Question au Gouvernement n° 1932 :
Transition écologique

16e Législature

Question de : Mme Julie Laernoes
Loire-Atlantique (4e circonscription) - Écologiste - NUPES

Question posée en séance, et publiée le 6 juin 2024


TRANSITION ÉCOLOGIQUE

Mme la présidente . La parole est à Mme Julie Laernoes.

Mme Julie Laernoes . La semaine dernière, à quelques jours des élections européennes, vous avez organisé votre premier séminaire gouvernemental sur l’écologie pour faire le bilan de votre action et « montrer que l'engagement n’a pas diminué ». Quelle ambition ! Si je comprends bien, vous considérez que sabrer dans les budgets de l’État accélère la rénovation énergétique, qu'abandonner la loi de programmation sur l’énergie et le climat nous libère des énergies fossiles et contribue à réduire drastiquement nos émissions (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe Dem), que les pesticides préservent la biodiversité et améliorent la santé de nos agriculteurs, que construire de nouvelles autoroutes réduit la pollution atmosphérique, qu’autoriser de nouveaux forages pétroliers est bon pour le climat, que laisser mourir les PME de la filière des énergies renouvelables encourage la réindustrialisation verte et que Patrick Pouyanné est le meilleur ambassadeur du climat à l’étranger.

M. Bruno Millienne . Comment va Éric Piolle ?

Mme Julie Laernoes . Aussi nous, écologistes, serions curieux de connaître votre définition de l’écologie ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Écolo-NUPES.)

Mme Isabelle Périgault . Quelles sont vos propositions ?

Mme la présidente . La parole est à M. le Premier ministre.

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Je vais répéter ce que j'ai dit il y a quelques instants en tâchant d'être plus concret. (« Ah ! » sur plusieurs bancs du groupe LFI-NUPES.) Le budget de la transition écologique voté cette année par le Parlement…

M. Francis Dubois . À coups de 49.3 !

Mme Cyrielle Chatelain. Nous n'avons rien pu voter !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . …représente 40 milliards d'euros. Il était de 32 milliards en 2023 : 40 moins 32 donne 8, ce qui signifie que nous dépensons 8 milliards de plus en 2024. Vous dites que nous avons baissé le budget de l'écologie, mais les chiffres sont clairs : il augmente et n'a jamais été aussi élevé ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem.)

Vous avez évidemment toute légitimité à vous exprimer dans le débat démocratique et nous vous avons beaucoup entendus au moment où l'État a été condamné par le Conseil d'État pour inaction climatique.

M. Erwan Balanant . C'était la présidence de François Hollande qui était visée !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . La période concernée commençait avant l'élection d'Emmanuel Macron, quand votre famille politique était au gouvernement, sous la présidence de François Hollande. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe Dem.) Vous avez utilisé cette décision de la justice administrative pour critiquer notre majorité, mais, à la fin de l'année dernière, lorsque cette même justice administrative a annoncé qu'elle mettait fin à la procédure parce que le Gouvernement avait fait ce qu'il fallait, on ne vous a pas entendus ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RE.)

M. Philippe Vigier . Imparable !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Quand il y a de bonnes nouvelles, on ne vous entend pas. Vous voulez à juste titre réduire les émissions de CO2 et la pollution, mais vous ne parlez pas des résultats historiques que nous avons enregistrés l'année dernière. Les émissions de CO2 ont baissé de 20 % depuis 2017 et vous ne le dites pas non plus ! (Exclamations sur quelques bancs des groupes LFI-NUPES et Écolo-NUPES.)

M. Philippe Vigier . Cela les embête, c'est mieux qu'à Grenoble !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Quant aux produits phytosanitaires, depuis 2017 leur utilisation a baissé de 20 % – de 95 % même pour les plus dangereux. Lorsque vous étiez au gouvernement, à l'époque de François Hollande, elle avait augmenté de 20 %. Sur ce sujet non plus, on ne vous entend pas. (Mêmes mouvements.) Je m'interroge sincèrement sur les raisons de votre silence. Je crois connaître la réponse : pour vous, la lutte contre le changement climatique n'est pas une fin en soi, mais un moyen. Vous ne recherchez pas tant l'écologie que la décroissance. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RE et Dem.)

