Question au Gouvernement n° 138 :
Voyage d’un ministre israélien en France

17e Législature

Question de : Mme Mathilde Panot
Val-de-Marne (10e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

Question posée en séance, et publiée le 6 novembre 2024


VOYAGE D'UN MINISTRE ISRAÉLIEN EN FRANCE

Mme la présidente . La parole est à Mme Mathilde Panot.

Mme Mathilde Panot . « Il n'y a pas de Palestinien car il n'y a pas de peuple palestinien. » (« Ah ! » et vives exclamations sur les bancs du groupe RN.)

M. Julien Odoul . Je le savais ! J'ai gagné. Ça faisait longtemps.

Mme Mathilde Panot . Il est « justifié et moral » de bloquer l'aide humanitaire pour la bande de Gaza, même si cela peut entraîner la mort de 2 millions de Palestiniens.

M. François Cormier-Bouligeon . Tout ça, c'est la faute du Hamas !

Mme Mathilde Panot . « Je veux un État juif qui comprenne la Jordanie, le Liban et certaines parties de l'Égypte, de la Syrie, de l'Irak et de l'Arabie saoudite. » Toutes ces phrases ont été prononcées par le ministre des finances israélien.

Ce 13 novembre, Bezalel Smotrich, qui se décrit lui-même comme un fasciste homophobe, est l'invité spécial d’un gala destiné à « mobiliser les forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël ». Ce gala des génocidaires est organisé par Nili Kupfer-Naouri, qui ose affirmer « qu’il n'y a pas de population civile innocente à Gaza ». Puissent les cris effrayés d'enfants frappés, déchiquetés par les bombes, vous faire comprendre son inhumanité !

Mais votre gouvernement, monsieur le Premier ministre, estime que le ministre Smotrich est bienvenu en France.

M. Julien Odoul . Vous faites bien venir Salah Hamouri !

Mme Mathilde Panot . Comment osez-vous accueillir à bras ouverts un des visages les plus cruels du génocide à Gaza et de l'invasion meurtrière du Liban ? (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS ainsi que sur quelques bancs du groupe GDR.) Dans la France de Macron, les personnes qui défendent la paix et parlent la langue du droit international sont poursuivies pour apologie du terrorisme. Mais quand un responsable de plus de 43 000 morts, dont 14 000 enfants, vient à Paris pour faire l’apologie réelle du génocide, vous lui déroulez le tapis rouge.

M. Julien Odoul . Parlez des Français !

Mme Mathilde Panot . La place du ministre Smotrich n’est pas dans un gala, mais dans un tribunal international, sur le banc des accusés ! (Applaudissements prolongés sur les bancs du groupe LFI-NFP dont les députés se lèvent.) Monsieur le Premier ministre, ne voyez-vous pas que la France se déshonore à autoriser ce sinistre personnage, à célébrer ici son œuvre de mort ? Puisqu’il vous faut poser des actes, commencez au moins par interdire au génocidaire de parader à ce gala de la honte. Que résonne jusqu'à vous la question puissante du grand poète Mahmoud Darwich : « Si cet enfer pouvait cesser cinq minutes ! Advienne que pourra ! Cinq minutes. Je dirais presque cinq minutes seulement, pour l’unique chose à faire avant de me préparer à mourir, ou à vivre. (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l'oratrice. – Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent longuement cette dernière. – Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SOC, EcoS et GDR.)

M. Laurent Jacobelli . Vous êtes tranquille avec ça, au PS ? (M. Olivier Faure acquiesce et applaudit à son tour.)

Mme la présidente . La parole est à M. le Premier ministre.

M. Michel Barnier, Premier ministre . Vous posez une question importante et grave. Non, nous n'accueillons pas à bras ouverts ce ministre israélien. Ce n'est pas vrai.

Mme Farida Amrani . C'est un gala, quand même.

M. Michel Barnier, Premier ministre . Il est possible, dans le respect du droit international, que M. Smotrich, dont vous avez cité le nom, se déplace à Paris dans un cadre privé. Les autorités françaises ne sont d'aucune manière – d'aucune ! – associées à cet éventuel déplacement. Je le dis calmement et fermement, il n'y aura aucune forme de contact gouvernemental avec lui. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.)

M. François Cormier-Bouligeon . Qu'ils fassent la même chose avec les membres du Hamas !

Mme Nathalie Oziol . Tais-toi !

M. Michel Barnier, Premier ministre . J'irai plus loin, car nous avons, nous aussi, l'écho et l'indication des propos tenus précédemment par ce ministre à Paris et en Israël. Nous avons condamné dans les termes les plus clairs les propos irresponsables et inacceptables qu'il a tenus lors d'une précédente visite en France, à l'occasion d'un événement similaire. La France est résolument opposée aux positions exprimées par ce ministre et par tous les groupes dont il est proche. Je ne peux pas être plus clair. J'ajoute que nous avons pris des sanctions contre les colons…

Mme Sarah Legrain . Lesquelles ?

M. Michel Barnier, Premier ministre . …et contre les entités qui incitent à la haine et à la violence en Cisjordanie.

Mme Mathilde Panot . Interdisez le gala, dans ce cas ! (Vives exclamations sur les bancs du groupe RN.)

M. Michel Barnier, Premier ministre . Nous les avons prises à titre national et avec nos partenaires européens, comme l'ont fait d'autres alliés d'Israël, je pense aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni.

Au-delà de cette provocation dont ce ministre est à l'initiative, au-delà de cet épisode grave – je viens de dire ce que nous en pensons –, je voudrais confirmer l'engagement de notre pays pour la paix au Proche-Orient, pour obtenir le plus vite possible la libération de tous les otages, pour obtenir un cessez-le-feu. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC, DR, EcoS, Dem, HOR, LIOT et GDR.)

Le ministre des affaires étrangères sera à Jérusalem et à Ramallah ce jeudi. Nous continuerons inlassablement, avec nos partenaires et toute la région, à nous battre pour ce cessez-le-feu…

Un député du groupe LFI-NFP . Reconnaissez l'État de Palestine !

M. Michel Barnier, Premier ministre . …qui est la clé pour que cessent les violences contre toutes les populations civiles, en particulier contre les populations civiles palestiniennes. (Mêmes mouvements.)

Données clés

Auteur : Mme Mathilde Panot

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 novembre 2024

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