Choc des savoirs
Question de :
M. Pierrick Courbon
Loire (1re circonscription) - Socialistes et apparentés
Question posée en séance, et publiée le 14 novembre 2024
CHOC DES SAVOIRS
Mme la présidente . La parole est à M. Pierrick Courbon.
M. Pierrick Courbon . Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale. Vous avez présenté hier ce que vous avez appelé l’acte II du choc des savoirs, dans le droit fil des orientations unanimement contestées de vos prédécesseurs.
Vous avez notamment fait état de votre volonté de donner un coup d’accélérateur sur le collège pour « relancer l’ascenseur scolaire » en maintenant le dispositif très controversé des groupes de niveau en sixième et en cinquième et, pire, en l'étendant « de manière différente » aux classes de quatrième et de troisième.
Cette déclaration est à l’image de votre méthode globale de travail : décider de la généralisation d’un dispositif qui est loin d’avoir fait ses preuves et qui, dans les faits, sur le terrain, ne fonctionne pas – ou alors de manière très imparfaite. Tant pis si tout le monde s’y oppose : comme toujours, vous êtes persuadés d’avoir raison contre tout le monde et contre toute la communauté éducative. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
Lorsque l'acte I qu'on a lancé ne fonctionne pas et qu'il n'a pas fait l'objet du moindre bilan ni de la moindre évaluation, on évite de passer à un acte II composé de mesures à l’emporte-pièce. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Par ailleurs, vous avez annoncé vouloir rendre obligatoire l'obtention du brevet pour l'admission en seconde, disposition, elle aussi, qualifiée de régression historique, inacceptable par certaines organisations syndicales, dans la mesure où l'on peut y voir une logique de bannissement des élèves les plus en difficulté, lesquels sont majoritairement, vous le savez, issus des familles les plus modestes (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs des groupes EcoS et LFI-NFP), car, trop souvent, les difficultés scolaires sont le miroir de difficultés sociales. Ce sont ainsi des milliers de jeunes que vous voulez bannir du système scolaire à 16 ans.
M. Nicolas Forissier . C'est caricatural !
M. Pierrick Courbon . Plus que de chocs des savoirs à répétition, notre école a surtout besoin d’un choc des moyens – tout le contraire de ce que prévoit votre budget d’austérité, marqué par la suppression scandaleuse de 4 000 postes dans l'éducation nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupe SOC, LFI-NFP, EcoS et GDR.)
Quand arrêterez-vous de saigner notre école et de vouloir, systématiquement, bâtir l’école de demain contre toutes celles et ceux qui la font vivre au quotidien ? (Les députés des groupes SOC se lèvent pour applaudir. – Les députés des groupes LFI-NFP, EcoS et GDR applaudissent également. – M. Arnaud Bonnet se lève également.)
Mme la présidente . La parole est à Mme la ministre de l’éducation nationale.
Mme Anne Genetet, ministre de l’éducation nationale . J'entends vos propos mais vous conviendrez que je ne peux pas tout à fait m'y reconnaître car ils sont très déclinistes. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.)
M. Jean-Paul Lecoq . Quand on n'est pas d'accord avec vous, on est décliniste !
Mme Anne Genetet, ministre . Je préfère rendre hommage à tous ces professeurs que j'ai rencontrés sur le terrain, dont, c'est vrai, la charge de travail est importante, mais qui sont très engagés et déterminés, au service de la réussite de nos élèves.
Mme Ayda Hadizadeh . Les enseignants vous demandent de reculer !
Mme Anne Genetet, ministre . Ce que j'observe depuis plusieurs années, c'est que notre école ne tient plus sa promesse républicaine.
Mme Julie Laernoes . Grâce à qui ? À ceux qui l'ont détricotée !
Mme Anne Genetet, ministre . Elle ne répond pas aux besoins de tous nos élèves, la réussite est au contraire réservée à quelques-uns. C'est inacceptable.
Mme Sophia Chikirou . C'est la faute d'Attal, le ministre qui vous a précédée !
Mme Anne Genetet, ministre . Les mesures que j'ai présentées hier, comme celles qu'a prises l'an dernier mon prédécesseur Gabriel Attal, sont fidèles à la vision défendue depuis 2017 par le président de la République. Par exemple, comment pouvez-vous renoncer à un accompagnement sur mesure, personnalisé, individualisé ? Pourquoi vous opposer à un brevet qui donne envie à nos élèves de réussir, leur permet de se projeter et donne à tous la possibilité de réussir plutôt que d'en laisser quelques-uns, de façon inacceptable, sur le bord de la route – car telle est bien la situation que vous avez laissée en 2017 ?
Mme Ayda Hadizadeh . Ils sont trente par classe !
Mme Andrée Taurinya. C'est incroyable, ce que vous dites ! Vous accusez les profs !
Mme Anne Genetet, ministre . Par ailleurs, au lycée, une épreuve anticipée de mathématiques permettra en effet à tous nos élèves de disposer d'un tronc commun, solide, dans cette matière. Oui, je suis favorable à un collège unique, à une éducation qui bénéficie d'un cadre et à des programmes clairs – ce que vous ne trouverez pas dans bien des pays déclinistes et complotistes. (Exclamations continues sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et SOC.)
Voilà pourquoi je ne me reconnais pas dans vos propos. Je veux dire à nos professeurs, qui ont une attitude admirable,…
Mme Ayda Hadizadeh . Renoncez aux suppressions de postes !
M. Philippe Gosselin . Laissez-la finir !
Mme la présidente . Chers collègues, on ne s'entend pas !
Mme Anne Genetet, ministre . …que je les soutiendrai toujours, en particulier à l'heure où – vous l'avez évoqué – les déclinistes et complotistes de salon, de comptoir et de médias les contestent en permanence et de façon inacceptable. J'attends de la société tout entière qu'elle les soutienne également. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et DR.)
Mme la présidente . Chers collègues, puisque vous posez des questions, je vous demande d'écouter les réponses des ministres !
La parole est à M. Pierrick Courbon.
M. Pierrick Courbon . Le déclin de l'école, c'est votre bilan depuis 2017. Si vous ne vous retrouvez pas dans mes propos, la communauté éducative, elle, ne se retrouve pas dans votre budget. (Les députés des groupes SOC et plusieurs députés du groupe LFI-NFP se lèvent pour applaudir. – Les députés des groupe EcoS et GDR applaudissent également.)
Auteur : M. Pierrick Courbon
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Éducation nationale
Ministère répondant : Éducation nationale
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 novembre 2024