Situation des sous-traitants du travail des métaux en feuilles
Publication de la réponse au Journal Officiel du 2 septembre 2025, page 7542
Question de :
M. Yannick Favennec-Bécot
Mayenne (3e circonscription) - Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires
M. Yannick Favennec-Bécot alerte M. le ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie, sur la situation très préoccupante des entreprises de la filière du travail des métaux en feuille, fournisseurs essentiels de l'ensemble des secteurs industriels français. Face à un un contexte d'une gravité sans précédent, il est urgent de prendre des mesures concrètes pour soutenir ces entreprises françaises car, sans aide immédiate, les activités de conception et de réalisation d'outillage de presse, de découpage-emboutissage, de repoussage et de tôlerie risquent de disparaître en France. Plus de 1 000 entreprises du secteur et 51 000 salariés sont menacés. Confrontés aux choix stratégiques des donneurs d'ordres et à une chute drastique des projets en outillage de presse ainsi que des volumes de production de pièces, sans compter les délocalisations toujours plus présentes, les acteurs de la filière appellent à une prise de conscience collective et demandent que soit instaurée une « préférence nationale » dans l'attribution des investissements et des productions afin de préserver le tissu industriel français. Sans remettre en cause les impératifs des donneurs d'ordres, notamment dans le cadre de la transition écologique, les entreprises concernées attendent que les pouvoirs publics puissent garantir qu'une part significative des volumes de production et des projets d'outillages restent en France. Ces entreprises, partenaires historiques des industriels, ont contribué à leur compétitivité et leur disparition mettrait en péril l'ensemble de l'écosystème industriel français. Les sous-traitants du travail des métaux en feuilles, outilleurs ou découpeurs, traversent une crise structurelle majeure. Cette crise, qui touche la plupart des secteurs industriels, s'aggrave face à la concurrence exacerbée des pays à bas coût. Par ailleurs, les réglementations européennes, notamment les quotas sur les importations de matières premières et le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF), alourdissent encore leurs coûts de production. Cette conjoncture met en péril la pérennité d'un tissu industriel composé majoritairement de TPE et PME. Alors qu'elles investissent massivement pour moderniser leurs équipements et répondre aux enjeux de la décarbonation, ces entreprises subissent une baisse significative des commandes de leurs donneurs d'ordres, aggravée par la délocalisation et la pression croissante sur les prix. Depuis plusieurs mois, les défaillances d'entreprises s'accélèrent entraînant des suppressions d'emplois et surtout une perte irréversible de savoir-faire. L'expertise spécifique à ces métiers est difficilement transmissible aux jeunes générations dans un contexte où l'avenir de ces entreprises est menacé. De plus, le poids de la fiscalité et des charges sociales en France aboutit à des coûts d'outillage 30 à 40 % plus élevés que ceux pratiqués par les concurrents étrangers. Dans le secteur automobile, la transition en cours a drastiquement réduit le nombre de projets confiés aux outilleurs, les soumettant à une double peine. Face à cette menace imminente, il lui demande quelles sont ses intentions pour préserver ce pan essentiel de l'industrie mécanicienne vecteur d'innovation et de solutions industrielles transversales au service de l'industrie française.
Réponse publiée le 2 septembre 2025
La situation de la filière automobile française, qui représente un débouché important de la filière robotique – automatisation, reste en effet dégradée malgré une légère reprise depuis 2020. De multiples facteurs conjoncturels affectent négativement la santé de la filière automobile depuis plusieurs années : les crises successives du Covid-19, des semi-conducteurs et des matières premières ont entrainé une dégradation de la compétitivité des acteurs économiques tandis que la production automobile européenne reste inférieure de 20 % à son niveau de 2019, générant des surcapacités importantes pour les industriels du secteur. La concurrence de pays dits « à bas coûts » a ainsi favorisé des dynamiques de délocalisation au niveau de la production de composants et de l'assemblage de véhicules : la production automobile française a chuté de 59 % entre 2000 et 2022, passant de 3,3 à 1,4 millions de véhicules selon l'organisation internationale des constructeurs automobiles. Dans ce contexte, les sous-traitants historiques de l'industrie dont les fabricants français de machines-outils connaissent des difficultés à obtenir des marchés pour l'automobile et font face à une concurrence, notamment chinoise, très agressive en termes de prix. Face à ces défis, l'État conduit une politique de soutien fort et constant à la modernisation de l'industrie automobile afin de préserver les emplois et les savoir-faire localisés dans les chaines de valeurs en France. Ainsi depuis 2020, ce sont près de 650 projets représentant près de 3 milliards d'euros d'investissements industriels privés de modernisation qui ont été sécurisés par 750 millions d'euros d'aide publique, à travers les appels à projets « Modernisation » dans le cadre de France Relance et « Diversification des sous-traitants automobiles » et « Investissements automobiles » dans le cadre de France 2030. Cette stratégie a également permis de soutenir certains projets portés par des acteurs de la robotique afin de moderniser leurs processus de production, augmenter leur capacité d'innovation et ainsi leur permettre de répondre aux appels d'offres de la filière automobile. Les projets de modernisation portés par des sous-traitants et équipementiers de la filière automobile ont également pu bénéficier indirectement aux offreurs de solutions de robotisation et d'automatisation des lignes de production. Enfin, au niveau européen, la France plaide pour l'instauration de règles de contenu local dans les futures législations européennes afin de permettre que les activités de conceptions et de production automobile restent localisées en Europe face aux menaces de délocalisations dans le pays à bas coûts. Dans ce cadre, la France suit avec attention les développements du règlement du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières « MACF » visant à protéger les productions à l'aval de matières premières concernées, notamment acier et aluminium, des concurrences extra-européennes déloyales sur le plan environnemental.
Auteur : M. Yannick Favennec-Bécot
Type de question : Question écrite
Rubrique : Industrie
Ministère interrogé : Industrie et énergie
Ministère répondant : Industrie et énergie
Signalement : Question signalée au Gouvernement le 5 mai 2025
Dates :
Question publiée le 25 février 2025
Réponse publiée le 2 septembre 2025