Question au Gouvernement n° 1039 :
COP30

17e Législature

Question de : Mme Julie Laernoes
Loire-Atlantique (4e circonscription) - Écologiste et Social

Question posée en séance, et publiée le 27 novembre 2025


COP30

Mme la présidente . La parole est à Mme Julie Laernoes.

Mme Julie Laernoes . Madame la ministre de la transition écologique, la COP30 de Belém s'est conclue par une défaite en rase campagne pour le climat et par une victoire éclatante des lobbys fossiles et agrochimiques.

M. Patrick Hetzel . Tout en nuances !

Mme Julie Laernoes . À l'heure où la barre d'un réchauffement supérieur à 1,5 degré risque d'être irrémédiablement franchie, où chaque dixième de degré supplémentaire entraîne son lot de catastrophes, où chaque tonne de CO2 évitée est vitale, tout appelait au sursaut. Pourtant, c'est l'inverse qui s'est produit.

Dix ans après la COP21, la France, qui s'autoproclamait « leader climatique », est en total décalage avec ses ambitions. La baisse de nos émissions est à l'arrêt, avec - 1,8 % seulement en 2024 et encore moins en 2025, très loin des 5 % de baisses annuelles qui seraient nécessaires. Comment s'en étonner quand notre pays a acté pas moins de quarante-trois mesures de recul climatiques en deux ans, quand des ministres considèrent des scientifiques et des activistes du climat comme des « écoterroristes », quand le premier ministre reprend à son compte le moratoire sur les énergies renouvelables de l'extrême droite climato-négationniste ? (M. le premier ministre fait un signe de dénégation.)

Vous regrettez l'occasion manquée à propos de la sortie des énergies fossiles tout en allant à Belém avec… le PDG de Total.

M. Pouria Amirshahi. La honte !

Mme Julie Laernoes . Vous refusez d'inscrire la sortie des fossiles dans votre propre projet de programmation pluriannuelle de l'énergie. Certes, le président Macron ne reprend pas à son compte le « Drill, baby, drill ! » trumpien, mais il n'en est pas loin dans les actes.

Je veux saluer tous les activistes, scientifiques, ONG et villes qui, malgré les reculs, continuent de se battre pied à pied pour arracher des avancées à propos de la déforestation, du sevrage des fossiles ou de la justice climatique. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe SOC. – M. Marcellin Nadeau applaudit également.) Ce combat n'est ni naïf ni perdu d'avance. Il est le combat pour la science et contre l'obscurantisme, il est le plus grand combat de notre génération.

Madame la ministre, allez-vous continuer à reprendre les arguments des industries fossiles en affirmant que l'UE n'est responsable que des 6 % des émissions mondiales de CO2, niant ainsi notre responsabilité historique et nos émissions importées ? Ou allez-vous enfin assumer votre mission : agir dans l'intérêt général et engager une vraie politique de baisse des émissions, ici et maintenant ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe SOC. - M. Marcellin Nadeau et M. Christophe Bex applaudissent également.)

Mme la présidente . La parole est à Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature.

Mme Monique Barbut, ministre de la transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature . J'ai bien entendu votre question, mais les responsables de l'échec de Belém ne sont pas devant vous. Ce sont les pays dits Brics, associés à la présidence brésilienne, qui ont fait en sorte que les mots « fossile » et « déforestation » n'apparaissent pas dans le texte qui devait être approuvé par l'ensemble des délégations nationales. (Exclamations répétées sur les bancs du groupe EcoS.)

M. Louis Boyard. Pas par les États-Unis !

Mme Christine Arrighi. Qu'est-ce qu'il a dit, Pouyanné ?

Mme Monique Barbut, ministre . Nous nous sommes battus jusqu'au bout…

Mme Julie Laernoes . Mais pourquoi Pouyanné était-il là ?

Mme Monique Barbut, ministre . …et nous avons été isolés au niveau européen alors que l'Europe est arrivée à Belém avec l'engagement de baisser de 90 % ses émissions d'ici à 2040. Or la France a joué un rôle pivot dans la négociation qui a abouti à cet engagement.

M. Louis Boyard . Mais vous ne le respectez même pas !

Mme Julie Laernoes . La France a freiné !

Mme Monique Barbut, ministre . La France n'a pas traîné !

Mme Julie Laernoes . J'ai dit « freiné » !

Mme la présidente. Madame Laernoes, s'il vous plaît !

Mme Monique Barbut, ministre . Sans la France, il n'y aurait pas eu d'accord européen.

Les enjeux qui sont devant nous sont désormais de deux ordres. D'une part, il faut mettre en œuvre cet accord pour 2040, qui va nous engager sur une trajectoire de diminution importante des émissions de gaz à effet de serre. Cela inclut les énergies fossiles et le méthane. D'autre part, il va aussi falloir discuter au niveau international du cadre dans lequel nous travaillons. Compte tenu de la répartition des émissions mondiales, il n'est pas possible d'imaginer que l'Europe soit la seule à prendre des engagements climatiques.

M. Louis Boyard . Dites-le à Trump !

M. Stéphane Peu. Il ne faut pas signer des accords avec lui !

Données clés

Auteur : Mme Julie Laernoes

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Environnement

Ministère interrogé : Transition écologique, biodiversité et négociations internationales

Ministère répondant : Transition écologique, biodiversité et négociations internationales

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 27 novembre 2025

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