15ème législature

Question N° 699
de Mme Josette Manin (Nouvelle Gauche - Martinique )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Éducation nationale
Ministère attributaire > Éducation nationale

Rubrique > outre-mer

Titre > situation de l'enseignement scolaire en Martinique

Question publiée au JO le : 15/03/2018
Réponse publiée au JO le : 15/03/2018 page : 1795

Texte de la question

Texte de la réponse

SITUATION DE L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE EN MARTINIQUE


M. le président. La parole est à Mme Josette Manin, pour le groupe Nouvelle Gauche.

Mme Josette Manin. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale ; j'y associe mon collègue Serge Letchimy.

Monsieur le ministre, deux minutes ne suffiront pas pour décrire la colère qui gronde à la Martinique au vu du nombre de collèges et de lycées fermés ou bloqués depuis quelques semaines. J'en citerai certains : le lycée polyvalent de Bellefontaine, le lycée général et technologique et le collège Rose Saint Just de La Trinité, les collèges Aimé Césaire et Perrinon de Fort-de-France, le collège Adenet du François, et j'en passe. L'annonce de la fermeture de plusieurs classes à la rentrée prochaine a causé un grand émoi chez le personnel éducatif, et provoqué la colère et la mobilisation des syndicats et des parents.

Votre ministère évoque la baisse du nombre d'élèves de l'académie, du fait de la chute démographique observée dans l'île, et entend retranscrire les choix budgétaires du Gouvernement par la suppression de cinquante-sept postes d'enseignants – entraînant, par ricochet, la fermeture de quarante-cinq classes. Je rappelle que chaque année, depuis plus de dix ans, le ministère de l'éducation nationale supprime des postes dans notre territoire. Au total, 950 postes ont disparu, alors même que les chiffres du décrochage et du nombre d'élèves en difficultés scolaires sont au plus haut, avec 20 % des établissements en éducation prioritaire contre 10 % au niveau national.

Je vous fais grâce des difficultés sociales qui s'ajoutent à ces problèmes. L'éducation ne peut être soumise à de simples calculs budgétaires, pas plus en Martinique que dans n'importe quel territoire de la France. Les suppressions de postes sur le territoire martiniquais ne feront qu'accentuer le désespoir et la déshérence de notre jeunesse. L'école de la République devrait pourtant être le moteur de leur ascension sociale !

Monsieur le ministre, renoncez à cette politique de suppressions massives de postes dans l'enseignement, et donnez au recteur d'académie nouvellement nommé les moyens qui lui permettront de répondre aux besoins de la communauté scolaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe NG.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale. Madame la députée, je vous remercie pour cette question sur la Martinique. C'est l'occasion de parler d'un territoire auquel j'accorde une grande attention, et où je me suis rendu avec le Premier ministre en novembre dernier, afin d'examiner précisément les conditions de la prochaine rentrée scolaire.

Vous l'avez rappelé : en raison de l'évolution démographique de la Martinique, il y a d'année en année moins d'élèves, et les précédents gouvernements ont déjà procédé à des suppressions de postes, dans le second degré et parfois même dans le premier degré. Je n'ai aucun mal à renoncer à d'éventuelles suppressions de poste dans le premier degré : il y aura même, à la rentrée prochaine, dans l'académie de Martinique comme dans d'autres académies, des créations de poste dans le premier degré.

Mme Agnès Thill. Très bien !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Voici les chiffres : il y a 1 107 élèves en moins dans le premier degré, mais il y aura 11 postes supplémentaires à la rentrée prochaine. L'académie de Martinique aura ainsi le meilleur taux d'encadrement de toutes les académies de France.

M. David Habib. Alors tout va bien ? C'est incroyable !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Il y aura par ailleurs trente-cinq dédoublements de classes de cours préparatoire – CP – dans les réseaux d'éducation prioritaire – REP – et dix dédoublements de classes de cours élémentaire première année – CE1 – dans les réseaux d'éducation prioritaire renforcés – REP+.

M. David Habib. Vous ne croyez même pas à ce que vous dites !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Si, j'y crois ! Je le répète : en Martinique, nous créons des postes dans le premier degré, et les suppressions dans le second degré sont bien moindres qu'au cours des années précédentes. Ce qui compte, maintenant, ce sont les enjeux qualitatifs. C'est ce que j'ai constaté lorsque j'ai visité l'académie de Martinique ; c'est crucial pour les élèves qui passent le baccalauréat général, afin qu'ils réussissent leur entrée dans l'enseignement supérieur, et pour les élèves qui passent un baccalauréat professionnel, afin qu'ils réussissent leur insertion professionnelle.

Dans les mois et les années à venir, nous allons donc renforcer le second degré sur le plan qualitatif, avec des formations propres à assurer l'insertion des élèves. C'est le sens de la politique menée par le nouveau recteur, Pascal Jan, que vous avez cité. Je suis optimiste pour la Martinique, et prêt à travailler avec vous pour dessiner ensemble l'avenir de cette académie. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes REM et MODEM.)