Question écrite n° 8122 :
Minorités blanches en Afrique du Sud : position de la France

17e Législature

Question de : M. Nicolas Metzdorf
Nouvelle-Calédonie (1re circonscription) - Ensemble pour la République

M. Nicolas Metzdorf attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur les déclarations récentes du président des États-Unis, M. Donald Trump, affirmant publiquement que les populations blanches, notamment les Afrikaners et les fermiers boers, seraient victimes d'un « génocide » en Afrique du Sud. Ces propos, très largement diffusés sur les réseaux sociaux et repris dans certains médias américains et internationaux, évoquent des violences ciblées et une marginalisation systématique de cette minorité historique du pays. Si ces allégations ne sont pas nouvelles, leur résurgence dans le débat public international, à travers la voix d'un chef d'État, a ravivé une polémique ancienne sur la situation sécuritaire des fermiers blancs, et les tensions raciales persistantes. Les autorités sud-africaines ont vivement réfuté ces accusations, affirmant qu'il n'existe à ce jour ni politique officielle de discrimination à l'encontre des Blancs, ni élément objectif permettant de qualifier la situation de « génocide ». Plusieurs organisations indépendantes et chercheurs spécialisés dans les conflits ethniques ont également mis en garde contre l'emploi de ce terme, jugé inapproprié et potentiellement déstabilisateur dans un contexte social déjà tendu. La France entretient des relations anciennes, profondes et multiformes avec l'Afrique du Sud. Elle y défend des principes clairs en matière de droits humains, de respect des minorités, de sécurité des populations rurales et de promotion du dialogue dans les sociétés pluriculturelles. Il lui demande comment le Gouvernement analyse aujourd'hui la situation dans ce pays, quelle lecture il fait de ces accusations de « génocide » et comment il entend y répondre dans ses échanges bilatéraux et multilatéraux.

Réponse publiée le 2 septembre 2025

Le 21 mai 2025, des extraits vidéos et des coupures de presse ont été présentés par le Président des États-Unis au Président d'Afrique du Sud lors d'une conférence de presse dans le bureau ovale. D'après les informations du ministère de l'Europe et des affaires étrangères, ces éléments ont été présentés d'une manière qui les détourne de leur contexte d'origine. En effet, ces coupures de presse présentent des clichés issus de République démocratique du Congo, qui n'ont donc aucun lien avec l'Afrique du Sud. La vidéo qui a été diffusée, où l'on peut voir des rangées de croix blanches s'étendant le long d'une route, ne présente pas les sépultures de « milliers de fermiers blancs » (selon les termes du Président des États-Unis) mais est en réalité un mémorial avec des croix érigées en hommage à un couple de fermiers sud-africains tués en 2020. Le Président des États-Unis a également fait référence, à l'appui de ses allégations sur des persécutions à l'égard de la communauté blanche, à la loi sud-africaine d'expropriation des terres promulguée en janvier 2025. D'après nos informations, cette loi ne cible pas cette communauté en particulier. Par ailleurs, l'Afrique du Sud est un État de droit, dont la législation protège les minorités, et où la conception et la mise en œuvre des lois sont encadrées par le juge. Enfin, les chiffres démentent l'idée de violences qui cibleraient de manière disproportionnée la communauté blanche ou les fermiers blancs. Selon des sources fiables, sur les 27 000 homicides ayant eu lieu en Afrique du Sud entre mars 2023 et mars 2024, moins d'une cinquantaine concernent des fermes, soit moins de 0.2 % du total. Le Président Ramaphosa a cependant reconnu devant son homologue américain un problème de criminalité dans son pays. L'Afrique du Sud connaît des défis, dont la criminalité et les inégalités, mais est aussi une grande démocratie et un marché important pour nos entreprises. Le Gouvernement s'emploie à faire fructifier notre partenariat avec ce pays, qui préside le G20 cette année. Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères a reçu son homologue sud-africain pour des consultations bilatérales le 16 mai dernier et le vice-président sud-africain était à Paris la semaine suivante, accompagné d'une importante délégation de ministres et de représentants d'entreprises.

Données clés

Auteur : M. Nicolas Metzdorf

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 1er juillet 2025
Réponse publiée le 2 septembre 2025

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