Question de : Mme Géraldine Grangier
Doubs (4e circonscription) - Rassemblement National

Mme Géraldine Grangier appelle l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les récentes déclarations des syndicats et les inquiétudes croissantes autour de l'avenir des usines de Stellantis et plus particulièrement du site historique de Sochaux qui soulèvent des questions cruciales quant à la pérennité de l'industrie automobile dans la région. Le 14 octobre 2024, un article de L'Est Républicain rapportait les propos d'un syndicaliste de Stellantis Sochaux qui se demandait : « Le site de Sochaux sera-t-il encore là dans 10 ans ? ». Cette interrogation, à la fois légitime et inquiétante, résonne comme un signal d'alarme pour les milliers de travailleurs et de sous-traitants locaux dont la subsistance dépend de la bonne santé de cette usine emblématique. Le groupe Stellantis, fruit de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, se trouve à un tournant stratégique majeur, confronté aux défis de la transition énergétique et aux mutations de l'industrie automobile mondiale. Toutefois, derrière les annonces optimistes de modernisation et de transformation, les salariés et les observateurs locaux ne peuvent ignorer les menaces de restructuration qui planent sur les sites français et en particulier celui de Sochaux, qui emploie encore aujourd'hui des milliers de travailleurs directs et indirects. En effet, selon le même article de L'Est Républicain, certains représentants syndicaux accusent le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, de mener une stratégie de « coup de pression » pour obtenir des aides supplémentaires de l'État. Les récentes fermetures d'usines dans d'autres régions du monde et les réductions d'effectifs en Europe renforcent les craintes que le site de Sochaux pourrait un jour être menacé de fermeture ou de réduction significative de ses activités, en dépit de son importance historique et stratégique. Cette situation inquiète particulièrement les sous-traitants locaux, qui dépendent de l'activité de Stellantis pour leur propre survie. Le tissu industriel autour de Sochaux est fortement lié à l'activité de l'usine automobile. Si cette dernière venait à ralentir ou, pire encore, à fermer ses portes, les conséquences pour l'économie locale seraient catastrophiques. De nombreuses petites et moyennes entreprises, déjà fragilisées par les crises récentes, risquent de disparaître, entraînant avec elles des centaines, voire des milliers, d'emplois. Dans ce contexte, plusieurs questions se posent. Quelles garanties l'État peut-il apporter quant à la pérennité du site de Sochaux ? La fermeture ou la réduction des activités de cette usine serait un véritable désastre pour l'emploi dans le Doubs et au-delà Mme la députée demande à M. le ministre que le Gouvernement prenne des mesures concrètes pour s'assurer que Stellantis ne se détourne pas de ses obligations envers la région et ses travailleurs. Quels sont les engagements du Gouvernement concernant le soutien aux sous-traitants locaux ? Les entreprises qui fournissent des pièces et des services à Stellantis sont tout aussi vulnérables que les salariés directs du groupe. Si le Gouvernement se montre disposé à soutenir Stellantis, il doit également garantir que les sous-traitants locaux bénéficieront de mesures de soutien adaptées pour surmonter les incertitudes économiques actuelles. Quel est le plan de l'État pour encourager la transition écologique de l'industrie automobile tout en préservant les emplois en France ? Le secteur automobile est en pleine mutation avec le passage aux véhicules électriques et Stellantis a déjà fait part de sa volonté d'accentuer cette transition. Cependant, il est impératif que cette évolution se fasse en concertation avec les acteurs locaux et qu'elle ne se traduise pas par des délocalisations massives ou des pertes d'emplois. Le Gouvernement doit mettre en place des mesures incitatives pour que la France reste un acteur majeur de l'industrie automobile, sans sacrifier les emplois. Le plan d'investissement de Stellantis dans la transition énergétique, bien qu'ambitieux, suscite des inquiétudes quant à la relocalisation des unités de production dans des pays offrant une main-d'œuvre à bas coût. Il est essentiel que cette transition se fasse avec un accompagnement fort de l'État pour garantir la modernisation des sites français comme celui de Sochaux et pour éviter que ces usines ne deviennent obsolètes dans un contexte de mondialisation exacerbée. Les travailleurs de Sochaux, tout comme leurs collègues des autres sites français, ont souvent été en première ligne des ajustements stratégiques du groupe. Des efforts ont déjà été consentis lors des précédentes réorganisations, notamment lors de la fusion avec Fiat Chrysler. Aujourd'hui, ils sont à nouveau appelés à s'adapter à des changements majeurs dans leur environnement de travail. Toutefois, ces ajustements ne peuvent se faire au détriment de l'emploi local et du tissu économique régional. Mme la députée lui demande également que l'État veille à ce que Stellantis respecte ses engagements en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Les grands groupes multinationaux ne peuvent pas prendre des décisions purement financières sans tenir compte de l'impact social et économique qu'elles peuvent avoir sur les territoires. Le site de Sochaux, symbole de l'industrie automobile française, mérite d'être soutenu par des politiques publiques fortes qui garantiront sa pérennité. Quelles sont les discussions en cours entre le Gouvernement et la direction de Stellantis concernant l'avenir des sites français et plus particulièrement celui de Sochaux ? Des réponses claires sont attendues de la part du Gouvernement quant aux engagements de Stellantis sur le territoire français. La fermeture de certaines usines ou une réduction massive des effectifs aurait des conséquences dramatiques pour des régions entières. Le Doubs, en particulier, ne peut se permettre de perdre une partie si essentielle de son tissu industriel. L'avenir de l'usine de Sochaux est aussi celui de milliers de familles, de sous-traitants, de commerçants et de collectivités locales. Il ne s'agit pas seulement d'une question industrielle, mais bien d'un enjeu économique, social et territorial majeur. La France doit défendre son industrie automobile et ses travailleurs avec détermination. Elle lui demande donc quelles mesures précises il envisage de prendre pour garantir l'avenir de cette usine et de son écosystème et pour s'assurer que Stellantis continue de jouer un rôle moteur dans l'économie française.

