Question de : Mme Lisette Pollet
Drôme (2e circonscription) - Rassemblement National

Mme Lisette Pollet alerte Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur la réforme des lycées professionnels. Dans le cadre de la réforme du lycée professionnel annoncée pour juin 2025, il est prévu de différencier les parcours des élèves de terminale en deux voies distinctes : l'une orientée vers l'insertion professionnelle immédiate et l'autre vers la poursuite d'études supérieures. Cette réforme s'accompagne d'une réduction des heures de cours en établissement, au profit d'une présence accrue en entreprise, avec une gratification des stages allant de 50 à 100 euros par semaine selon le niveau des élèves. Toutefois, cette évolution suscite de vives inquiétudes parmi les acteurs éducatifs. En effet, la réduction des enseignements généraux pourrait compromettre les chances de réussite des élèves souhaitant intégrer un BTS ou un parcours universitaire, particulièrement dans les matières essentielles telles que les mathématiques et le français. Or, selon les données du ministère, environ 40 % des bacheliers professionnels poursuivent leurs études, notamment en BTS, où le taux de réussite reste inférieur à celui des bacheliers généraux et technologiques. De plus, la mise en œuvre des parcours différenciés pourrait accentuer les inégalités territoriales et sociales, en raison des disparités d'accès aux stages rémunérés et aux formations post-bac, notamment dans les zones rurales et les quartiers prioritaires. L'objectif de lutte contre le décrochage scolaire risque ainsi de se heurter aux difficultés d'accompagnement des élèves les plus fragiles. En conséquence, elle lui demande de bien vouloir lui préciser les mesures envisagées pour garantir l'égalité des chances entre tous les lycéens professionnels et assurer que les élèves, quelle que soit leur orientation post-bac, bénéficient d'une base académique solide et d'un accès équitable aux opportunités de formation et d'emploi. Elle lui demande quels dispositifs spécifiques seront déployés pour les établissements en milieu rural ou dans les quartiers prioritaires afin de compenser ces inégalités d'accès aux stages et aux formations supérieures.

Réponse publiée le 28 octobre 2025

La réforme du baccalauréat professionnel a apporté deux changements majeurs pour mieux s'adapter aux besoins des élèves et améliorer leurs perspectives d'avenir : - la restructuration de l'année de terminale : l'objectif est de mieux préparer les élèves à leur parcours post-bac. Cette réorganisation se fait en fonction du projet personnel de chaque élève, afin de faciliter leur transition vers l'enseignement supérieur ou le monde du travail ; - la consolidation des savoirs fondamentaux, en particulier en français et mathématiques : l'enjeu est sur ce point essentiel car les difficultés en français et en mathématiques, lorsqu'elles sont importantes, entravent l'ensemble des apprentissages. Ainsi des heures consacrées aux savoirs fondamentaux ont été ajoutées à la grille horaire. Le volume horaire global du cursus passe de 2 520 heures avant la réforme, incluant enseignements, accompagnement et parcours de terminale, à 2 530 heures au total, soit un ajout de 10 heures. 20 semaines de périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) au maximum sont obligatoires, au lieu de 22 avant la réforme. La nouvelle grille horaire engendre des diminutions d'enseignement essentiellement sur les heures dédiées à des temps de formation interdisciplinaires introduits en 2019 lors de la mise en œuvre de la transformation de la voie professionnelle. Les gains portent sur des augmentations d'horaires disciplinaires, notamment pour la consolidation des savoirs fondamentaux, un rééquilibrage souhaité par une partie des acteurs de terrain. Le parcours personnalisé en fin d'année de terminale a pour objet de proposer des parcours adaptés aux projets des élèves qui aujourd'hui rencontrent pour une part importante d'entre eux des difficultés dans leur poursuite d'études ainsi que parfois dans leur insertion dans l'emploi. Le parcours de 6 semaines supplémentaires en entreprise, gratifiées comme les autres PFMP destiné aux élèves qui choisissent l'insertion dans l'emploi, leur permet de poursuivre leurs apprentissages pour la maîtrise des compétences souhaitées. Il a pour objectif de renforcer les liens entre formation et emploi par l'accroissement de la professionnalisation et de mieux accompagner les élèves dans cette transition. La réforme s'est accompagnée de la création, à partir de la rentrée 2023, des bureaux des entreprises dans tous les lycées professionnels, appuis pour la recherche de PFMP, qu'elles soient obligatoires ou non. Le parcours de préparation de la poursuite d'études associe quant à lui, démarche de projet, renforcements disciplinaires ciblés, prise d'autonomie et découverte de l'enseignement supérieur. Ces 6 semaines de préparation à l'enseignement supérieur visent en effet à projeter les élèves dans leur projet de poursuite d'études et à favoriser la réussite des jeunes à des niveaux 5 et au-delà. L'enjeu est de permettre à l'élève de gagner en confiance en soi, lever les freins à la prise d'initiative et au travail en autonomie, créer du lien avec les acteurs du supérieur et approfondir les attendus des formations supérieures.Après une première année de mise en oeuvre du parcours personnalisé, des ajustements ont été prévus pour l'année scolaire 2024-2025. Ce parcours est construit tout au long de l'année dans le cadre des heures dédiées au soutien au parcours. Par ailleurs, la période de parcours personnalisé est ramenée à 4 semaines en fin d'année scolaire, permettant d'anticiper le calendrier des épreuves d'examen.  Le ministère conduit des actions d'accompagnement en direction des académies et des établissements pour soutenir les équipes sur la mise en œuvre de la réforme.

Données clés

Auteur : Mme Lisette Pollet

Type de question : Question écrite

Rubrique : Enseignement technique et professionnel

Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Ministère répondant : Éducation nationale

Dates :
Question publiée le 25 février 2025
Réponse publiée le 28 octobre 2025

partager