Rubrique > enseignement secondaire
Titre > Enseignement des mathématiques et de la technologie au lycée
M. Hubert Brigand attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la place de l'enseignement des mathématiques au lycée. En effet, la réforme du lycée donne aux élèves de première et de terminale la possibilité de choisir leurs spécialités. Les choix faits par les jeunes montrent un fort désintérêt pour les mathématiques. Il eût été logique de tenter d'analyser cette désaffection et surtout la didactique de cette discipline qui ne s'appuie malheureusement pas sur la contextualisation des notions enseignées. En effet, la mise en contexte suscite l'intérêt des élèves car elle donne le sens tant recherché par les nouvelles générations. Ce ne fût pas le cas et la seule réponse a été d'imposer une heure obligatoire à des élèves qui ont clairement exprimé leur désintérêt pour les mathématiques telles qu'elles sont enseignées. En outre, la récente décision du ministère de l'éducation nationale de remplacer une heure de technologie en sixième pour la remplacer par du soutien en mathématiques et en français démontre à nouveau ce manque de lucidité. Aucune réflexion n'est menée sur la didactique, on va reproposer les mêmes exercices à des élèves qui n'ont pas été réceptifs la première fois. Or les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Si on peut souhaiter que ce soutien soit utile, il aurait pu être plus pertinent d'utiliser la technologie comme levier pour proposer un autre environnement d'acquisition des compétences. Dans ce sens, une chronique (Les Échos - mai 2022) signée par M. Laurent Champaney, président de la conférence des grandes écoles, montre que la voie choisie en France éloigne des carrières scientifiques et de l'ingénierie des jeunes allergiques aux concepts trop abstraits enseignés en mathématiques. Or si ces concepts ont leur utilité pour l'école mathématique de France qui est reconnue, on peut s'interroger sur leur pertinence lorsqu'il s'agit de former des techniciens, des ingénieurs et des économistes. Les crises récentes ont mis en évidence les besoins criants que l'industrie française ne pouvait satisfaire. Le Président de la République a bien fait d'insister sur la nécessité de réindustrialiser la France. Mais les mesures prises détruisent petit à petit l'ensemble de la formation en sciences et technologie industrielle en France. La réforme du lycée a détruit la filière sciences de l'ingénieur du lycée qui enrichissait de 12 % le nombre de bacheliers scientifiques avant la réforme et anéanti tous les efforts qui ont été faits depuis 2010 pour revigorer la voie technologique industrielle (STI2D). Et maintenant après le lycée, c'est au tour du collège d'être amputé de la formation en technologie. Dans ce contexte d'exclusion de tout un pan de la formation au plus grand nombre, il va être difficile de créer des vocations et de fournir les forces vives dont l'industrie a besoin. Or la technologie et les sciences de l'ingénieur d'aujourd'hui sont la base de l'industrie de demain. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui indiquer s'il envisage de faire évoluer la façon d'enseigner les mathématiques pour susciter un regain d'intérêt de la part des élèves.