Incertitudes budgétaires des structures d'insertion par l'activité économique
Question de :
Mme Louise Morel
Bas-Rhin (6e circonscription) - Les Démocrates
Mme Louise Morel attire l'attention de Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur les incertitudes budgétaires qui fragilisent les structures d'insertion par l'activité économique (SIAE) et plus particulièrement les difficultés rencontrées dans le financement des actions de formation à destination des salariés en parcours. Les SIAE jouent un rôle fondamental dans la lutte contre l'exclusion et le retour à l'emploi des personnes les plus éloignées du marché du travail. Grâce à un accompagnement renforcé et individualisé, ces structures permettent chaque année à des milliers de personnes de retrouver une trajectoire professionnelle et de regagner en autonomie. La mise en œuvre du Plan d'investissement dans les compétences dédié à l'insertion par l'activité économique (PIC IAE) connaît de fortes tensions. Le budget 2025 s'établit à 70 millions d'euros, contre 85 millions en 2024 et 100 millions en 2023. Les opérateurs de compétences (OPCO) n'ont été informés de leurs enveloppes qu'en février 2025, avec une consigne initiale de n'engager les actions qu'à hauteur de 50 % du montant alloué en 2024. Cette communication tardive a entraîné des retards, voire des blocages, dans le lancement des formations. Par ailleurs, des disparités importantes existent selon les OPCO : certains appliquent une rétroactivité permettant de couvrir les formations commencées dès le 1er janvier 2025, d'autres non, sans que cette inégalité de traitement soit justifiée, alors même que les crédits proviennent tous de l'État. En parallèle, les effets de la revalorisation du SMIC intervenue en novembre 2024 ne semblent pas pris en compte dans les crédits pour 2025, ce qui pourrait aggraver encore davantage les déséquilibres. Ces incertitudes budgétaires, conjuguées à la diminution des moyens alloués et à la complexité des circuits de financement, pèsent lourdement sur l'action des SIAE. Certaines SIAE font déjà face à des licenciements, des fermetures d'activités, voire à la disparition pure et simple de leur structure. Aussi, elle souhaite savoir quelles mesures le Gouvernement entend mettre en œuvre pour sécuriser, à court et moyen termes, les financements nécessaires à la pérennité des SIAE et garantir une équité de traitement dans l'accès à la formation des salariés en parcours.
Réponse publiée le 1er juillet 2025
La loi de finances pour 2025 a globalement reconduit le financement de l'insertion par l'activité économique pour un montant de 1 389 millions d'euros en crédits de paiement dédiés aux aides au poste. Si une mesure d'économie de l'ordre de 4 % a été faite, elle est modérée par rapport à l'ampleur des économies, plus de 4 milliards d'euros, consenties par le ministère. Par ailleurs une plus grande souplesse a été donnée aux préfets pour répartir leurs crédits d'insertion entre entreprises adaptées, structures d'insertion par l'activité économique et contrats aidés au regard des réalités de terrain et de leurs priorités stratégiques. La formation constitue une composante essentielle des parcours d'insertion par l'activité économique vers l'insertion dans l'emploi durable. Conscient de l'importance de cet enjeu, le ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles a fait le choix de maintenir également un effort conséquent en préservant une enveloppe de 70 millions d'euros en autorisation d'engagement pour l'année 2025 sur le Plan d'investissement dans les compétences de l'insertion par l'activité économique (PIC IAE). En travaillant, en lien avec les Opérateurs de compétences (OPCO), à réduire le taux d'érosion entre le niveau d'engagement et le niveau de réalisation, ces crédits devraient permettre de financer un nombre d'actions de formation comparable à celui de 2024. Le calendrier de mise en œuvre du PIC IAE a été marqué par le contexte institutionnel et budgétaire, avec la promulgation tardive de la loi de finances initiale en début d'année et l'application du régime des services votés, limitant temporairement la capacité d'engagement de l'État. Dans ce contexte, les notifications budgétaires aux OPCO ont été effectuées début avril, à une date comparable aux années précédentes malgré un contexte inédit. De plus, la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) a informé les OPCO, dès que cela a été juridiquement possible, de la reconduction du PIC IAE pour 2025, de manière à leur permettre d'engager, sans délai, les actions de formation. Si la DGEFP a invité les OPCO à avoir une appréciation souple de l'engagement des formations, dans un souci de continuité et de soutien aux actions de formation, ceux-ci étant des organismes de droit privé, ils conservent une autonomie de décision, notamment à travers leur conseil d'administration. À ce titre, ils peuvent choisir de suivre ou non cette orientation, en fonction des arbitrages internes qui leur sont propres et de l'impératif de bonne gestion des crédits qui leur sont alloués. Par ailleurs, si le PIC IAE a vocation à favoriser le recours aux formations pour les salariés en parcours d'insertion, d'autres leviers tels que les plans régionaux d'investissement dans les compétences, mais également les plans régionaux de formation et l'offre portée par France Travail, peuvent être mobilisés en faveur des salariés en insertion. Les services de l'Etat travaillent actuellement à rendre cette offre plus visible afin de faciliter le recours à ces différentes sources de financement par les structures de l'insertion par l'activité économique.
Auteur : Mme Louise Morel
Type de question : Question écrite
Rubrique : Économie sociale et solidaire
Ministère interrogé : Travail, santé, solidarités et familles
Ministère répondant : Travail et emploi
Dates :
Question publiée le 20 mai 2025
Réponse publiée le 1er juillet 2025