15ème législature

Question N° 719
de Mme Frédérique Tuffnell (La République en Marche - Charente-Maritime )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transition écologique et solidaire
Ministère attributaire > Transition écologique et solidaire

Rubrique > biodiversité

Titre > disparition des oiseaux

Question publiée au JO le : 22/03/2018
Réponse publiée au JO le : 22/03/2018 page : 1896

Texte de la question

Texte de la réponse

DISPARITION DES OISEAUX


M. le président. La parole est à Mme Frédérique Tuffnell, pour le groupe La République en marche.

Mme Frédérique Tuffnell. Monsieur le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, en à peine quinze ans, un tiers des oiseaux ont disparu des campagnes françaises. Les journaux se sont emparés hier du sujet, mettant en avant deux études menées respectivement par le Muséum national d’histoire naturelle et le Centre national de la recherche scientifique – CNRS. Ces deux études constatent « une baisse vertigineuse » des populations d'oiseaux, notamment une chute très forte des populations d'alouettes – moins 35 % –, du pinson, de la perdrix, de la tourterelle, du merle et du pigeon ramier. La liste est longue. L'oiseau est un très bon indicateur de l'effondrement de la biodiversité, notamment parce qu'il est présent sous toutes les latitudes et dans tous les types de biotopes.

Les raisons principales de leur raréfaction sont connues : les chercheurs font ainsi remarquer que la disparition des espèces est corrélée à l'intensification de pratiques agricoles, à l'artificialisation des sols, à la diminution des prairies, des haies et des murets, qui sont des habitats précieux pour les oiseaux et les insectes dont ils se nourrissent.

Les oiseaux jouent pourtant un vrai rôle dans les écosystèmes : ils dispersent les graines, régulent les populations d'insectes et préviennent les dégâts causés par les ravageurs. Ils sont l'âme des milieux agricoles.

Si le déclin des oiseaux s'est accéléré ces vingt-cinq dernières années, il est encore possible d'enrayer cette dynamique. L'ouverture de nouveaux parcs nationaux, de réserves naturelles, la création de programmes comme Natura 2000 nous laissaient espérer que la chute de la biodiversité allait se stabiliser. Mais non : cette baisse catastrophique continue.

Dès aujourd'hui, il faut tendre vers des dispositifs plus respectueux de l'environnement. La reconquête de la biodiversité est une responsabilité collective : c'est un devoir qui incombe autant à l'État qu'aux collectivités et aux citoyens. C'est notre avenir qui est en jeu.

Monsieur le ministre d'État, sommes-nous capables de changer de paradigme et d'engager la France dans une transition écologique aussi ambitieuse que notre transition énergétique, ou sommes-nous condamnés à une succession de printemps silencieux ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs des groupes MODEM et UDI-Agir.)

M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

M. Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Madame la députée, on constate une diminution de 30 % du nombre d'oiseaux en France depuis quelques années, et de 80 % du nombre d'insectes à l'échelle européenne. La semaine dernière, le dernier grand rhinocéros blanc mâle du nord de l'Afrique a disparu. Cela ne provoque, chez moi, ni peine ni colère, mais de la honte. J'ai honte que nous portions la responsabilité de la sixième extinction de la biodiversité. Plus on réduit la biodiversité, plus on restreint nos options pour faire face à l'avenir. Il y a des tragédies invisibles et silencieuses dont on s'accommode tous les jours.

Je vous le dis franchement : tout seul, je n'y arriverai pas. Je vais vous présenter, dans les semaines qui viennent, un plan relatif à la biodiversité, qui succédera à la stratégie de la biodiversité. Mais, très sincèrement, tout le monde s'en fiche, hormis quelques-uns. Je voudrais constater un sursaut d'indignation et de réaction, parce que l'humanité a une communauté d'origine et de destin avec le vivant. J'ai besoin de chacun d'entre vous. (Mmes et MM. les députés des groupes LaREM et MODEM, ainsi que quelques députés des groupes UDI-Agir, NG et non inscrits, se lèvent et applaudissent. – Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques bancs du groupe LR.)