Rubrique > retraites : généralités
Titre > Impact de la contre-réforme sur le niveau de vie des futurs retraités
M. Arnaud Le Gall interroge M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique sur le fait que, pour défendre sa contre-réforme des retraites, le Gouvernement utilise souvent la comparaison internationale. La France serait une exception dans l'Union européenne, voire dans le monde. Un îlot irrationnel et hédoniste au milieu de nations raisonnables dont la population active n'aurait pas, elle, regimbé à travailler plus longtemps. Ce raisonnement repose notamment sur deux mensonges par omission. Premier mensonge par omission : l'âge légal du départ à la retraite doit être distingué de l'âge de départ effectif. Or pour limiter les décotes, les Français et Françaises partent en moyenne plus tard à la retraite que les autres salariés européens : 64,5 ans en France, contre 63,9 ans en UE (et 63,8 ans dans l'OCDE). Depuis 2011, l'UE a demandé huit fois, à la France, de reculer l'âge de départ à la retraite afin de respecter le totem des « 3 % de déficit », norme strictement comptable dont l'efficacité macro-économique est plus que contestable. Surtout, c'est M. le ministre qui a créé les déficits dans le budget de l'État qu'il prétend à présent combler en s'attaquant au système des retraites. Comment ? En versant, sans aucune contrepartie, des aides qui ont explosé pour atteindre aujourd'hui 6,4 % du PIB, soit plus de 30 % du budget de l'État. En pure perte. Par conséquent, comme l'a dit lui-même le président du COR, « les dépenses du système des retraites ne dérapent pas. Mais elles ne sont pas compatibles avec les objectifs de politique économique et de finances publiques du Gouvernement ». Là réside la véritable raison d'être de cette contre-réforme. Deuxième mensonge par omission : à chaque fois qu'un pays a repoussé l'âge de départ à la retraite, le taux de pauvreté des retraités a augmenté. Aujourd'hui, si le taux de pauvreté des retraités français est le deuxième plus bas de l'UE, avec 10,1 %, c'est aussi parce que l'âge de départ légal à la retraite est un des plus bas. On peut prendre, a contrario, le cas de l'Allemagne. Depuis 2007, l'âge de départ à la retraite recule d'un mois tous les ans, pour atteindre 67 ans en 2031 et passer de 43 à 45 annuités d'ici 2029. Dans le même temps, les pensions versées en moyenne chuteront de 52,6 % des salaires en 2005, à 43 % en 2030. Le taux de pauvreté des seniors est passé de 15,1 % en 2012 à 19,3 % en 2021. Là aussi, ce sont les femmes qui sont les plus touchées. Idem aux Pays-Bas. 5,9 % de retraités pauvres en 2013. Et 16,7 % aujourd'hui, depuis que l'âge de départ est passé à 66 ans. Plus de dix points en dix ans. Dix points en dix ans. Et l'on pourrait multiplier les exemples. Cette hausse du taux de pauvreté proportionnelle au recul de l'âge de départ à la retraite s'explique par le fait que beaucoup de travailleurs et travailleuses soit ne sont plus en capacité physique d'exercer d'emploi passés 60 ans, soit subissent le chômage. Dans les deux cas, ils quittent donc plus tôt le monde de l'emploi et ne bénéficient pas d'une retraite à taux plein. En 2021, en France, seuls 56 % des 55-64 ans occupaient un emploi, tandis que l'espérance de vie en bonne santé était de 64,1 ans pour les femmes et à 62,7 ans pour les hommes. Hormis un index senior purement ornemental, qu'a prévu M. le ministre de sérieux pour éviter ces trappes à pauvreté ? Enfin, il lui demande comment il compte empêcher les actifs d'aujourd'hui de devenir les retraités pauvres de demain.
NIVEAU DE VIE DES FUTURS RETRAITÉS