Question au Gouvernement n° 1684 :
Plan contre le narcotrafic à Marseille

16e Législature

Question de : M. Lionel Royer-Perreaut
Bouches-du-Rhône (6e circonscription) - Renaissance

Question posée en séance, et publiée le 20 mars 2024


PLAN CONTRE LE NARCOTRAFIC À MARSEILLE

Mme la présidente. La parole est à M. Lionel Royer-Perreaut.

M. Lionel Royer-Perreaut. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Yoda et DZ Mafia sont deux clans, deux organisations criminelles qui se partagent le juteux marché des narcotrafics à Marseille.

Ce matin, le Président de la République, le ministre de l'intérieur et le garde des sceaux se sont rendus à La Castellane, dans la cité phocéenne, pour lancer l'opération Place nette XXL. Après le renforcement des effectifs de police, de justice et de douane dans le cadre du plan Marseille en grand, après les innombrables opérations de pilonnage des lieux de trafics, cette opération de grande envergure vient consolider et conforter la guerre sans merci que l'État et le Gouvernement livrent à ces clans criminels. Jamais, jamais, aucun gouvernement n'aura déployé autant de moyens pour lutter contre ces organisations tentaculaires.

L'année 2023 a été particulièrement meurtrière : quarante-neuf personnes, ont été assassinées, parmi lesquelles quatre innocents. (M. Sébastien Delogu s'exclame.) En cet instant, je pense à Socayna, qui habitait dans la cité de Saint-This, située dans ma circonscription, qui est morte dans sa chambre alors qu'elle étudiait tranquillement. La réalité, c'est que ces trafics gangrènent tout Marseille, et pas seulement les quartiers nord. De l'Ouest à l'Est, du Sud au Nord, ces deux clans font régner la terreur et assignent à résidence des milliers d'habitants. Des tirs ont retenti ce week-end, en plein après-midi, à la Cayolle, et, la semaine dernière, à Château Saint-Loup ; à chaque fois, à deux pas d'une école.

M. Fabien Roussel. Que fait Macron ? Qu'il envoie des troupes !

M. Lionel Royer-Perreaut. Sans parler de ces noyaux villageois, tels La Capelette ou Saint-Loup, qui voient se multiplier des commerces dont la seule utilité est de blanchir l'argent sale. Ces derniers jours, les magistrats marseillais ont vivement réagi à la tournure que prenaient ces événements et à leur généralisation sur le territoire national.

Aussi, monsieur le Premier ministre, pouvez-vous indiquer à la représentation nationale l'esprit de ces opérations Place nette, les résultats déjà observés et ceux attendus ? Les Marseillais, tous les Marseillais, ont besoin d'être rassurés. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

Mme la présidente. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Gabriel Attal, Premier ministre. Vous le savez bien, vous qui, au quotidien, êtes auprès des Marseillais, des jeunes, des familles, des femmes et des hommes des quartiers : la drogue est la mère de tous les vices.

M. Maxime Minot. Allô ? Ce n'est pas du tout téléphoné !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Elle détruit des familles entières, elle corrompt notre jeunesse, elle broie des vies. Elle est le berceau de toutes les délinquances, de la violence, du trafic d'armes, des règlements de comptes. Le trafic de drogue est une gangrène pour notre pays. Il ravage des quartiers, des villes, parfois même des villages. (M. Sébastien Delogu s'exclame.) Quand on emprunte la voie du trafic de drogue, il y a souvent la mort au bout du chemin.

Monsieur le député, je connais votre détermination, votre implication. Devant vous, comme devant toute la représentation nationale, j'en fais le serment, avec le Président de la République et le ministre de l'intérieur : nous ne faiblirons jamais, nous ne renoncerons jamais, nous n'aurons jamais la main qui tremble. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.) La lutte contre les trafiquants est une priorité ; c'est même un devoir national.

Nous mènerons cette bataille sans compter, à Marseille, comme sur tout le territoire. Nous nous attaquerons à tous les réseaux, de la base jusqu'au sommet. (M. Sébastien Delogu s'exclame.) Nous nous attaquerons un à un à tous les points de deal.

Avec vous et, je l'espère, toute la représentation nationale, je veux rendre hommage aux forces de l'ordre qui se battent au quotidien et accomplissent un travail absolument exceptionnel (Applaudissements sur les bancs des groupes RE, Dem et HOR, et sur plusieurs bancs des groupes LR. – M. Roger Chudeau applaudit aussi), et aux magistrats qui dirigent les enquêtes et qui n'abandonnent jamais rien. (M. Sébastien Delogu s'exclame.)

