15ème législature

Question N° 693
de Mme Mathilde Panot (La France insoumise - Val-de-Marne )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transition écologique et solidaire
Ministère attributaire > Transition écologique et solidaire

Rubrique > énergie et carburants

Titre > sortie nucléaire

Question publiée au JO le : 15/03/2018
Réponse publiée au JO le : 15/03/2018 page : 1790

Texte de la question

Texte de la réponse

SORTIE DU NUCLÉAIRE


M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot, pour le groupe La France insoumise.

Mme Mathilde Panot. Monsieur le ministre de la transition écologique et solidaire, quel dommage que vous ne soyez pas en Inde aux côtés du Président de la République ! Vous auriez pu nous donner des informations de première main sur la vente de six réacteurs EPR à ce pays. Mieux, vous auriez sans doute pu indiquer à M. Macron que l'EPR est un désastre. À Flamanville, sa construction a pris un retard considérable et ses coûts ont explosé. Il devait coûter trois milliards ; il en coûtera bientôt plus de dix. Bravo, la technologie performante !

Le scandale industriel autour des cuves défectueuses fabriquées par Creusot Forge n'a toujours pas été élucidé. Allez-vous faire fabriquer les mêmes cuves pour les Indiens ?

Quel dommage, monsieur le ministre, que vous n'ayez pas pu souffler à l'oreille de M. Macron ce que vous avez dit hier sur France Inter : que « l'énergie nucléaire n'est pas une énergie d'avenir ». Qui pourrait penser, en effet, étant donné la dépendance à l'uranium, la dangerosité des installations, la durée de vie colossale des déchets, le gouffre financier qu'elle représente, que l'énergie nucléaire est une énergie d'avenir ?

M. Pierre Cordier. On va rouvrir les centrales à charbon, c'est mieux !

Mme Mathilde Panot. Il semblerait que le Président soit aveugle à ces évidences. Au lieu d'en prendre conscience, il va jouer au représentant commercial en nucléaire à l'international.

M. Fabien Di Filippo. Il va surtout voir le Taj Mahal !

Mme Mathilde Panot. N'avez-vous donc rien retenu de la catastrophe de Fukushima pour participer à la construction de la plus grande centrale au monde, qui plus est sur une zone sismique ? L'ancien Premier ministre japonais Naoto Kan, présent en ce moment en France, aurait pu vous expliquer, si vous l'aviez rencontré, les conséquences d'une telle catastrophe et la manière dont nous sommes passés tout près du déplacement de 50 millions de japonais pendant trente à cinquante ans.

La transition énergétique doit avoir pour objectif la sortie des énergies nucléaire et carbonées. Elle doit, pour cela, faire passer le renouvelable avant l'atome.

Vous savez, monsieur le ministre, que La France insoumise organise une votation citoyenne dans tout le pays sur la sortie du nucléaire. La question posée est claire : « Êtes-vous favorable à la sortie du nucléaire ? » Monsieur le ministre, irez-vous voter pour faire pression sur le reste de l'exécutif et être en accord avec les propos que vous avez tenus hier ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

Mme Elsa Faucillon. Très bien !

M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

M. Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Madame Batho(« Panot ! » sur les bancs du groupe FI) – Panot, excusez-moi –,…

Mme Danièle Obono. Vous devriez le savoir, maintenant !

M. Nicolas Hulot, ministre d'État. …il ne vous aura pas échappé que le sujet du nucléaire n'est pas de nature à apaiser les discussions sur la politique énergétique de la France.

Tout d'abord, je suis très content que vous engagiez une consultation citoyenne sur l'énergie en général et peut-être sur le nucléaire en particulier, en formant le vœu que la programmation pluriannuelle de l'énergie ne se limite pas à un procès de la filière nucléaire.

Il y a un point sur lequel nous pouvons tous nous retrouver, et vous le savez très bien. Vous souhaitez sortir du nucléaire ; commençons donc par atteindre la première étape, sur laquelle nous pouvons tous nous rejoindre et retrouver notre liberté de choix : parvenir à ce que l'énergie nucléaire représente 50 % de notre production d'électricité. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes REM et MODEM.)

M. Fabien Di Filippo. En quelle année ?

M. Nicolas Hulot, ministre d'État . Si nous atteignons cette étape, peut-être pourrons-nous – je le souhaite – aller plus loin.

Vous m'interrogez sur la vente de réacteurs nucléaires à l'Inde. Elle ne m'a pas échappé, mais, pardon de vous le dire, j'ai déjà assez à faire avec la politique énergétique de la France pour ne pas me mêler de la politique énergétique de l'Inde ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe REM.)

Mme Danièle Obono. C'est quand même de votre responsabilité puisque nous leur vendons des EPR !

M. Pierre Cordier. Ce n'était pas la question !

M. Nicolas Hulot, ministre d'État . Cet événement ne me réjouit pas, forcément. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.) Mais ce qui me réjouit en Inde, excusez-moi de vous le dire, c'est qu'au total on y développe quatre fois plus d'énergies renouvelables que d'énergie nucléaire ! (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes REM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)

Le basculement a donc eu lieu ; l'histoire est en marche. Accompagnons-la, accueillons-la, organisons-la. J'espère que, ensemble, nous pourrons nous accorder sur cet objectif. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)