Mme Marie-Christine Dalloz . C'est tout à fait ça !

Mme Isabelle Périgault . Eh oui !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Pour votre parti politique, l'écologie est un argument au service d'une idéologie de la décroissance. Vous voulez imposer non pas la baisse des émissions de CO2 ou la protection de la biodiversité, mais moins d'usines, moins d'agriculteurs, moins d'activité économique, moins de travail pour les Français. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RE.) Voilà la véritable différence entre nous ! Contrairement à vous, nous considérons que l'écologie et l'économie sont compatibles et dans l'intérêt des Français. Nous poursuivrons donc notre politique, bien plus efficace que celle que vous prônez ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RE et Dem. – Mme Anne-Laure Blin applaudit aussi.)

Mme la présidente . La parole est à Mme Julie Laernoes.

Mme Julie Laernoes . Vous n'avez définitivement rien compris à l'écologie ! (Protestations sur plusieurs bancs des groupes RE et Dem.) Vous vous gargarisez de la baisse des émissions de CO2, mais votre politique n’y est pour rien et vous le savez. Le Citepa et les ONG sont d'accord : l’une des principales causes de cette baisse est la sobriété subie par les ménages les plus précaires. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NUPES.)

M. Philippe Vigier . À Grenoble, ils ont compris !

Mme Julie Laernoes . Vous vous cachez derrière votre formule magique de « l’écologie à la française » en faisant appel à la fierté nationale pour opérer des reculs sans précédent. Or l’écologie demande une action claire, déterminée et résolue. Elle demande de l’humilité face à l’ampleur de la tâche. (Applaudissements sur les bancs du groupe Écolo-NUPES.)

M. Bruno Millienne . L'humilité n'est pas votre qualité principale !

Mme Julie Laernoes . Elle demande aussi de l'écoute : celle des scientifiques, qui nous alertent et que vous attaquez, celle de la jeune génération en détresse, celle de la société civile, qui s'organise malgré vous. Force est de constater que vous n'y comprenez rien, monsieur le Premier ministre ! (Protestations sur les bancs du groupe RE.) Avant d'avoir entièrement détruit l'école publique et rayé des manuels scolaires… (Mme la présidente coupe le micro de l'oratrice, dont le temps de parole est écoulé. – Applaudissements sur les bancs du groupe Écolo-NUPES.)

M. Francis Dubois . Assez d'écologie !

M. Bruno Millienne . Comment va M. Piolle ?

Mme la présidente . La parole est à M. le Premier ministre.

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Vous citez le Citepa : son estimation des émissions de gaz à effet de serre en France pour l'année 2023 est accessible en ligne à tous les Français et montre qu'elles ont baissé de 5,8 %. Vous affirmez que cette étude pointe le caractère conjoncturel de la baisse. (Mme Julie Laernoes s'exclame vivement.) Laissez-moi terminer, s'il vous plaît !

M. Jean-Luc Bourgeaux . Un peu de politesse !

M. Philippe Vigier . On ne coupe pas la parole !

M. Bruno Millienne . On écoute !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Vous dites que la diminution des émissions de CO2 est liée à la sobriété subie par les ménages les plus précaires. J'invite tous ceux qui nous regardent à lire l'étude du Citepa, selon laquelle cette baisse s'explique pour deux tiers par les investissements et les mesures structurelles décidés par le Gouvernement et pour un tiers par des raisons structurelles, liées à la sobriété. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RE.) Nous investissons dans des mesures structurelles de conversion des véhicules et de rénovation des logements !

En 2014, Cécile Duflot, qui appartient à votre famille politique, était ministre du logement. Cette année-là, 50 000 rénovations thermiques ont été accompagnées par l'Anah. L'an dernier, sous ce gouvernement, leur nombre était de 600 000. Ce sont des faits ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RE.)

Mme Julie Laernoes . Ce n'est pas vrai !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Plutôt que de nous faire la leçon en permanence, soutenez les mesures positives pour les Français ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RE et Dem.)

Données clés

Auteur : Mme Julie Laernoes

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Environnement

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 juin 2024

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