15ème législature

Question N° 774
de M. François Ruffin (La France insoumise - Somme )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transports
Ministère attributaire > Transports

Rubrique > transports ferroviaires

Titre > réforme de la SNCF

Question publiée au JO le : 04/04/2018
Réponse publiée au JO le : 04/04/2018 page : 2356

Texte de la question

Texte de la réponse

RÉFORME DE LA SNCF


M. le président. La parole est à M. François Ruffin, pour le groupe La France insoumise.

M. François Ruffin. Un contrôleur, dans le train, me disait : « Vous connaissez la blague de Coluche ? ». (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Erwan Balanant. La vraie vie de M. Ruffin !

M. François Ruffin. « Les technocrates, si on leur donnait le Sahara, dans cinq ans il faudrait qu'ils achètent du sable ailleurs ». Et il poursuivait : « Eh bien voilà, on a laissé la SNCF à des technocrates ; c'était une superbe entreprise, ils nous l'ont bousillée. » Madame Borne, en 1997, vous étiez conseillère en charge des transports auprès du Premier ministre. Avec ardeur, vous avez alors appliqué et surappliqué la directive européenne. Vous avez séparé le rail du réseau. Quels résultats a apporté cette réforme, qui est un peu la vôtre ? Une catastrophe bureaucratique, d'abord. Une entreprise désorganisée, à tel point qu’en 2014, une autre réforme est revenue en arrière et a de nouveau réuni RFF – Réseau ferré de France – et la SNCF. Surtout, le fret ferroviaire s'est cassé la figure. En vingt ans, le transport de marchandises par rail a été divisé par deux. La route écrase tout, et tant pis pour les gaz à effet de serre !

M. Éric Straumann. Il n'a pas tort !

M. François Ruffin. Enfin, la dette de SNCF Réseau a plus que doublé. Voilà votre bilan !

Malgré cet échec, que proposez-vous aujourd'hui ? On prend les mêmes remèdes et on recommence, cette fois pour les voyageurs. Ce week-end, j'ai lu votre texte de loi. Il contient quatre-vingt-six fois le mot « concurrence », quatre-vingt-six fois ! Mais zéro fois le mot « réchauffement », zéro fois le mot « climat », zéro fois le mot « biodiversité ». C'est dire le vide de votre projet pour notre pays : un dogme rabâché, « concurrence, concurrence, concurrence », mais sans vision, sans bonheur commun, sans avenir ensemble.

Après une visite à la Commission européenne, un agriculteur me confiait : « Ce sont les petits soldats de Milton Friedman. » Vous êtes, vous, les ventriloques de Bruxelles ! (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Vous répétez après eux : « concurrence, concurrence, concurrence libre et non faussée ». Et tant pis si, depuis vingt ans, ce dogme détruit notre agriculture, notre industrie, nos hôpitaux.

Un député du groupe MODEM . La question !

M. François Ruffin. Alors, je vous le demande, madame la ministre, quand abandonnerez-vous ce dogme pour nous offrir d'autres finalités, plus douces, plus tendres, plus humaines ? (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR.)

M. Jean Lassalle et M. Nicolas Dupont-Aignan . Très bien !

M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée des transports.

Mme Élisabeth Borne, ministre chargée des transports. Monsieur le député, je vous remercie de souligner que je connais le secteur ferroviaire. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM) C'est bien pour cela que je suis fière de porter cette réforme, dans l'intérêt du service public ferroviaire, de la SNCF et des cheminots. (Exclamations sur les bancs du groupe FI.)

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !

Mme Élisabeth Borne, ministre . Mais – et même si cela vous contrarie –, aujourd'hui, je pense d'abord aux usagers…

M. Éric Coquerel. Non, aux actionnaires !

Mme Élisabeth Borne, ministre . …qui ont galéré ce matin et qui galéreront à nouveau ce soir.

Qui peut comprendre que certains syndicats persistent à s'engager dans un conflit long et pénalisant (Exclamations prolongées sur les bancs du groupe FI)

M. Jean-Luc Mélenchon. C'est vous qui avez tout démoli !

Mme Élisabeth Borne, ministre . …alors que nous sommes à mi-chemin de la concertation, que le débat parlementaire démarre tout à l'heure en commission et que j'ai présenté des amendements, à la suite de la concertation, sur la concurrence…

M. François Ruffin. Concurrence, concurrence, concurrence, et à part ça, madame la ministre ?

Mme Élisabeth Borne, ministre . …en prenant en compte les propositions des syndicats qui n'en sont pas restés à des positions de principe – par exemple en privilégiant un transfert sur la base du volontariat ? Je vous le dis clairement : personne n'est dupe !

Mme Danièle Obono. Les usagers non plus ne sont pas dupes !

Mme Élisabeth Borne, ministre . Certains sont dans l'amalgame, peut-être même dans la revanche de l'élection présidentielle. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Ce n'est pas rendre service aux cheminots, qui se posent des questions légitimes, auxquelles il faut répondre sans détourner le débat, sans affirmer des contrevérités.

M. Thibault Bazin. On vous attend sur les petites lignes !

Mme Élisabeth Borne, ministre . Personne n'a rien à gagner à des contrevérités et des caricatures…

Mme Danièle Obono. Si, votre gouvernement !

M. Éric Coquerel. Vous ne proférez pas de contrevérités, mais des mensonges !

Mme Élisabeth Borne, ministre . …qu'il s'agisse de stigmatiser les cheminots ou de les inquiéter au profit d'un immobilisme dangereux pour tous. L'objectif du Gouvernement est simple : répondre aux attentes des Français, qui veulent un meilleur service public ferroviaire. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. André Chassaigne. C'est faux !