15ème législature

Question N° 88
de M. Alain David (Nouvelle Gauche - Gironde )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Europe et affaires étrangères
Ministère attributaire > Europe et affaires étrangères

Rubrique > politique extérieure

Titre > Corée du Nord

Question publiée au JO le : 10/08/2017
Réponse publiée au JO le : 10/08/2017 page : 2410

Texte de la question

Texte de la réponse

CORÉE DU NORD


M. le président. La parole est à M. Alain David, pour le groupe Nouvelle Gauche.

M. Alain David. Monsieur le ministre des affaires étrangères, la tension est récemment montée d'un cran entre les États-Unis et la Corée du Nord. Ces outrances entre deux dirigeants qui s'entourent de peu de précautions diplomatiques et ont même fait de leurs excès leur marque de fabrique sont évidemment inquiétantes pour la paix et la sécurité. Un certain nombre de pays européens, dont l'Allemagne récemment, ont appelé les protagonistes à la modération.

La France s'honorerait d'intervenir sur le sujet et de contribuer à une désescalade. La poursuite du programme balistique et nucléaire nord-coréen constitue une menace croissante et inacceptable pour tous. Cependant les menaces américaines, de la part du récent convive du Président de la République, ne constituent sans doute pas une réponse appropriée.

Le Président de la République s'est exprimé à plusieurs reprises sur les affaires étrangères le 21 juin et le 14 juillet. À chaque fois il a, comme souvent, mis en scène sa nouvelle approche et sa volonté de rupture avec les orientations de ses prédécesseurs. Pourtant, au-delà des annonces fracassantes et des images marketing, la réalité est loin des promesses : pas d'amorce de rééquilibrage en Europe malgré les relations supposées excellentes avec la Chancelière allemande ; pas plus d'avancée s'agissant de la position américaine sur le climat malgré un dîner et une invitation lors de la fête nationale qui ont fait beaucoup parler ; pas davantage de succès avec la Russie malgré une rencontre dans le cadre prestigieux de Versailles – et je ne parle même pas des leçons données aux pays d'Europe centrale sur l'accueil des réfugiés.

Monsieur le ministre, pouvons-nous espérer une diplomatie moins spectaculaire,…

M. Pierre Cordier. Et plus efficace !

M. Alain David. …qui permette à notre pays de jouer un rôle utile et respecté dans le concert des nations ? En ce qui concerne le dossier nord-coréen, pouvez-vous nous préciser vos intentions et celles du Président de la République afin d'œuvrer concrètement à la recherche de l'apaisement ? (Applaudissements sur les bancs du groupe NG.)

M. Xavier Breton. Très bien !

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le député, je suis inquiet de la situation dans cette partie du monde. La volonté de la Corée du Nord de se doter de l'arme nucléaire et d'une capacité balistique est manifeste depuis très longtemps. La différence c'est qu'ils sont près du but : les tirs balistiques qui ont eu lieu le 4 juillet – comme par hasard le jour de la fête nationale américaine, mais il n'y a jamais de hasard – ou le 28 juillet montrent qu'ils sont près d'aboutir, avec la miniaturisation des charges nucléaires et la portée balistique nouvelle qu'ils ont réussi à atteindre.

Cette menace vise le Japon, la Chine, les États-Unis. Votre appel au dialogue est tout à fait agréable à entendre,…

M. Claude Goasguen. Ça ne sert à rien !

M. Jean-Yves Le Drian, ministre . …mais difficile à mettre en œuvre.

Ce qui me frappe le plus, monsieur le député, c'est l'accord unanime du Conseil de sécurité, notamment de tous ses membres permanents, dont la Chine, et la France évidemment, non seulement pour condamner mais pour mettre en œuvre des sanctions. Cela date d'il y a trois jours et c'est la première fois depuis longtemps. Comme quoi cette menace est réelle pour la paix du monde et les risques sont largement partagés.

Alors oui, il faut dialoguer mais il ne faut pas que le dialogue serve de prétexte à la Corée du Nord pour gagner du temps, le temps d'aboutir à sa volonté initiale. Oui, il faut dialoguer pour que la Corée du Nord revienne à la table des négociations mais en ce moment le meilleur moyen de dialoguer c'est la fermeté et c'est le fait que la communauté internationale, par la voix du Conseil de sécurité, que vous respectez j'imagine, prenne une décision unanime pour mettre en œuvre des sanctions afin de dissuader la Corée du Nord de poursuivre ce programme dangereux pour la paix du monde. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM, sur plusieurs bancs du groupe LC et sur quelques bancs du groupe LR.)