accueil des réfugiés en Europe
Question de :
Mme Gisèle Biémouret
Gers (2e circonscription) - Nouvelle Gauche
Question posée en séance, et publiée le 13 juin 2018
ACCUEIL DES RÉFUGIÉS EN EUROPE
M. le président. La parole est à Mme Gisèle Biémouret, pour le groupe Nouvelle Gauche.
Mme Gisèle Biémouret. « Nous devons accueillir des réfugiés, c'est notre devoir et notre honneur. » Ainsi parlait Emmanuel Macron à Bruxelles, le 23 juin 2017. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe NG.)
Monsieur le Premier ministre, à l'heure où nous parlons, 629 êtres humains, épuisés et affamés sont à la dérive en Méditerranée à bord de l'Aquarius. Ce navire affrété par l'association SOS Méditerranée œuvre depuis deux ans pour sauver ce qui reste encore de l'honneur de l'Europe face à la tragédie qui se joue. Alors que le gouvernement italien, par la voix de son ministre de l'intérieur d'extrême droite, ferme ses portes en criant victoire…
M. Ludovic Pajot. Bravo !
M. Sébastien Chenu. Très bien !
Mme Gisèle Biémouret. …et alors que l'Europe commence à céder à la montée des populismes face à la détresse des réfugiés, le silence de la France et de votre gouvernement est devenu assourdissant.
C'est tout à l'honneur du premier ministre socialiste espagnol et du conseil exécutif de Corse d'avoir répondu à leur appel de détresse. (Applaudissements sur les bancs des groupes NG, FI et GDR ainsi que sur quelques bancs du groupe UDI-Agir et parmi les députés non inscrits.)
L'Aquarius et sa petite part d'humanité révèlent la brutalité de l'action que vous menez depuis un an en matière d'immigration. (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Si la France a pris sa part, comme le dit le porte-parole de votre gouvernement, c'est celle de l'indifférence et du cynisme – il va falloir ajuster vos éléments de langage. On vous parle humanité et vous répondez droit maritime.
Mme Elsa Faucillon. Bravo !
Mme Gisèle Biémouret. On vous dit fraternité et vous répondez que vous n'avez pas été saisis par les ONG. Il est des grandes causes : en les défendant, les grands pays deviennent encore plus grands par leurs actions.
M. Boris Vallaud. Très bien !
Mme Gisèle Biémouret. Les peuples du monde aiment le discours tenu par la France depuis la Révolution française, qu'aucun gouvernement n'avait souhaité remettre en cause jusqu'à présent. Pensez-vous que les naufragés de l'Aquarius sont en train de faire du benchmarking sur les ports où ce navire pourrait accoster ? (Applaudissements sur les bancs des groupes NG, FI et GDR.) Ce qui arrive aujourd'hui n'est que le premier acte d'une longue série. Aurez-vous une réponse conforme aux valeurs de notre République ? (Mmes et MM. les députés des groupes NG, FI et GDR se lèvent et applaudissent.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Madame Biémouret, vous évoquez le drame qui se joue encore en ce moment avec la dérive du bateau l'Aquarius dans les eaux de la Méditerranée. À l'égard de telles situations, trois principes nous animent.
Le premier est le principe d'humanité. Il n'est en effet pas question de laisser sans solution de débarquement des naufragés déjà éprouvés, dont certains sont particulièrement fragiles.
Le deuxième principe est l'application des règles du droit international que vient de rappeler le Premier ministre. Quand un bateau se trouve à 25 ou 27 milles des côtes italiennes ou maltaises, les principes de la convention internationale sur la recherche et le sauvetage maritimes doivent s'appliquer. Il est très regrettable qu'ils ne le soient pas.
M. Jean-Paul Lecoq. Convoquez l'ambassadeur italien !
M. Jean-Yves Le Drian, ministre. En effet, même si le bateau croise dans les eaux internationales, cette convention prévoit – c'est la règle – que les autorités de Rome devraient être amenées à déterminer quel port est le plus proche et le plus sûr.
Le troisième principe est le pragmatisme. Les autorités espagnoles ont estimé que le port de Valence était le plus sûr et le plus proche. J'ai regardé les cartes : il est en effet possible de le rallier à partir du sud de la Sicile. Nous avons donc appuyé les autorités espagnoles : il y a un port d'accueil possible.
M. Olivier Faure. Merci Pedro Sanchez !
M. Guillaume Garot. Et la Corse ?
M. Jean-Yves Le Drian, ministre . Cela n'empêche pas de respecter le droit et de rappeler ce principe à nos amis italiens. D'ailleurs, cet après-midi, le ministre de l'intérieur s'entretient avec les autorités espagnoles et italiennes pour essayer d'avancer afin de régler cette situation dramatique le plus proprement et le plus correctement possible. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LaREM et MODEM.)
Auteur : Mme Gisèle Biémouret
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Étrangers
Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères
Ministère répondant : Europe et affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 juin 2018