15ème législature

Question N° 938
de M. Michel Delpon (La République en Marche - Dordogne )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Transition écologique et solidaire
Ministère attributaire > Transition écologique et solidaire

Rubrique > énergie et carburants

Titre > développement de l'énergie à base d'hydrogène

Question publiée au JO le : 31/05/2018
Réponse publiée au JO le : 31/05/2018 page : 4751

Texte de la question

Texte de la réponse

DÉVELOPPEMENT DE L'ÉNERGIE À BASE D'HYDROGÈNE


M. le président. La parole est à M. Michel Delpon, pour le groupe La République en marche.

M. Michel Delpon. Ma question s'adresse à M. Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

L'hydrogène, à condition qu'il soit vert, permet de répondre aux enjeux de la transition énergétique tout en garantissant l'indépendance de la France face aux Chinois qui contrôleront 90 % de la production mondiale de batteries en 2030.

Si les industriels et les usagers commencent à prendre conscience de la nécessité de sortir du diesel et de l'essence – je tiens, monsieur le ministre d'État, à saluer votre détermination lorsque vous avez annoncé, en juillet dernier, la fin de la vente des voitures à essence et diesel d'ici à 2040 –, il nous faudra aussi repenser notre stratégie face aux véhicules hybrides et au « 100 % batterie » pour passer à la mobilité avec des piles à combustible.

La mobilité, c'est aussi le train. Alors que seule la moitié du réseau français est électrifiée, l'autre moitié, soit 15 000 kilomètres de voies ferrées, fonctionne en général avec des trains tirés par des motrices diesel. Nos voisins allemands, puis italiens et maintenant autrichiens, ont fait le choix du train à hydrogène. Nous devons leur emboîter le pas sans tarder. Pour adopter l'hydrogène, il faut l'essayer : je vous propose donc, monsieur le ministre d'État, de passer de la parole aux actes en faisant circuler notre premier train à hydrogène sur la ligne TER reliant Bordeaux à Bergerac et Sarlat.

Les applications de l'hydrogène sont nombreuses : alimentation électrique des data centers, camions réfrigérés avec pile à combustible au Japon, stockage sous forme d'hydrogène de l'électricité produite à partir de l'énergie solaire à La Réunion, prototype d'ascenseur permettant de supprimer l'utilisation du plomb et du cadmium, développement par le Centre national de la recherche scientifique – CNRS – de bio-piles remplaçant le catalyseur chimique par des enzymes bactériennes. Je pense aussi à la découverte surprenante de chercheurs australiens qui ont développé une peinture solaire pouvant générer de l'hydrogène, ou encore à l'invention d'une start-up que j'ai rencontrée hier, ici même, dans mon bureau de l'Assemblée nationale, et qui a mis au point des capsules à hydrogène basse pression qui fonctionnent sur le même principe qu'une éponge.

Je termine ma question…

M. le président. Merci, monsieur le député.

La parole est à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

M. Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le député, je vous remercie de me donner l'occasion de parler d'un sujet qui me tient à cœur, car je suis intimement convaincu – et vous m'aiderez à en convaincre les uns et les autres – que l'hydrogène jouera un rôle important dans la transition énergétique. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM ainsi que sur quelques bancs des groupes MODEM et UDI-Agir.)

C'est une révolution potentielle pour les systèmes énergétiques. Aujourd'hui, en effet, compte tenu de la baisse spectaculaire des prix des énergies renouvelables, comme vous l'avez dit, il devient enfin possible de produire des quantités importantes d'hydrogène à bas coût et, évidemment, sans émission de gaz à effet de serre.

L'hydrogène peut aussi devenir une solution majeure pour notre mix énergétique de demain, tout d'abord en rendant possible le stockage à grande échelle des énergies renouvelables, permettant ainsi de rendre crédible un monde où l'hydrogène vient se substituer, petit à petit, au fossile et au nucléaire pour combler les intermittences du solaire et de l'éolien.

Enfin, l'hydrogène, s'il est produit à base d'énergies renouvelables, peut contribuer à la mobilité sans émission de gaz à effet de serre des trains, des flottes de camions, des flottes municipales et des bus, permettant ainsi d'apporter une réponse aux problèmes de qualité de l'air. Vous le savez mieux que moi, l'Allemagne et les Pays-Bas expérimentent en ce moment même des trains à hydrogène fabriqués en France ; je pense que ces trains auront également vocation à circuler sur les petites lignes françaises.

Dans cet esprit, je présenterai vendredi un plan pour l'hydrogène qui visera à faire de notre pays un leader mondial de cette technologie. Pour ce faire, j'ai proposé de fixer à 10 % la part d'hydrogène produit à base de sources renouvelables à l'horizon 2023. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM, ainsi que sur quelques bancs du groupe UDI-Agir.) Par ailleurs, parce que nous avons besoin d'innovations, de démonstrateurs et de champions économiques du stockage de l'électrolyse, j'ai décidé de mobiliser 100 millions d'euros pour accompagner les premiers déploiements de ces technologies de production et de transport dans les territoires.

Toute la filière industrielle de l'hydrogène existe en France. Ne loupons pas cette transition énergétique ! Soyons les premiers dans cette filière ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM, ainsi que sur quelques bancs des groupes LR et UDI-Agir.)