Des manquements fragilisent l'accès des salariés à la prévoyance prévue
Question de :
Mme Tiffany Joncour
Rhône (13e circonscription) - Rassemblement National
Mme Tiffany Joncour attire l'attention de Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur les manquements potentiellement graves à l'obligation de souscription effective d'une prévoyance complémentaire par certains employeurs et sur les conséquences humaines et sociales inacceptables qui peuvent en découler pour les salariés. En application de l'article L. 911-1 du code de la sécurité sociale, lorsqu'un accord collectif impose une couverture de prévoyance, il revient à l'employeur d'y souscrire effectivement, afin que chaque salarié bénéficie de la protection qui lui est due en cas d'invalidité, d'incapacité de travail ou de décès. Cependant, il existe des failles manifestes dans ce système. Des remontées du terrain font état de nombreux cas dans lesquels des salariés découvrent, souvent à l'occasion d'un accident ou d'une invalidité, qu'aucun contrat de prévoyance n'a été effectivement activé à leur bénéfice, malgré les cotisations affichées et prélevées sur leurs bulletins de salaire. Les salariés concernés croient alors être couverts en cas d'accident de la vie, d'invalidité ou d'incapacité, alors qu'ils ne bénéficient d'aucune protection réelle. À titre d'exemple, une ancienne salariée d'un établissement consulaire, de la circonscription de Mme la députée, a récemment été confrontée à une telle situation. Ce genre de dysfonctionnement met en lumière un problème structurel : l'absence de mécanisme fiable permettant de garantir que toute cotisation versée correspond bien à une affiliation effective et à des droits opposables. Autres questions légitimes : combien de salariés, dans le secteur public ou privé, se retrouvent ainsi sans couverture du fait d'un manquement non détecté de leur employeur ? Quels sont les moyens de vérification à leur disposition ? Et quelles sont les sanctions prévues à l'encontre des employeurs fautifs dans ce domaine ? Elle souhaite savoir si le Gouvernement dispose d'un état des lieux de ces pratiques et de leur ampleur ; quels contrôles sont aujourd'hui exercés pour garantir la réalité des couvertures souscrites ; et si des mesures sont envisagées pour assurer une transparence systématique, renforcer les obligations des employeurs et garantir aux salariés une information claire et vérifiable sur l'effectivité de leur protection.
Réponse publiée le 17 juin 2025
Lorsqu'un accord de branche définit une couverture de prévoyance, l'employeur est tenu de s'y conformer et de faire bénéficier les salariés de ces stipulations conventionnelles. Toutefois, en application de l'article L. 2253-1 du code du travail, l'entreprise est libre de mettre en place, par accord collectif, des garanties « au moins équivalentes ». Il incombe à l'employeur non seulement de proposer ce régime à ses salariés, mais également de souscrire un contrat collectif auprès d'un des organismes visés à l'article premier de la loi n° 89-1009 du 31 décembre 1989. Le prélèvement de cotisations sur le bulletin de paie traduit en principe l'existence d'un précompte normalement destiné à l'organisme assureur retenu par l'entreprise pour couvrir ses obligations. En cas de manquement ou de défaut de souscription effective d'un contrat garantissant les droits collectifs en matière de protection sociale complémentaire, un salarié peut exercer un recours devant le conseil de prud'hommes pour obtenir réparation en cas de préjudice. Par ailleurs, l'inspection du travail peut être saisie afin de contrôler le respect des obligations légales et réglementaires de l'employeur. Concernant l'information des salariés sur leur couverture de prévoyance, ces garanties sont déterminées, selon l'article L. 911-1 du code de la sécurité sociale, soit par voie de conventions ou d'accords collectifs, soit à la suite de la ratification à la majorité des intéressés d'un projet d'accord proposé par le chef d'entreprise, soit par une décision unilatérale du chef d'entreprise constatée dans un écrit remis par celui-ci à chaque intéressé, ce qui permet une information des salariés à ce sujet. De plus, l'employeur doit informer les représentants du personnel en cas de mise en place par voie unilatérale des garanties collectives. Le Gouvernement demeure vigilant sur ces questions et œuvre à assurer la protection effective des salariés.
Auteur : Mme Tiffany Joncour
Type de question : Question écrite
Rubrique : Assurance complémentaire
Ministère interrogé : Travail, santé, solidarités et familles
Ministère répondant : Travail et emploi
Dates :
Question publiée le 29 avril 2025
Réponse publiée le 17 juin 2025