Ce matin, nous avons décidé de frapper un grand coup. Nous avons donné un grand coup de pied aux trafics de drogue à Marseille, en menant une opération XXL, qui est préparée depuis des mois, après un travail d'enquête exceptionnel, accompli sous l'autorité du parquet. L'opération menée dans tous les quartiers – une cité de votre circonscription est d'ailleurs concernée –, et pas seulement dans les quartiers nord, avec le déploiement de 900 policiers et gendarmes, des moyens aériens et l'appui du Raid – recherche assistance intervention dissuasion –, était d'une telle ampleur que le Président de la République a choisi de s'y rendre et de venir saluer le travail de tous ceux qui y ont contribué. Comme il l'a annoncé tout à l'heure, elle a conduit à plus de quatre-vingts interpellations et à une soixantaine de gardes à vue.

M. Pierre Cordier. Gérald Darmanin, sors de ce corps !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Faire place nette, c'est dégager le terrain, c'est affirmer la loi et l'ordre partout, c'est aussi rester sur le terrain pour éviter que les points de deal ne soient réinstallés à peine la police partie – pendant trois semaines, les moyens policiers resteront engagés. (MM. Sylvain Maillard et Didier Parakian applaudissent.)

M. Emeric Salmon. Donc, dans trois semaines, c'est terminé ?

M. Gabriel Attal, Premier ministre . Mais tout n'a pas commencé ce matin, loin de là. La lutte contre les trafics, c'est évidemment un marathon. Elle dépend, à long terme, de notre capacité à ne jamais baisser la garde. À Marseille, le pilonnage des points de deal, qui est réalisé depuis des années, a des résultats : démantèlement définitif de soixante-dix points de deal, record des saisies – 7 tonnes de cannabis, par exemple – et du nombre d'interpellations de trafiquants en 2023, qui s'est élevé à 2 350. C'est le résultat de notre stratégie et de notre détermination. C'est le fruit des moyens exceptionnels déployés à Marseille, notamment grâce au plan Marseille en grand, annoncé par le Président de la République. Je le rappelle, 450 policiers supplémentaires y ont été affectés en trois ans, trois compagnies de CRS sont déployées chaque jour, 50 magistrats et près de 100 greffiers supplémentaires y ont pris leurs fonctions en sept ans.

Je sais que vous partagez mon objectif : ne jamais laisser les trafiquants dormir tranquille. La loi se rappellera toujours à eux ; qu'ils sachent que la République viendra toujours les chercher. Nous continuerons, ce n'est qu'un début. D'autres opérations seront menées, que ce soit à Marseille ou ailleurs en France. Nous agirons sur tous les fronts. Je veux que nous tapions au porte-monnaie des dealers ; il y a des traces de sang sur l'argent de la drogue. Nous renforcerons notre action, nous bloquerons les avoirs des trafiquants, comme je m'y suis engagé dans ma déclaration de politique générale.

En matière de lutte contre les stupéfiants, face aux donneurs de leçons qui n'ont jamais rien tenté ni rien fait en la matière (Applaudissements sur les bancs du groupe RE) ; face aux défaitistes qui nous expliquent à longueur de journée qu'on n'y arrivera jamais, et qui méprisent en permanence le travail de nos forces de l'ordre ; face aux laxistes qui croient encore que la consommation de drogue est bien pardonnable, qu'elle est festive…

M. Fabien Di Filippo. Il y en a quelques-uns dans votre majorité !

M. Gabriel Attal, Premier ministre . …et que la lutte contre les trafics serait une question de morale, Gérald Darmanin, Éric Dupond-Moretti et moi avons un devoir vis-à-vis de ces habitants, dont la vie est gâchée par les trafics, et de ces familles qui ont perdu un enfant ou un proche dans un règlement de compte. Ce devoir, c'est de faire respecter partout la loi et l'ordre, de ne jamais céder un millimètre aux trafiquants. Alors, cage d'escalier par cage d'escalier, point de deal par point de deal, nous combattrons les trafiquants et le trafic de drogue. Oui, cela prendra du temps. Oui, il faudra encore fournir des efforts. Mais non, nous ne renoncerons jamais. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE, M. Didier Parakian s'étant levé, ainsi que sur les bancs des groupes Dem et HOR.)

Données clés

Auteur : M. Lionel Royer-Perreaut

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Ordre public

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 mars 2024

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