À l’initiative d’Aurélie Trouvé (Présidente de la commission), une délégation du bureau de la commission des affaires économiques, composée également de Charles Fournier, Pascal Lecamp et Jean-Pierre Vigier (Vice-présidents), s’est rendue à Mayotte 10 semaines après le cyclone Chido qui a ravagé le département. En vue de l’examen du projet de loi de refondation de Mayotte qui sera présenté devant le Parlement prochainement, la délégation a rencontré les élus locaux, agents de l’État, associations humanitaires et environnementales, agriculteurs, syndicats et entrepreneurs.
Après les dégâts considérables causés par le cyclone, il ne s’agit pas seulement de reconstruire, mais bien de construire Mayotte autrement, pour assurer à ce département français un développement économique à la hauteur des besoins de ses habitants. Les échanges avec ces divers représentants de Mayotte ont permis aux membres de la délégation d’identifier, pour assurer ce développement, plusieurs enjeux cruciaux qui relèvent, pour la plupart, des compétences de la commission des affaires économiques.
Pour attirer ou garder des travailleurs qualifiés et assurer aux entreprises de bonnes conditions de développement, la puissance publique doit se donner les moyens de répondre à des besoins essentiels, insuffisamment couverts à Mayotte : l’accès à l’école publique pour les enfants, la sécurité publique face à une insécurité chronique dont souffrent les Mahorais, la remise des installations de santé au niveau des réalités démographiques de l’île, l’amélioration des infrastructures de transport (les liaisons routières étant saturées), l’accès quotidien à l’eau courante, mais également à l’électricité, au logement, ainsi qu’un réseau d’assainissement et de gestion des déchets couvrant le territoire. La convergence des droits sociaux entre Mayotte et le reste de la France est un enjeu dont le Gouvernement et les parlementaires devront se saisir. La représentation nationale devra dans le même temps veiller à l’évolution des prix sur l’île, car l’alimentation comme l’eau en bouteille (importée), le carburant et les loyers connaissent des pressions importantes depuis le 14 décembre.
Les entreprises ont besoin pour se développer d’actifs qualifiés, d’un soutien accru à l’apprentissage (passant par la création de CFA), d’une offre de formation professionnelle adaptée, d’incitations sociales et fiscales transitoires importantes, d’un bien meilleur accès au crédit bancaire et aux assurances. Elles bénéficieraient également d’une antenne sur place de BPI France, en lien avec le réseau bancaire local. Il est aussi nécessaire d’accompagner la transformation de l’économie informelle, qui prive les collectivités de ressources indispensables, vers un modèle légal et fondé sur la coopération, afin de dessiner un avenir résilient pour Mayotte, à l’instar des filières agricoles émergentes rencontrées sur place.
Mayotte doit relever d’importants défis, mais les députés ont pu constater que l’île dispose d’atouts réels et notamment d’un fort potentiel touristique, qui pourraient en faire un territoire exemplaire, en créant les conditions de son autonomie alimentaire et énergétique. Elle peut être un territoire pilote, en particulier de l’économie de la mer. Enfin, Mayotte peut aussi s’appuyer sur son réseau de TPE-PME, d’artisans et d’entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire pour participer à ce nouvel avenir.