Rubrique > drogue
Titre > Crise du crack dans le nord-est parisien
Mme Sarah Legrain interroge M. le ministre de la santé et de la prévention sur sa stratégie de lutte contre la « crise du crack » dans le nord-est parisien. Mme la députée a saisi M. le ministre par courrier le 18 novembre 2022 à propos de la situation des scènes de consommation de drogues à ciel ouvert dans le nord-est parisien. Et tout particulièrement dans sa circonscription, qui couvre une grande partie du 19e arrondissement dont la Porte d'Aubervilliers, la Porte de la Villette et la Porte de Pantin. Sauf erreur de sa part, ce courrier est resté sans réponse. Depuis sa nomination, M. le ministre, à ce sujet, c'est silence radio. Alors Mme la députée le lui redemande aujourd'hui solennellement : quelle est sa stratégie face à cette crise du crack ? Voici un point sur la situation, à toutes fins utiles. Le 5 octobre 2022, grâce la mobilisation des riverains, le campement de Forceval a été démantelé après un an de pourrissement de la situation. Sur plus de 500 personnes évacuées, la préfecture a annoncé en avoir hébergé 71, avec possibilité d'un accompagnement médico-social et administratif. Mais les usagers de drogue continuent d'errer dans le nord-est parisien. On assiste ainsi désormais à des micro-scènes de consommation à ciel ouvert installées ici et là, aux abords des grandes artères. Cette situation d'abandon est synonyme d'une souffrance indicible pour les consommateurs de crack, de nuisances et d'une insécurité insoutenable pour les riverains, d'un épuisement à la tâche pour les forces de police. Cette évacuation aura donc ressemblé à toutes les précédentes : une dispersion manu militari, sans lien avec les acteurs locaux, les élus et les associations de terrain. Et surtout, sans le moindre espoir de faire cesser l'errance des usagers de drogues, faute de dispositif sanitaire et social adapté. Le préfet de police de Paris, M. Laurent Nuñez, que Mme la députée a rencontré en octobre 2022, semble convaincu lui aussi que les moyens sécuritaires qu'il déploie ne suffisent pas et qu'une stratégie de déploiement de moyens médico-sociaux est indispensable si on veut mettre un terme aux décennies de crise du crack. Mais il n'a pu que renvoyer la question à de futurs arbitrages gouvernementaux, dont on ignore tout à ce jour. Avec les associations, Mme la députée déplore un manque de transparence sur le contenu du futur « plan crack » annoncé. Pourquoi, comme députée, n'est-elle pas associée aux discussions sur le sujet ? Pourquoi ignore-t-on toujours quels dispositifs sont prévus et avec quels moyens associés ? On entend parler d'arbitrages politiques qui ne seraient pas tranchés : est-ce trop demander que de vouloir connaître la position que M. le ministre y défend ? Faut-il déduire du silence de M. le ministre et de l'omniprésence du ministre de l'intérieur que ce sujet de santé publique ne suscitera jamais qu'une approche répressive et sécuritaire, vouée à l'échec ? En bref, elle lui demande s'il est vain de continuer à espérer la mise en œuvre de solutions préventives et médico-sociales pérennes pour résorber les sites de consommation à ciel ouvert, comme le demandent aussi bien riverains qu'usagers de drogues.
CRACK DANS LE NORD-EST PARISIEN