Question orale n° 344 :
Sécurité des secours héliportés dans les Alpes-de-Haute-Provence

17e Législature

Question de : Mme Sophie Ricourt Vaginay
Alpes-de-Haute-Provence (2e circonscription) - UDR

Mme Sophie Ricourt Vaginay attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur la sécurité des secours héliportés dans les Alpes-de-Haute-Provence. Le département des Alpes-de-Haute-Provence, le plus vaste de la région Sud, est un territoire de montagne où les secours terrestres peinent à répondre efficacement à l'urgence, du fait de l'éloignement, du relief et de l'enclavement de nombreuses communes. Depuis 2020, l'hélicoptère de la section aérienne de gendarmerie de Digne-les-Bains, le Choucas 04, assure des missions vitales : secours en montagne, interventions médicalisées d'urgence, transferts interhospitaliers. Il est le seul moyen aérien permanent à disposition sur ce territoire étendu. En 2023, cet appareil a permis 473 missions de secours, dont 97 médicalisées par le SMUR. Ces chiffres traduisent une pression opérationnelle constante. Or cet hélicoptère doit prochainement être immobilisé pour une maintenance de longue durée, sans qu'aucune solution de remplacement pérenne ne soit annoncée. Pourtant, de nombreux départements disposent de plusieurs appareils, là où les Alpes-de-Haute-Provence n'en comptent qu'un seul. Il paraît indispensable d'affecter temporairement au moins un hélicoptère supplémentaire le temps de cette grande visite. Cette situation menace directement la continuité des secours sur ce territoire alpin, où ni les hélicoptères des départements voisins ni les moyens terrestres ne permettent une intervention dans des délais compatibles avec l'urgence vitale. Elle lui demande ainsi quelles dispositions il prévoit pour garantir la continuité des secours aériens durant l'immobilisation du Choucas 04, mais souhaite aussi savoir s'il envisage de renforcer durablement les moyens héliportés dans les zones de montagne, en commençant par les Alpes-de-Haute-Provence.

Réponse en séance, et publiée le 12 mars 2025

SECOURS HÉLIPORTÉS DANS LES ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE
Mme la présidente . La parole est à Mme Sophie Ricourt Vaginay, pour exposer sa question, n°  344, relative aux Secours héliportés dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Mme Sophie Ricourt Vaginay . Je prends la parole pour relayer l’inquiétude grandissante des habitants des Alpes-de-Haute-Provence, territoire magnifique mais parfois oublié. Le Choucas 04, hélicoptère de la gendarmerie basé à Digne-les-Bains, est bien plus qu'un appareil : il est la seule planche de salut aérienne pour des milliers de nos concitoyens. En 2023, il a effectué environ 500 missions de secours, dont près d'une centaine de missions médicalisées d’urgence.

Cet hélicoptère va être immobilisé pour une maintenance indispensable, mais aucune solution sérieuse de remplacement n'a été annoncée. Que vaut notre pacte social si la rapidité des secours dépend du code postal ? Un infarctus n’est pas moins grave à Barcelonnette qu’à Paris ; un accident grave n’est pas moins urgent dans les gorges du Verdon qu’à Marseille. Or chez nous, sans hélicoptère, l’urgence devient lente agonie. Nos vies valent-elles moins parce que nous vivons loin des métropoles ? Devons-nous accepter d’être des Français de seconde zone parce que nous avons choisi de vivre en montagne ou en milieu rural ?

Pendant que d’autres départements disposent de plusieurs appareils pour des zones d'intervention bien plus restreintes, nous devons nous débrouiller avec un seul hélicoptère pour plus de 6 900 kilomètres carrés. Et demain, sans hélicoptère, comment ferons-nous ? Devrons-nous attendre sur le bord de la route ?

Monsieur le ministre, j’attends de vous des réponses concrètes. Quelles mesures le gouvernement entend-il prendre immédiatement pour assurer la continuité des secours durant l’immobilisation du Choucas 04 ? Quand compte-t-il renforcer durablement les moyens héliportés dans les Alpes-de-Haute-Provence pour qu'ils soient à la hauteur des situations d'urgence vitale auxquelles nous sommes confrontés en permanence ?

