Question orale n° 210 :
Légalisation du cannabis thérapeutique

17e Législature

Question de : Mme Nicole Dubré-Chirat
Maine-et-Loire (6e circonscription) - Ensemble pour la République

Mme Nicole Dubré-Chirat appelle l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins, sur la fin de l'expérimentation de l'usage thérapeutique du cannabis, dont l'échéance est prévue le 1er juillet 2025. En France, l'usage du cannabis thérapeutique est actuellement autorisé pour certaines pathologies comme les douleurs neuropathiques, certaines formes d'épilepsie pharmaco-résistantes ou encore des pathologies du système nerveux central dans le cadre d'une expérimentation lancée en 2021. En 2018, l'Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) a créé un Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) pour évaluer l'intérêt de développer l'usage médical du cannabis en France. Après un avis favorable, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 a permis de lancer l'expérimentation, prolongée par la suite à deux reprises jusqu'au 1er juillet 2025. Aujourd'hui, 1 900 patients sont encore concernés par l'expérimentation. De nombreux médecins ont souligné les effets bénéfiques du cannabis médical pour les patients. L'absence de pérennisation de cette approche thérapeutique pénaliserait non seulement les patients, mais aussi le secteur de la fabrication de produits thérapeutiques à base de fleur de cannabis en France, comme l'entreprise angevine Delled-La Fleur. Sans solution pour l'avenir, de nombreux patients pourraient s'orienter vers des produits non soumis aux normes françaises et fabriqués à l'étranger. Ces dernières années, plusieurs pays ont légalisé l'usage du cannabis à de seules fins thérapeutiques. Après une expérimentation concluante dans le pays, Mme la députée souhaiterait par conséquent savoir si le Gouvernement compte faire évoluer la législation sur ce sujet.

Réponse en séance, et publiée le 12 mars 2025

LÉGALISATION DU CANNABIS THÉRAPEUTIQUE
M. le président . La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat, pour exposer sa question, no 210, relative à la légalisation du cannabis thérapeutique.

Mme Nicole Dubré-Chirat . Le 1er juillet 2025, l'expérimentation de l'usage thérapeutique du cannabis prendra fin. Voilà désormais quatre ans que cette approche médicale novatrice a été engagée, à titre expérimental, dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2020. Elle concerne les patients souffrant de pathologies telles que les douleurs neuropathiques, certaines formes d'épilepsie pharmacorésistantes ou encore certaines maladies du système nerveux central. Prolongée depuis à deux reprises, cette expérimentation s'est révélée particulièrement utile pour les malades présentant des douleurs résistantes à tout traitement, et concerne encore près de 1 900 personnes.

Une grande partie de la communauté médicale a souligné l'intérêt thérapeutique du cannabis, mais nous attendons toujours l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS) sur l'efficacité du dispositif et sur ses possibilités d'évolution. L'absence de pérennisation de cette approche thérapeutique pénaliserait non seulement les patients qui voient l'échéance approcher, mais aussi le secteur de la fabrication de produits thérapeutiques à base de fleur de cannabis en France – je pense à l'entreprise angevine DelleD-La Fleur, implantée dans ma circonscription. À l'inverse, sa généralisation permettrait de reconstituer la chaîne de production sur le territoire national et de favoriser l'implantation locale de la filière.

En l'absence de solution pour l'avenir, de nombreux patients pourraient s'orienter vers des produits fabriqués à l'étranger, non soumis aux normes françaises. Plusieurs pays ont d'ailleurs, ces dernières années, légalisé l'usage du cannabis à de seules fins thérapeutiques.

Au vu de ces différents éléments, pouvez-vous confirmer que le gouvernement prendra les décisions nécessaires à l'instauration, d'ici à l'été, d'un cadre réglementaire pour la généralisation de l'usage médical du cannabis, conformément aux demandes des patients ?

M. le président . La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'autonomie et du handicap.

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l'autonomie et du handicap . Le ministre chargé de la santé est particulièrement attentif à la question que vous avez soulevée. Les textes d'application de l'article 78 de la LFSS pour 2024 seront notifiés à la Commission européenne dans les prochains jours ; ils prévoient que les médicaments à base de cannabis feront l'objet d'une autorisation d'utilisation pour une période temporaire de cinq ans, délivrée par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.

Désireux d'agir avec méthode et exigence, le gouvernement a demandé l'avis de la HAS sur l'efficacité des traitements à base de cannabis et sur l'opportunité de leur prise en charge par la solidarité nationale. Si la HAS concluait à l'absence d'efficacité démontrée de ces traitements, nous adapterions alors le cadre législatif en conséquence et travaillerions à proposer des solutions alternatives aux patients. Le ministre souhaite que les patients atteints de douleurs neuropathiques réfractaires, de certaines formes d'épilepsie pharmacorésistantes, de spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou d'autres pathologies du système nerveux central puissent être soignés grâce à un produit dont l'efficacité thérapeutique est scientifiquement démontrée.

M. le président . La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat.

Mme Nicole Dubré-Chirat . Les patients sont effectivement dans l'attente d'un traitement. Ils n'ont pas d'autre solution que le cannabis médical, dont l'efficacité est connue. Je faisais moi-même partie de la mission d'information commune, créée en 2019, qui a émis des recommandations en la matière. Il me semble très important de favoriser la continuité des soins, plutôt que de prolonger à court terme des dispositifs dont la nature expérimentale bloque le parcours de soins des patients. La généralisation de l'usage médical du cannabis me paraît donc nécessaire.

Je suis convaincue que la HAS rendra un avis positif car les retours du terrain accréditent l'efficacité du traitement. Je rappelle simplement que près de 2 000 patients sont dans l'attente et que des entreprises françaises sont prêtes à leur fournir ces traitements dans des conditions très encadrées.

Données clés

Auteur : Mme Nicole Dubré-Chirat

Type de question : Question orale

Rubrique : Santé

Ministère interrogé : Santé et accès aux soins

Ministère répondant : Santé et accès aux soins

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 4 mars 2025

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