Réponse publiée le 3 juin 2025

Le groupe Stellantis est un acteur stratégique pour la filière automobile française. Il possède aujourd'hui 11 sites en France dont 5 usines de production de véhicules (Sochaux en fait partie), et 6 usines de mécanique. Le groupe a produit environ 600 000 véhicules en 2024. Le site de Sochaux est en effet un site majeur et historique du groupe en France. Créé en 1912, cette usine figure encore aujourd'hui parmi les sites de production les plus importants sur le territoire français. Elle emploie 6 000 personnes et produit aujourd'hui deux modèles de la marque Peugeot : la 3008 et la 5008 dans ses différentes versions électrique, thermique et hybride. L'usine de Sochaux demeure un site de production central de Stellantis en France. Ainsi, face au succès commercial du modèle e-3008 et avec la mise en production de la e-5008, le groupe a annoncé la création de plusieurs centaines d'emplois intérimaires et l'équipe de nuit a été relancée fin 2024. En outre, le groupe s'est engagé dans l'avenir de cette usine avec, par exemple, un investissement de 100 millions d'euros dans un nouvel atelier de peinture qui devrait ouvrir en 2025. De manière générale, le groupe a significativement investi dans son usine de Sochaux, avec le soutien de l'État et des collectivités, en faveur dans la transition vers l'électrique avec l'ambition de faire du site un champion de la mobilité électrique. Le 3 octobre dernier, le Gouvernement s'est rendu sur le site de Sochaux pour y saluer les engagements pris par le groupe en faveur du Made In France et notamment la production des modèles e-3008 et e-5008 à Sochaux. Le Gouvernement a tenu à féliciter le groupe pour les investissements consentis sur le territoire national mais a également rappelé l'importance de maintenir une production française dans cette période critique pour notre industrie automobile. L'État restera mobilisé pour maintenir l'empreinte industrielle française de l'industrie automobile, en cohérence avec les objectifs réindustrialisation et de renforcement de la souveraineté industrielle. Depuis 2020, avec la mise en place du Plan de relance automobile, l'État s'est d'ailleurs pleinement engagé pour accompagner la transition de la filière automobile française. Ce soutien proactif a été prolongé dans le cadre du plan France 2030, doté d'un budget de 54 milliards d'euros, qui a permis de lancer plusieurs appels à projets pour soutenir les activités de recherche et développement et les activités d'industrialisation liées au véhicule électrique. France 2030 vise en effet de développer la capacité pour produire 2 million de véhicules électriques et hybrides par an en France. En 2023, l'appel à projets « Soutien aux projets d'investissements » pour le véhicule de demain a été ouvert aux sous-traitants et aux constructeurs de la filière automobile pour maintenir et relocaliser en France les infrastructures de production. Il a permis de soutenir 120 projets pour 315 millions d'euros d'aide et 1,5 milliard d'euros d'investissements, à la suite d'un premier appel à projets qui avait déjà permis de soutenir 82 projets de sous-traitants à hauteur de 90 millions d'euros d'aides pour 380 millions d'euros d'investissements. En 2024, ce sont 6 nouveaux lauréats qui ont été sélectionnés pour des projets de recherche et développement totalisant près de 75 millions d'euros d'investissements et qui seront soutenus à hauteur de 35,5 millions d'euros d'aides de l'État (via France 2030). En ce sens, l'ensemble des instruments mis en place grâce à France 2030 a créé un cadre de soutien exceptionnel pour renforcer la compétitivité des sites français et créer de l'emploi sur des filières d'avenir. Depuis 2021, les groupes Renault et Stellantis ont mis en production dans leurs sites français plus de 20 modèles de véhicules électriques et hybrides et ont engagé la transition de leurs sites secondaires vers la production de composants électriques. Quoiqu'il en soit, le Gouvernement ne perdra pas de vue les inquiétudes de certains employés et représentants syndicaux sur l'avenir du site de Sochaux, de même qu'il restera très vigilant quant à l'évolution de la stratégie du groupe Stellantis concernant ce site.

Données clés

Auteur : Mme Géraldine Grangier

Type de question : Question écrite

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : Économie, finances et industrie

Ministère répondant : Économie, finances, souveraineté industrielle et numérique

Dates :
Question publiée le 29 octobre 2024
Réponse publiée le 3 juin 2025

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