Question au Gouvernement n° 1237 :
crise de l'hôpital public

16e Législature

Question de : M. Frédéric Boccaletti
Var (7e circonscription) - Rassemblement National

Question posée en séance, et publiée le 25 octobre 2023


CRISE DE L'HÔPITAL PUBLIC

Mme la présidente. La parole est à M. Frédéric Boccaletti.

M. Frédéric Boccaletti. Monsieur le ministre de la santé, en temps normal, on débat de l’hôpital public lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Mais, ici, personne n’est dupe : il n’y aura pas de débat. Nous savons tous que la Première ministre est sur le point de mépriser à nouveau les Français avec un quatorzième 49.3.

M. Jocelyn Dessigny. Eh oui !

M. Frédéric Boccaletti. Puisque vous n’écoutez pas non plus les personnels soignants, je vais me faire leur porte-voix dans cet hémicycle.

Une députée du groupe RE . Ben voyons !

M. Frédéric Boccaletti. « En 2017, le rapport du Sénat alertait sur les conséquences des fermetures de lits. Pourtant, le Gouvernement a continué à en fermer […] La santé, c’est du régalien. Sanctuarisez le budget de l’hôpital public à un niveau conséquent ! » Ces mots ne sont pas les miens mais ceux d’un médecin urgentiste de l’hôpital de Sainte Musse, situé dans la métropole toulonnaise.

« Le personnel en maladie n’est pas remplacé : on accumule les semaines de 60 heures […] Avec les fermetures des services d’urgence ailleurs dans le Var, nous subissons une hausse d’activité sans renforts […] Le service des urgences de Brignoles va perdre deux médecins. S’il ferme, alors, ça craquera, nous n’y arriverons pas. […] Des patients restent jusqu’à dix jours aux urgences par manque de lits. […] Si une autre crise devait advenir, nous serions incapables de faire face. ».

Ces mots ne sont pas les miens mais ceux des membres du collectif Urgences de Sainte Musse, que j’ai rencontrés samedi dernier. Ils sont à bout de souffle. Le 13 octobre, la quasi-totalité du personnel était en arrêt maladie. Ils sont épuisés, physiquement et moralement.

Mme Christine Arrighi. Nous aussi : c'est vous qui nous épuisez !

M. Frédéric Boccaletti. Le service des urgences de Sainte Musse est le reflet de ce qui se passe partout en France. Si l’hôpital va mal, les services d’urgence sont à l’agonie. Monsieur le ministre, quand allez-vous allouer à l'hôpital public les moyens humains et financiers nécessaires pour le sauver ? (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé.

M. Thibault Bazin et M. Pierre Cordier . Et à sa fiche !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé. Vous m'interrogez sur la situation des urgences, notamment dans le Var, où l'été a été particulièrement difficile.

M. Marc Le Fur. Il n'y a pas que le Var : c'est partout pareil !

M. Jean-Pierre Taite. C'est le cas dans tous les départements de France !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. J'ai dit : « notamment ».

Je tiens à saluer une nouvelle fois l'engagement de l'ensemble des professionnels de santé. Le travail mené par l'agence régionale de santé avec les élus locaux a permis, il faut le souligner, de mieux anticiper les difficultés. La situation la plus délicate est sans doute celle des urgences de Toulon, où un mouvement spontané a conduit beaucoup de professionnels de santé à se mettre en arrêt de travail. De nombreuses consultations ont été organisées, si bien que le dialogue a été renoué – je tiens à saluer l'engagement de ces professionnels – et que l'activité a pu reprendre.

Aurélien Rousseau et moi nous sommes très attentifs…

M. Pierre Cordier. Oui, bien sûr !

Mme Marie-Christine Dalloz. Rien ne bouge !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée . …aux conclusions de la concertation qui sera menée par les professionnels de santé.

Mais la situation du Var n'est pas isolée. Je tiens donc à rappeler combien le travail de fond que nous avons engagé concernant l'hôpital, en particulier les urgences, est essentiel. Oui, les difficultés sont réelles, et les urgences ne sont que le symptôme de problèmes bien plus profonds.

M. Jean-Pierre Taite. Si les salaires étaient les mêmes dans le public et dans le privé, on aurait moins de problèmes !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. Elles ont fait l'objet de décisions très importantes depuis le mois de juillet 2022 : soutien aux personnels travaillant dans les services d'urgence, organisations innovantes élaborées avec les acteurs, nouvelles complémentarités entre les professionnels de santé.

Notre préoccupation, c'est le bon fonctionnement de la filière urgences, de l'amont à l'aval. On le sait, ces services ne fonctionnent bien que lorsque le parcours des patients est fluide.

M. Frédéric Boccaletti. C'est convaincant…

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée . Il nous faut donc, en amont, généraliser les services d'accès aux soins (SAS) et, en aval, mieux organiser les flux puis, bien sûr, rouvrir des lits.

Une députée du groupe LR . Augmentez les salaires !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée . Nous ne rouvrirons des lits que s'il y a des professionnels de santé qui travaillent.

Vous le voyez, les services de l'État et le Gouvernement sont pleinement mobilisés !

Mme la présidente. La parole est à M. Frédéric Boccaletti.

M. Frédéric Boccaletti. Excusez-moi, mais vos propos ne sont absolument pas convaincants et ne sont pas au niveau de ce qu'attendent les soignants.

M. Pierre Cordier. Vous n'avez pas répondu, madame la ministre !

M. Frédéric Boccaletti. Mais ce n'est pas étonnant puisque le ministre de la santé est un ancien directeur d'ARS. L'hôpital public est au fond du trou, et vous continuez à creuser, encore et encore ! À la prochaine crise, le système s'écroulera…

M. Thibault Bazin et M. Jean-Pierre Taite . Il a raison !

M. Frédéric Boccaletti. …et vous porterez l'entière responsabilité du drame sanitaire qui s'annonce.

Mme la présidente. Merci.

M. Frédéric Boccaletti. Alors, réveillez-vous : l'hôpital public est… (Mme la présidente coupe le micro de l'orateur, dont le temps de parole est écoulé. – Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

Données clés

Auteur : M. Frédéric Boccaletti

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Établissements de santé

Ministère interrogé : Organisation territoriale et professions de santé

Ministère répondant : Organisation territoriale et professions de santé

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 25 octobre 2023

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