L'égalité devant les secours est un impératif constitutionnel, pas un engagement à crédit. Les Bas-Alpins n’attendront pas : ils réclament, ici et maintenant, les moyens de vivre en sécurité, comme tout citoyen français est en droit d’exiger la protection de la République.

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur.

M. François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur . Il me semble évident que nous partageons tous le même souci de préserver le modèle de la sécurité civile pour que soient apportés à chacun de nos compatriotes, le plus rapidement possible, les secours nécessaires. Le Beauvau de la sécurité civile, qui arrive, lui aussi, à son terme, a d'ailleurs été l'occasion de recentrer les opérations et de redéfinir les missions.

La flotte aérienne de la gendarmerie est vieillissante et nécessite une vigilance particulière sur le plan de la maintenance ainsi qu'un renouvellement significatif. Plusieurs flottes d’hélicoptères, en particulier les EC145 C2, principalement utilisés en montagne, deviennent progressivement obsolètes, ce qui entraîne un allongement des périodes d'entretien et d’indisponibilité. Cette situation liée au vieillissement du parc des hélicoptères a été également aggravée par des difficultés externes à la gendarmerie liées à l’approvisionnement en pièces détachées et par la dégradation d'une machine de retour de la Guyane, où l'engagement des moyens aériens est également déterminant.

Dans ce contexte, la gendarmerie est contrainte de prendre des mesures de gestion. La section aérienne de la gendarmerie de Digne-les-Bains sera donc temporairement fermée, du 1er au 31 octobre 2025, pour conduire des opérations de maintenance de son appareil EC145. Pendant cette période, la couverture aérienne dans les territoires concernés sera maintenue et les missions d'urgence vitale seront assurées par un renfort mutuel mobilisant la section aérienne de la gendarmerie de Briançon et les autres hélicoptères de l’État limitrophes.

Pour remédier durablement à cette situation, seize hélicoptères de nouvelle génération – H160 et H145 D3 – ont été commandés. Ces appareils permettront une répartition garantissant aux sections aériennes de gendarmerie de disposer chacune d’un hélicoptère opérationnel jusqu’en 2028. Par ailleurs, des travaux complémentaires sont en cours concernant l’évolution de la flotte d'hélicoptères de la gendarmerie nationale.

Vous avez bien compris le problème auquel nous sommes confrontés : le matériel est vieillissant et doit être, dans un premier temps, réparé, ce qui prendra un mois, mais la sécurité de nos compatriotes sera assurée grâce aux renforts que nous avons prévus. Dans un second temps, l'achat de nouveaux matériels permettra de renouveler la flotte de la gendarmerie.

Mme la présidente . La parole est à Mme Sophie Ricourt Vaginay.

Mme Sophie Ricourt Vaginay . Monsieur le ministre, vous vous doutez bien que cette réponse est tout à fait insatisfaisante ! L'hélicoptère de Briançon est mobilisé dans toutes les stations des Hautes-Alpes, notamment l'hiver. Il est aussi fréquemment utilisé par le centre hospitalier.

D'autres départements disposent de plusieurs hélicoptères. Compte tenu de sa configuration, il est inadmissible qu'un département comme le nôtre ne bénéficie pas d'une couverture aérienne de secours. Nous demandons qu'un hélicoptère soit basé de manière permanente à Digne-les-Bains, y compris pendant les travaux de maintenance sur le Choucas 04.

Mme la présidente . La parole est à M. le ministre.

M. François-Noël Buffet, ministre . Sans allonger les débats, je répète ce que je vous ai dit : dans l'attente des nouveaux appareils, la sécurité aérienne sera assurée grâce au redéploiement de moyens de l'État. La situation est claire. Nous disposerons ensuite de nouveaux hélicoptères, plus récents, permettant de travailler de façon différente. En tout état de cause, la sécurité sera assurée.

Données clés

Auteur : Mme Sophie Ricourt Vaginay

Type de question : Question orale

Rubrique : Sécurité des biens et des personnes

Ministère interrogé : Intérieur

Ministère répondant : Intérieur

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 avril 2025

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