Rubrique > santé
Titre > Difficultés de la politique vaccinale en France
Mme Caroline Janvier interroge Mme la ministre des solidarités et de la santé sur les difficultés de la politique vaccinale en France. Le combat de Mme la ministre et du Gouvernement relatif à l'extension de la vaccination obligatoire à onze vaccins va dans le bon sens et l'histoire en attestera. La situation est aujourd'hui préoccupante : le rapport annuel de la Cour des comptes s'est effectivement penché sur les causes de la chute de la pratique vaccinale en France. Dans le baromètre annuel LEEM/IPSOS, seulement 69 % des Français accordent leur confiance aux vaccins, contre 73 % pour l'homéopathie. Au-delà des réticences de certaines familles, par crainte notamment d'effets secondaires, par exemple des adjuvants aluminiques, le rapport démontre que les efforts de l'administration et de ses institutions rattachées doivent être accentués. Le système souffre, aux yeux des acteurs concernés, d'une grande complexité. Le calendrier vaccinal, passé de 4 pages en 2002 à 64 pages en 2017, est difficilement compréhensible pour les patients et complexe aux yeux des médecins eux-mêmes. La coexistence de vaccins obligatoires et recommandés génère une certaine confusion, les derniers étant perçus comme moins importants. Les campagnes de prévention menées par l'État, par les Agences régionales de santé ou les autres départements ministériels comme le ministère de l'éducation nationale, restent trop concentrées autour de la semaine européenne de la vaccination et pourraient être élargies. Du côté des praticiens, un effort pourrait être aussi porté sur leur rôle de prescripteurs : les dispositifs d'encouragement des médecins à vacciner, comme la rémunération sur objectifs de santé publique des médecins libéraux mis en place en 2011, s'avèrent moins efficace que prévu. Les chiffres le montrent, la couverture vaccinale stagne. La part des seniors vaccinés contre la grippe plafonne à 52,7 % alors que l'objectif était de 73 %. À l'école, le manque de médecins scolaires peut expliquer les faiblesses de l'action vaccinale préventive. Autant de facteurs qui doivent mobiliser les pouvoirs publics sur les efforts qui sont à accomplir afin de construire une véritable politique publique de la vaccination. Les infirmières ont un rôle important à jouer en ce domaine. Si l'on prend l'exemple de la grippe, la possibilité de vacciner sans prescription médicale, sauf pour la primo-vaccination, a permis la vaccination de plus d'un million de personnes lors de la dernière campagne. Cependant, un décret d'application n° 2008-877 vient poser des limites drastiques à leur possibilité d'action. Au regard de leurs compétences, elles pourraient avoir toute latitude pour contribuer au bon déroulement de notre politique vaccinale. Elle souhaiterait savoir ce qui pourrait être entrepris pour faire progresser la couverture vaccinale et, plus globalement, pour faire progresser l'opinion qu'entretiennent les Français sur les vaccins et leur réelle efficacité, passée et future.