Rubrique > frontaliers
Titre > Télétravail des travailleurs transfrontaliers
Mme Françoise Buffet interroge M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion sur les difficultés liées au télétravail pour les travailleurs transfrontaliers. Dans le cadre de la crise sanitaire, les États membres de l'Union européenne ont mis en place une période de flexibilité en faveur des travailleurs transfrontaliers qui exercent une part substantielle de leur activité en télétravail dans leur État de résidence. Cela permettait d'éviter un changement de législation applicable en matière de couverture sociale du fait d'un recours accru au télétravail. Ces dispositions exceptionnelles devaient s'éteindre en juin 2022, faisant courir le risque aux télétravailleurs d'un retour en arrière. Elles ont été prolongées une première fois jusqu'au 31 décembre 2023, puis une seconde fois jusqu'au 30 juin 2023. Ces délais doivent permettre de mener à leur terme les travaux de la Commission administrative pour la coordination des systèmes de sécurité sociale afin de faire évoluer le droit européen. On l'a en effet constaté en France : la crise du covid a été un catalyseur pour le développement du télétravail. Aujourd'hui, de nombreux salariés en sont demandeurs, de même que des employeurs. On en connaît les raisons : moins de perte de temps et d'argent dans les transports ; une organisation du temps de travail plus flexible qui permet, notamment, de concilier emploi et vie de famille ; ou encore une réduction du stress, qui permet aux salariés d'être plus efficaces et de mieux vivre leur emploi. Face à cette nouvelle aspiration, une inégalité pourrait se faire jour entre les salariés qui exercent leur emploi sur le territoire national et ceux qui télétravaillent. En raison des règles sociales, les transfrontaliers pourraient en effet être contraints de réduire leur temps de télétravail, alors que ce n'est généralement souhaité ni par eux-mêmes, ni par leurs employeurs. L'exemple de l'un des habitants de sa circonscription que Mme la députée a rencontré à ce sujet est frappant : habitant de Lingolsheim, dans le Bas-Rhin, il est employé par une entreprise allemande. Le développement du télétravail durant le covid lui a permis d'être disponible pour s'occuper de son fils handicapé. Par ailleurs, le gain de temps dans les transports et la réduction du stress ont amélioré sa productivité, si bien que son employeur comme lui-même plébiscitent aujourd'hui le recours au télétravail. Pourtant, il pourrait être contraint de revenir travailler en Allemagne si les accords devaient s'éteindre sans modification du droit. À l'évidence, cet exemple est loin d'être isolé. La crise a conduit à une remise en cause des priorités et à une évolution du rapport au travail. Il convient d'accompagner ces changements et non de les brider. Aussi, face ce qui apparaîtrait aux yeux des travailleurs transfrontaliers comme un retour en arrière, elle lui demande comment il serait possible de défendre auprès des autres ministres du travail des États membres de l'Union européenne et de la commission administrative une évolution du droit afin de garantir à ces employés la possibilité de télétravailler comme leurs homologues nationaux.
TÉLÉTRAVAIL DES TRAVAILLEURS FRONTALIERS