16ème législature

Question N° 741
de M. Hendrik Davi (La France insoumise - Nouvelle Union Populaire écologique et sociale - Bouches-du-Rhône )
Question orale sans débat
Ministère interrogé > Santé et prévention
Ministère attributaire > Santé et prévention

Rubrique > établissements de santé

Titre > Plan d'urgence contre la financiarisation de la santé

Question publiée au JO le : 07/05/2024

Texte de la question

M. Hendrik Davi alerte M. le ministre délégué auprès de la ministre du travail, de la santé et des solidarités, chargé de la santé et de la prévention, sur la financiarisation en cours dans la santé. L'hôpital Nord à Marseille a connu une crise aiguë en radiologie. Il manquait cet automne des manip radios, ce qui a contraint à reporter des interventions et n'assurer que les urgences. Cette pénurie de personnels a une cause : une augmentation de 20 % de l'activité malgré des effectifs en baisse. Les politiques de santé n'ont pas anticipé les besoins en imagerie. Le manque de manip radios dans l'hôpital public est accentué par la concurrence du privé avec des ouvertures en série de cabinets libéraux de radiologie, de scanner et d'IRM. Les cabinets libéraux prennent en charge ce qui est rentable et facile, laissant à l'hôpital public tous les cas les plus lourds. Ce cas particulier est l'expression du processus de financiarisation en cours dans la santé, sur lequel le directeur de l'APHM a attiré son attention. La biologie médicale est déjà largement passée sous le contrôle de grands groupes. Les nouveaux fronts sur lesquels se concentrent les fonds de pension sont maintenant l'imagerie médicale et la médecine générale. L'APHM a par exemple empêché le groupe Ramsay de racheter le centre de santé d'Aubagne. L'Ordre des médecins appelle aussi à légiférer contre la financiarisation des cabinets. Il est absolument nécessaire pour la souveraineté du pays et la santé des Français que soit mis un terme à cette dérive libérale, que l'on retrouve dans le travail social, les crèches, les maisons de retraite ou l'enseignement supérieur, qui socialise les risques et privatise les profits. Il est inadmissible d'avoir des maisons de santé ou des cliniques à but lucratif dont les propriétaires sont des fonds de pension étrangers obnubilés par la rentabilité. Le scandale Orpea a bien montré comment cette course à la rentabilité dégradait les conditions de travail et la qualité des soins. Les infirmiers, aides-soignants ou médecins que M. le député a pu rencontrer décrivent tous et toutes la même situation d'épuisement chronique. Ils n'en peuvent plus de la bureaucratie des évaluations, du sous-effectif chronique et des rémunérations encore trop faibles. Il est urgent de redonner du sens aux missions du service public hospitalier. Il faut cesser de prendre le privé comme modèle et il faut en finir avec un système où la sécurité sociale finance les profits des acteurs privés. Pour cela, on doit lancer un grand plan d'urgence pour sauver l'hôpital public. Il faut embaucher massivement du personnel statutaire et augmenter les salaires dans les hôpitaux. Pour former plus de médecins et d'infirmiers comme le promet Gabriel Attal, il faut embaucher massivement des hospitalo-universitaires. Il faut rendre au secteur public le milliard non dépensé après la covid-19 et que le Gouvernement a préféré laisser au privé. Il faut légiférer sur les rémunérations et les dividendes indécents du secteur privé et revenir à la loi du 13 juillet 1975 qui disposait que seuls des professionnels de santé pouvaient diriger des structures de soins. Enfin, il faut revenir sur la tarification à l'acte qui favorise le privé et reprendre la dette des hôpitaux dont les taux d'intérêt s'envolent. La santé ne doit pas être une marchandise et les soignants de la chair à canon. Il lui demande ce qu'attend le Gouvernement pour agir contre cette financiarisation de la santé.

Texte de la réponse