes.
M. Fabien Di Filippo. Vous n'avez rien dit !
Auteur : M. Dominique Potier
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Union européenne
Ministère interrogé : Affaires européennes
Ministère répondant : Affaires européennes
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 7 mars 2018