Question au Gouvernement n° 841 :
accord sur le nucléaire iranien

15e Législature

Question de : M. Alexis Corbière
Seine-Saint-Denis (7e circonscription) - La France insoumise

Question posée en séance, et publiée le 10 mai 2018


ACCORD SUR LE NUCLÉAIRE IRANIEN

M. le président. La parole est à M. Alexis Corbière, pour le groupe La France insoumise.

M. Alexis Corbière. Monsieur le Premier ministre, en décidant de retirer unilatéralement son pays de l’accord historique sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015, le président des États-Unis, M. Trump, n'est plus qu'un pyromane du Moyen-Orient, craquant une allumette au cœur même de la poudrière.

La France ne doit ni s'aligner sur cette trumpisation du monde, qui rompt avec les traités internationaux et les accords de Paris, ni s'associer à cette déstabilisation géopolitique aux motivations irresponsables. Les embrassades récentes entre M. Trump et M. Macron il y a quinze jours n'auront servi à rien puisque les cartes étaient de toute évidence tirées d'avance.

C'est manifestement pour satisfaire les demandes du Premier ministre israélien, M. Netanyahou, que cette décision a été prise, servant ainsi la volonté d'un gouvernement de plus en plus agressif et augmentant les tensions déjà nombreuses.

La boussole de notre diplomatie doit être l'indépendance de la France mise au service de la paix internationale. Je rappelle que le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique a affirmé à plusieurs reprises que l'Iran respectait scrupuleusement cet accord.

Un autre enjeu capital est la sauvegarde des intérêts économiques de nos entreprises implantées en Iran, comme Renault et Airbus, qui sont bénéfiques pour nos deux pays. Ce n'est pas à Washington de décider avec qui nos entreprises ont des relations économiques. C’est comme si la France interdisait à Boeing de vendre des avions quelque part. On croit rêver ! Sauf que c’est en réalité un cauchemar qui s'annonce.

M. Aurélien Pradié. Oui, ça ressemble à l'URSS !

M. Alexis Corbière. Nous devons donc rester dans l'accord pour maintenir la paix. C'est pourquoi nous proposons de sortir de l'OTAN, et pour commencer de son commandement intégré, pour ne pas être aspirés dans une logique de guerre. (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR et parmi les députés non inscrits.) Cette situation rappelle également l'impérieuse nécessité de cesser la vente d'armes à l'Arabie saoudite, alliée des États-Unis et oppresseur du peuple yéménite, ainsi qu'à d'autres pays dont l'activité militaire contribue à l'escalade des tensions au Moyen-Orient.

Monsieur le Premier ministre, allez-vous sortir de l'OTAN ? Allez-vous, au-delà des paroles, cesser d'aligner la France sur la diplomatie des États-Unis ? Que comptez-vous faire sur le plan diplomatique pour préserver l'accord sur le nucléaire avec l'Iran…

M. le président. Merci, monsieur le député…

M. Alexis Corbière. …et refuser que M. Trump façonne un nouvel ordre mondial, menaçant la paix dans le monde ? (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le député, comme je l'ai dit il y a un instant, la France regrette la décision du président Trump, avec laquelle elle est en désaccord profond. Cette décision rompt avec deux principes importants des relations internationales : d'abord le respect de la parole donnée, lorsque les accords sont respectés par les parties – c'est le cas, vous l'avez souligné et je le constate également ; ensuite avec le principe de la non-prolifération, validé par l'ensemble de la communauté internationale.

La France, monsieur le député, restera dans l'accord et continuera pour sa part à l'appliquer tant que l'Iran en respectera intégralement les termes. Cette position est également celle des Européens. Pour nous, donc, l'accord n'est pas mort. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

Nous demandons simplement à l'Iran trois choses : faire preuve de retenue et de responsabilité – je constate que les premières déclarations du président Rohani vont dans ce sens –, continuer à appliquer scrupuleusement l'accord et s'abstenir de comportements déstabilisants dans la région.

Vous pouvez le constater, monsieur le député, la France entend maintenir la voie du dialogue et de la paix. C'est pourquoi elle refuse de se laisser enfermer dans une impasse qui conduirait à la guerre. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Alexis Corbière. Vous n'avez pas répondu sur l'OTAN !

Données clés

Auteur : M. Alexis Corbière

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 10 mai 2018

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