Rubrique > enseignement supérieur
Titre > MonMaster, une sélection chaotique et injuste
Mme Anne Stambach-Terrenoir alerte Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la première session de la plateforme MonMaster, chargée de répertorier les résultats de sélection à l'entrée du master 1. Les étudiants n'ont de cesse de faire remonter les dysfonctionnements techniques de cette plateforme : formations ouvertes aux candidatures et finalement fermées à la rentrée, formations qui disparaissent puis réapparaissent sur la plateforme, problèmes de téléchargement et de lecture des pièces-jointes pouvant constituer un motif de refus pour « dossier incomplet », erreurs dans les résultats d'admission affichés obligeant l'étudiant à contacter l'établissement en parallèle, envoi d'une date de réception des réponses erronée, opacité sur la gestion des données personnelles des candidats, listes des places disponibles en phase complémentaire non exhaustives, dysfonctionnements ne permettant pas de s'inscrire avant la date limite du 21 juillet 2023 avec pour conséquence la perte automatique de la place obtenue par l'étudiant, etc. Cette défaillance généralisée pèse également sur les enseignants et responsables de master, obligés de télécharger le dossier de chaque candidat à la main alors qu'ils reçoivent souvent plusieurs centaines de candidatures. Les enseignants demandaient à ce qu'il soit possible de télécharger tous les dossiers des candidats en une opération, mais le ministère n'a formulé aucune réponse. Enfin, en l'absence de communication ministérielle sur l'existence d'une phase complémentaire, des universités ont pris l'initiative de ré-utiliser la plateforme E-candidat pour remplir les places vacantes. Quand le ministère annonce finalement la mise en place d'une phase complémentaire, les étudiants sont informés la veille au soir de sa mise en œuvre. Les associations et syndicats étudiants se sont ainsi chargés d'informer eux-mêmes les étudiants en l'absence de communication ministérielle. Cette organisation hâtive et avancée par le Gouvernement témoigne d'un mépris profond pour ce que ressentent les étudiants. À l'heure où plus de 26 000 étudiants sont toujours sans affectation, Mme la ministre se félicite ainsi du nombre d'étudiants inscrits en master 1. En réalité, de nombreux étudiants ont élargi leurs candidatures à des mentions de master qui ne correspondent pas à leur projet dans l'unique but de remplir les conditions de saisine du recteur en cas d'absence de proposition d'admission. Le droit à la poursuite d'études est ainsi subordonné au bon fonctionnement aléatoire de la plateforme avec comme filet de secours la possibilité de formuler un recours au recteur. Les services du rectorat se voient attribuer la responsabilité d'un échec annoncé en étant contraints d'examiner chaque dossier, identifier les formations correspondantes puis négocier des places, tout cela avant la rentrée académique. En cas d'échecs successifs malgré la validité de leur dossier, la perspective donnée aux étudiants est un « droit à la reprise d'étude » ou une invitation à abandonner leur parcours académique pour acquérir de l'expérience professionnelle, sans garantie de pouvoir intégrer la formation qu'ils souhaitent par la suite. Tout est fait pour ne pas admettre le problème que pose le manque de places au sein des masters les plus demandés. Ce manque de places est tel que les formations sont contraintes de présenter des motifs de refus sans lien avec le dossier du candidat. Le silence est l'issue cynique choisie pour ignorer les remontées qui témoignent de l'état de tension actuel. Plus qu'un exemple de la façon dont le Gouvernement ne prend pas au sérieux l'enseignement supérieur, la plateforme MonMaster s'annonce comme un cauchemar éveillé imposé aux étudiants pour les prochaines années. Elle lui demande donc quels moyens seront mis en place à l'avenir pour empêcher cette défaillance unanimement reconnue parmi les étudiants et enseignants. Elle lui demande également si sera mise en place une nouvelle concertation auprès des partenaires de la communauté académique pour étudier une alternative à cette plateforme.