15ème législature

Question N° 887
de M. Ludovic Mendes (La République en Marche - Moselle )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Affaires européennes
Ministère attributaire > Affaires européennes

Rubrique > politique extérieure

Titre > situation politique en Italie

Question publiée au JO le : 23/05/2018
Réponse publiée au JO le : 23/05/2018 page : 4036

Texte de la question

Texte de la réponse

SITUATION POLITIQUE EN ITALIE


M. le président. La parole est à M. Ludovic Mendes, pour le groupe La République en marche.

M. Ludovic Mendes. Madame la ministre chargée des affaires européennes, nous avons appris récemment l'alliance conclue en Italie par les chefs de file du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, qui ont finalement réussi à masquer leurs divergences pour présenter au président Mattarella leur contrat pour un gouvernement du changement. Ce dernier témoigne d'une souplesse idéologique certaine, eu égard aux nombreuses divergences qui les opposent.

M. Christian Jacob. Voilà le résultat de la proportionnelle !

M. Ludovic Mendes. Bien que le président n'ait pas encore validé la nomination de Giuseppe Conte à la tête du gouvernement, l'inquiétude est de rigueur, alors qu'un pays fondateur de l’Union européenne et troisième puissance économique de la zone euro est en passe d'être dirigé par un gouvernement populiste et eurosceptique. L'accord conclu entre ces deux formations comprend notamment de nombreuses propositions brutales en termes de politique migratoire qui figuraient de longue date dans la rhétorique du parti d'extrême droite dirigé par Matteo Salvini.

Si ce programme venait à être appliqué, 500 000 migrants, originaires pour la plupart de pays en guerre ou fuyant des régimes d'oppression, pourraient être expulsés sans autre forme de procès (Applaudissements parmi les députés non inscrits), et les nouveaux arrivants se verraient tout bonnement interdits de débarquer sur les côtes italiennes. L'extrême droite italienne, alliée européenne du Front National,…

M. Gilbert Collard. Oh ! Quelle horreur !

M. Ludovic Mendes. …a su faire recette de la crise migratoire que connaît le continent européen depuis plusieurs années. Ses propositions brutales et démagogiques ont trouvé écho auprès d'une partie de la population italienne nourrie d'un sentiment d'abandon et de déclassement.

L'impuissance de l’Union européenne à faire face collectivement au défi migratoire est très certainement à mettre en parallèle avec le succès grandissant des populistes européens, notamment dans les pays soumis à une pression migratoire importante du fait de leur situation géographique. Une fois posé, ce constat doit inciter l'Europe à se réformer le plus rapidement possible, pour agir de manière efficace face aux défis de notre siècle, sous peine de céder encore du terrain à ces mêmes populistes qui, à droite comme à gauche, souhaitent le naufrage du projet européen.

Dans ce contexte, madame la ministre, comment assurer demain une relation exigeante et de qualité avec un partenaire européen historique tel que l'Italie ? Comment agir à l'échelle européenne, pour faire émerger l'Union européenne de l'efficacité ? (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée des affaires européennes.

Mme Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes. Monsieur le député, les élections italiennes du 4 mars ont constitué une alerte pour toute l'Europe : parce qu'elles ont montré l'essoufflement des partis politiques traditionnels en Italie comme ailleurs ; parce que les électeurs italiens ont montré leur mécontentement face à l'absence de solidarité européenne – celle des pays du Nord dans la crise financière, celle des pays de l'Est dans la crise des migrants. Cette alerte, nous devons l'entendre et y répondre.

Aujourd'hui, un nouveau gouvernement italien est en cours de formation. Il est trop tôt pour faire des commentaires. Mais ce gouvernement est le résultat de ces élections ; la France travaillera avec lui, parce que l'Italie est un voisin, un partenaire et un allié important. Nous travaillerons dans le souci d'un triple respect : celui des résultats de l'élection et de leur signification ; celui des engagements pris par tous et par chacun dans l’Union européenne et, plus particulièrement, dans la zone euro – nos destins sont intimement liés et il n'est ni possible ni souhaitable de faire cavalier seul au sein de l'Europe ; celui des valeurs fondamentales de l’Union européenne.

Quant à la refondation de l'Europe, nous la défendons. Croyez-moi, monsieur le député, au vu de la situation en Italie comme ailleurs, elle est plus nécessaire et urgente que jamais ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)