Question écrite n° 6275 :
Renforcement de la lutte des violences intrafamiliales en milieu rural

17e Législature

Question de : Mme Dieynaba Diop
Yvelines (9e circonscription) - Socialistes et apparentés

Mme Dieynaba Diop attire l'attention de Mme la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, sur le renforcement de la lutte contre les violences faites aux femmes en milieu rural. Alors qu'un tiers seulement de la population française vit en milieu rural, près de 47 % des féminicides y sont recensés, traduisant une surexposition des femmes en zone rurale aux violences, notamment intrafamiliales. Les femmes vivant en milieu rural font face à une « double peine », elles subissent également des obstacles majeurs dans leur parcours de protection et de sortie des violences, en moyenne bien plus long. Ces spécificités sont nombreuses et lourdes : l'isolement social et géographique, une forte interconnaissance entre groupes sociaux favorisant le silence, un éloignement des services publics et sociaux, un manque d'accessibilité aux centres d'hébergement d'urgence, une dépendance à la mobilité et à la voiture, ainsi qu'un manque d'accès à l'information et aux dispositifs d'aide comme le 3919. En effet, en 2023, les appels issus des 14 départements les plus ruraux ne représentaient que 3 % du total des appels reçus sur la ligne 3919, révélant un sous-recours inquiétant aux dispositifs existants. Une catégorie encore plus marginalisée est celle des agricultrices, qui subissent une « triple peine » : en plus des violences et des freins liés au territoire, elles sont souvent économiquement dépendantes de leur conjoint en étant coexploitante et connaissent des procédures administratives agricoles lourdes, complexes et spécifiques sur lesquelles peu sont formés. De plus, aucune structure d'écoute n'est aujourd'hui dédiée aux agricultrices victimes de violences, bien que certaines existent pour les agriculteurs en difficulté (Agri' écoute, solidarité Paysans). Dans ce contexte, elle l'interroge sur les mesures spécifiques qu'elle entend prendre dans le cadre du plan interministériel pour l'égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027 afin de renforcer la lutte contre les violences faites aux femmes en milieu rural, améliorer l'accès aux droits, adapter les dispositifs d'aide à ces territoires et garantir une meilleure prise en charge des victimes en milieu rural, notamment les agricultrices.

Réponse publiée le 12 août 2025

Le ministère en charge de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations s'attache à apporter une réponse de proximité aux femmes que l'isolement géographique, en zones rurales notamment, confronte à des difficultés spécifiques. Depuis 2020, il déploie des dispositifs dits « d'aller vers », au plus près des lieux de vie des femmes qui sont éloignées des services publics et des associations spécialisées. Ces initiatives, financées à hauteur de 2 millions d'euros par an, complètent l'offre existante en matière d'accès aux droits, de prévention et de lutte contre les violences. Près de 70 dispositifs accueillent ainsi chaque année plus de 11 000 femmes. Tout d'abord, des permanences délocalisées, principalement animées par les centres d'information des femmes et des familles (CIDFF), sont installées dans des lieux accessibles comme les mairies, les centres commerciaux ou encore les Maisons France Services, afin d'offrir un accueil anonyme et de proximité. En outre, conformément aux objectifs du plan interministériel pour l'égalité « Toutes et tous égaux » (2023-2027), le ministère chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations collabore avec France Services pour former ses conseillers à la question des violences sexistes et sexuelles, et à la spécificité de l'accueil des femmes qui en sont victimes. En 2024, 539 permanences ont été organisées par des CIDFF en milieu rural, 329 dans les Maisons France Services, avec 1 600 conseillers formés. En complément, des dispositifs itinérants ciblent les communes disposant de services publics limités et dont les habitants sont confrontés à des difficultés de mobilité. Ainsi, des vans spécifiquement dédiés aux questions d'égalité entre les femmes et les hommes et des vans mutualisés avec d'autres services locaux (Bus France Services, véhicules en lien avec des épiceries solidaires, etc.) vont à la rencontre des femmes en zones rurales. Les équipes de ces vans proposent un accueil et un accompagnement adaptés autour de la prévention et la lutte contre les violences, l'accès aux droits et plus largement les enjeux d'égalité. Briser l'isolement passe également par la création de « réseaux relais » sensibilisés au repérage et à l'orientation des femmes victimes de violences, qui associent tous les acteurs susceptibles d'être en contact avec elles (gendarmes, professionnels de santé, enseignants, élus, etc.). C'est pourquoi le ministère chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations soutient l'action « Élu rural relais de l'égalité » (ERRE) portée par l'Association des maires ruraux de France. Près de 1000 élus relais de l'égalité, chargés de repérer et d'orienter les victimes, sont actifs dans une soixantaine de départements. Un guide de sensibilisation pour l'accueil et l'accompagnement des femmes victimes de violences intrafamiliales et sexuelles a d'ailleurs été réalisé spécifiquement à leur attention en 2024 et est disponible en ligne sur le site du ministère. Afin de contribuer à améliorer les conditions de travail et de vie des agricultrices, le ministère chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations et le ministère de l'Agriculture ont signé, pour la période 2024-2026, un accord avec les organisations syndicales représentatives visant à promouvoir l'égalité professionnelle des femmes dans l'agriculture par un environnement de travail inclusif et la mixité des métiers. Il prévoit de garantir un égal accès aux postes et de lutter contre les écarts de rémunération. Il inclut aussi des mesures en vue de faciliter l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle, ainsi que pour combattre les discriminations et les violences sexistes.

Données clés

Auteur : Mme Dieynaba Diop

Type de question : Question écrite

Rubrique : Femmes

Ministère interrogé : Égalité entre les femmes et les hommes et lutte contre les discriminations

Ministère répondant : Égalité entre les femmes et les hommes et lutte contre les discriminations

Dates :
Question publiée le 29 avril 2025
Réponse publiée le 12 août 2025

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