Multiplication de fermetures de sites industriels
Question de :
M. Jorys Bovet
Allier (2e circonscription) - Rassemblement National
M. Jorys Bovet alerte M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, chargé de l'industrie, sur la multiplication de fermetures de sites industriels. Le 12 décembre 2024, Le Figaro révélait que, pour la première fois depuis 2015, l'année 2024 comptera plus de fermetures d'usines que d'ouvertures. En effet, depuis six mois, les annonces de fermetures de sites, de réduction d'effectifs ou de redressement judiciaires se sont multipliées en France. Le consultant spécialisé sur l'industrie Tendreo, qui tient un baromètre des usines depuis 2009, en a comptabilisé près de 260, dont une cinquantaine concerne plus de 100 suppressions d'emplois. Le secteur automobile est particulièrement touché notamment par la fin programmée du moteur thermique en 2035 et la concurrence des Chinois sur les batteries électriques. Force est de constater que la stratégie France 2030 de pousser à la décarbonation des industries françaises atteint aujourd'hui ses limites. Il souhaite savoir quelles mesures vont être mises en place par le Gouvernement pour endiguer le mouvement de désindustrialisation du pays et sauver les fleurons industriels français.
Réponse publiée le 3 juin 2025
L'industrie est essentielle à la prospérité, à la souveraineté et à la cohésion de notre pays. Celle-ci permet non seulement de produire les moyens de vivre au quotidien, mais aussi les solutions clefs de notre avenir dans tous les domaines : la santé, l'énergie, ou encore la défense. De surcroît, l'industrie représente une activité au service de la vitalité de nos territoires, notamment en faveur de la création d'emplois ainsi que pour l'activité des commerces et des services de proximité. Depuis six ans, la France est devenue le pays le plus attractif d'Europe pour les investissements étrangers. Malgré une longue période de désindustrialisation, notre pays a réussi à inverser la tendance en matière de fermeture d'usines avec plus de 400 ouvertures ou extensions nettes depuis 2022. Plus de 130 000 emplois industriels ont été créés depuis 2017, dans tous les territoires. Toutefois, certains secteurs restent en tension, tels que l'automobile, la sidérurgie et la chimie. Ces difficultés s'expliquent par de profondes transformations, mais aussi par une concurrence internationale de plus en plus féroce et déloyale. Dans le prolongement de la crise énergétique, les puissances de l'Union européenne, à l'instar de l'Allemagne, se retrouvent aussi menacées par un risque de déclin industriel se traduisant par l'annonce de plans sociaux au sein de grands groupes européens. Face aux difficultés de certaines entreprises, l'accompagnement de l'État vise à détecter les signaux faibles afin de les soutenir le plus tôt possible, mais également d'œuvrer à la consolidation des filières connaissant des fragilités pour ainsi renforcer le tissu industriel. À tous les niveaux, les acteurs publics se sont organisés et coordonnés sur le terrain afin de répondre aux besoins des entreprises. On retrouve notamment les commissaires aux restructurations et aux préventions des difficultés en entreprises (CRP) à l'échelle régionale, en lien avec la délégation interministérielle aux restructurations des entreprises (DIRE) et le comité interministériel aux restructurations industrielles (CIRI), deux services ayant pour mission d'aider les entreprises en difficulté à déployer des solutions permettant d'assurer leur pérennité. En étroite collaboration, les services de l'État ont développé une gamme diversifiée d'outils qui ont démontré leur efficacité, en particulier lors des crises récentes. Par exemple, la start-up d'État Signaux Faibles a conçu un algorithme d'intelligence artificielle programmé pour croiser les données de l'État dans le but de repérer en amont les difficultés des entreprises. Chaque trimestre, environ 100 entreprises sont détectées permettant de prioriser les actions des CRP. Le fonds de développement économique et social (FDES) est également mobilisé pour accompagner les entreprises en difficulté. Par ailleurs, la stratégie du Gouvernement consiste à renforcer la compétitivité de notre pays en poursuivant nos investissements dans le développement industriel. En premier lieu, malgré un contexte budgétaire contraint, le soutien à l'innovation demeure notre priorité à travers les initiatives du Plan France 2030, doté de 54 milliards d'euros, ou encore le maintien du crédit d'impôt recherche. À cet égard, la France se distingue par un niveau élevé de soutien à la R&D, reposant sur des incitations fiscales à hauteur de 8,6 milliards d'euros en 2023 et 2,3 milliards d'euros d'aides directes en 2023. En deuxième lieu, la France porte un agenda ambitieux de simplification au niveau national et européen, dans l'objectif d'assurer une visibilité ainsi qu'une stabilité réglementaire aux entreprises, de garantir les investissements et de faciliter l'implantation de projets industriels en France. À l'échelle nationale, le projet de loi de simplification de la vie économique comprend notamment des mesures sectorielles d'allégement de contraintes, conciliant l'attractivité et l'impératif environnemental. En troisième lieu, la décarbonation est une opportunité de reconquérir notre souveraineté en continuant d'allier la transition écologique et la production en Europe. Dans cette perspective, la France demande à la Commission européenne d'appliquer les recommandations du rapport Draghi en dotant l'Europe d'une stratégie industrielle à la hauteur des enjeux de la décarbonation.
Auteur : M. Jorys Bovet
Type de question : Question écrite
Rubrique : Industrie
Ministère interrogé : Industrie
Ministère répondant : Industrie et énergie
Dates :
Question publiée le 24 décembre 2024
Réponse publiée le 3 juin 2025