Situation des finances publiques
Question de :
Mme Véronique Louwagie
Orne (2e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 27 mars 2024
SITUATION DES FINANCES PUBLIQUES
Mme la présidente . La parole est à Mme Véronique Louwagie.
Mme Véronique Louwagie . Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.
M. Olivier Marleix . Et de la dette !
Mme Véronique Louwagie . Je constate que 2023 restera factuellement une année noire pour nos finances publiques, qui connaissent un déficit de 5,5 %, très éloigné de votre objectif de 4,9 %. C'est 15,8 milliards de plus que prévu.
M. Patrick Hetzel . Eh oui !
M. Fabien Di Filippo . La méthode Coué a ses limites !
Mme Véronique Louwagie . Ce déficit, plus grave encore qu'en 2022, restera le deuxième pire déficit de notre histoire, après celui de 2020.
M. Fabien Di Filippo . Sacré palmarès !
Mme Véronique Louwagie . Cela confirme le déclassement de la France, qui affichera dès l'an prochain l'un des pires déficits en Europe. Pour masquer vos échecs, vous vous réfugiez derrière des excuses telles que la conjoncture économique ou la situation internationale. Selon vous, rien n'était prévisible. C'est oublier un peu vite que ce désastre budgétaire était annoncé et qu'il résulte de graves erreurs dans vos prévisions de croissance.
M. Fabien Di Filippo . Nous vous avons prévenu plusieurs fois !
Mme Véronique Louwagie . C'est oublier que les députés du groupe Les Républicains ne cessent de vous mettre en garde et que nous avions tiré la sonnette d'alarme.
M. Olivier Marleix . Eh oui !
Mme Véronique Louwagie . Depuis 2017, nous vous parlons de dette, de charge de la dette et de dépense publique. À l'automne 2022, nous avons émis des propositions qui auraient permis de réaliser 20 milliards d'euros d'économies d'ici à 2027 et 30 milliards d'euros d'économies d'ici à 2030.
M. Fabien Di Filippo . C'est cela, la responsabilité !
Mme Véronique Louwagie . À l'automne 2023, nous avons construit un contre-budget qui aurait permis de réaliser 25 milliards d'euros d'économies en 2024. Malgré cela, vous ne nous entendez pas ; vous raillez nos propositions et foncez droit dans le mur budgétaire.
Vous affirmez que votre gouvernement n'est pas resté sans réagir, mais, alors que les dépenses budgétaires ont augmenté de 300 milliards d'euros depuis 2017, vous appliquez la seule logique du rabot et annulez 10 milliards d'euros de crédits, sans prendre en considération ni l'efficience ni l'efficacité des dépenses. La politique n'est pas seulement affaire de gestion et de réaction : il s'agit de prévoir. Ces résultats sont la preuve de l'échec de votre politique.
M. Patrick Hetzel . Elle a raison !
Mme Véronique Louwagie . Que comptez-vous faire ?
M. Raphaël Schellenberger . Écrire un livre !
M. Pierre-Henri Dumont . Verser vos droits d'auteur au budget de l'État !
Mme Véronique Louwagie . À quand les choix forts qui concrétiseront ce que M. le Premier ministre a qualifié de « fil rouge » ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
Mme la présidente . La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.
M. Raphaël Schellenberger . Et de l'édition !
M. Laurent Jacobelli . Et de la faillite !
M. Bruno Le Maire, ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique . Madame Louwagie, je connais et je salue votre honnêteté et votre rigueur en matière de finances publiques. Je n'en dirai pas autant du reste de votre groupe, à commencer par son président. (« Ah ! » et exclamations sur les bancs du groupe LR.) En lisant ce matin l'excellent journal Le Figaro – oui, il m'arrive aussi de lire L'Humanité ou Libération –, j'ai découvert les mots d'Olivier Marleix : « De François Fillon à Valérie Pécresse, nous avons toujours assumé l'urgence du redressement des comptes. C'est pour [cela] que nous avons assumé avec courage de voter la réforme des retraites. »
M. Olivier Marleix . Ne nous donnez pas de leçons !
Mme Véronique Louwagie . C'est moi qui vous ai posé la question !
M. Bruno Le Maire, ministre . Dernière nouvelle ! J'ignorais que le groupe Les Républicains avait voté la réforme des retraites. (Exclamations prolongées sur les bancs du groupe LR. - Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RE et Dem.)
M. Sébastien Jumel et M. Stéphane Peu . Eh non, puisqu'il n'y a pas eu de vote !
M. Bruno Le Maire, ministre . Bientôt, nous allons apprendre que vous avez soutenu le Ceta, l'Accord économique et commercial global ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RE.) D'ailleurs, il est vrai que vous l'avez soutenu, mais c'était en 2008, lorsque Nicolas Sarkozy l'a proposé au peuple français. En 2019, vous avez voté contre, à la seule exception de Constance Le Grip, dont je salue la cohérence. (Mêmes mouvements.)
Selon vous, vous avez toujours assumé l'urgence du redressement des comptes publics. C'est sans doute pour cela que vous avez voté pour introduire 127 milliards d'euros de dépenses supplémentaires dans le projet de loi de finances pour 2024, que vous avez défendu le maintien du bouclier énergétique, ce qui aurait coûté 6 milliards d'euros, et qu'Éric Ciotti a proposé baisser de 15 centimes les taxes sur l'essence, ce qui aurait coûté 12 milliards d'euros. Je vous épargne les 1 743 amendements déposés par le groupe Les Républicains, qui auraient coûté au total 127 milliards d'euros, car je n'ai que deux minutes, hélas. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RE. – Vives exclamations sur les bancs du groupe LR.)
M. Patrick Hetzel . Mais quel enfumage !
M. Raphaël Schellenberger . Bientôt, nous allons apprendre que vous savez tenir des comptes !
M. Pierre-Henri Dumont . Cela fait sept ans que vous êtes au pouvoir !
M. Raphaël Schellenberger . On aimerait bien savoir ce que l'ancien Bruno Le Maire penserait du Bruno Le Maire actuel !
M. Bruno Le Maire, ministre . La seule chose qui compte, c'est l'intérêt de la France. Je vous ai dit que ma porte était ouverte pour étudier ensemble les moyens de réduire la dépense publique. Convié à la réunion que j'organise début avril, le président de votre groupe répond qu'il n'y participera « certainement pas ». Je trouve cela désolant. Madame Louwagie, je compte sur votre présence : ma porte est toujours ouverte pour parler non de vos dépenses, mais de nos économies !
M. Fabien Di Filippo . Nous avons déjà essayé !
Mme la présidente . La parole est à Mme Véronique Louwagie.
Mme Véronique Louwagie . Puisque vous comptez sur ma présence, j'aurais aimé, monsieur le ministre, que vous me répondiez plutôt qu'à M. Marleix, notre président de groupe. (Applaudissements et « Très bien ! » sur les bancs du groupe LR.)
M. Pierre-Henri Dumont . C'est très sexiste !
Auteur : Mme Véronique Louwagie
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Finances publiques
Ministère interrogé : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique
Ministère répondant : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 mars 2024