Question au Gouvernement n° 212 :
Apologie du terrorisme

17e Législature

Question de : M. Ludovic Mendes
Moselle (2e circonscription) - Ensemble pour la République

Question posée en séance, et publiée le 27 novembre 2024


APOLOGIE DU TERRORISME

Mme la présidente . La parole est à M. Ludovic Mendes.

Un député du groupe LFI-NFP . Il va nous parler d'obstruction ?

M. Ludovic Mendes . Je souhaite tout d'abord que nous ayons une pensée pour l'homme de lettres Boualem Sansal, qui a été arrêté le 16 novembre à l'aéroport d'Alger. (Mmes et MM. les députés se lèvent et applaudissent.) Nous sommes nombreux à partager avec lui la lutte contre le fondamentalisme religieux et à en avoir fait un pilier de notre engagement public.

Malheureusement, certains sur ces bancs font honte à notre nation. Comme des millions de Français, j'ai été frappé de dégoût lorsque j'ai vu la proposition de loi de La France insoumise visant à abroger le délit d'apologie du terrorisme. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et DR.) L'Afghanistan, l'Irak, les États-Unis, l'Espagne, Israël, l'Algérie, le Mali, la Palestine, le Maroc, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique et, bien évidemment, la France : tous ces pays, particulièrement le nôtre, ont été durement frappés par le terrorisme.

Nous avons connu la barbarie, visant à détruire notre mode de vie et nos idéaux et, aujourd'hui encore, nous en portons les stigmates. Mais le délit d'apologie du terrorisme nous a donné de nouveaux outils pour éviter que les idées funestes du terrorisme ne se propagent aussi librement. (Mme Danièle Obono s'exclame.)

Mme Émilie Bonnivard . Silence, madame Obono !

M. Ludovic Mendes . Le supprimer, c'est propager les idées qui assassinent et c'est en être complice. Qu'en pense l'ancien président de la République, François Hollande, votre allié putatif, qui a vu de ses propres yeux l'horreur des massacres de centaines de Français, lors des pires attentats que notre pays ait connus ?

M. Pierre Cordier . Réagis un peu, François !

M. Ludovic Mendes . Que vais-je pouvoir dire aux parents et amis de Marie et Mathias, ce jeune couple originaire de Metz, lâchement assassiné au Bataclan et à qui nous rendons souvent hommage ? (Mme Danièle Obono s'exclame de nouveau et de façon continue jusqu'à la fin de l'intervention de M. Ludovic Mendes.)

M. Nicolas Meizonnet . Incapables !

M. Ludovic Mendes . Qu'allons-nous pouvoir dire à la famille Sandler, qui a perdu père et enfants ? Qu'allons-nous dire à nos policiers et à nos gendarmes, qui ont vu certains de leurs collègues donner leur propre vie ? Je ne vous demande pas de répondre à ces questions : les Français ont déjà les réponses. La honte se propage, passant des mains de ceux qui commettent des actes terroristes à ceux qui les défendent, d'une manière ou d'une autre.

M. Antoine Léaument . Vous racontez n'importe quoi !

M. Ludovic Mendes . Cette proposition de loi n'est peut-être qu'une manière de vous protéger, car plusieurs membres de La France insoumise sont actuellement poursuivis pour apologie du terrorisme !

M. Pierre Cordier . Eh oui !

Mme Caroline Colombier . Vous avez voté pour eux !

M. Ludovic Mendes . Monsieur le ministre de la justice, quel risque le vote d'une telle proposition de loi ferait-il peser sur le contre-terrorisme ? (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem.)

Mme la présidente . La parole est à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.

M. Didier Migaud, garde des sceaux, ministre de la justice . Je ne peux que m'opposer résolument à cette proposition de loi. La liberté d'expression ne justifie pas tout. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.) Elle ne saurait servir à glorifier des actes susceptibles de faire des victimes sur notre sol, ni à justifier ceux qui veulent semer la terreur dans notre pays.

Cette disposition a bien sûr une dimension politique,…

M. Antoine Léaument . Elle vous permet d'arrêter les leaders de la CGT !

M. Didier Migaud, garde des sceaux . …une dimension symbolique, mais elle est aussi un instrument utile pour lutter contre le terrorisme. (Mme Danièle Obono s'exclame. – Exclamations sur quelques bancs du groupe RN.) C'est ce qui explique la démarche du législateur, en 2014, consistant à faire figurer cette infraction dans le code pénal : le Parlement a souhaité la libérer des contraintes procédurales de la loi sur la liberté de la presse pour en faire un outil pleinement opérationnel de lutte contre le terrorisme. Le Conseil constitutionnel a considéré que cela ne portait pas une atteinte disproportionnée à la liberté d'expression. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe EPR.) La Cour européenne des droits de l'homme a suivi le même raisonnement.

Mme Mathilde Panot . Ce n'était pas l'avis d'Henri Leclerc !

Mme la présidente . Madame la présidente Panot, s'il vous plaît !

M. Didier Migaud, garde des sceaux . Parce que la menace terroriste est toujours très forte dans le pays, aucun retour en arrière n'est souhaitable. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem, HOR et LIOT, ainsi que sur quelques bancs du groupe SOC.) C'est la raison pour laquelle nous devons nous opposer résolument à cette proposition de loi et que j'invite votre assemblée à conserver cette disposition dans le code pénal. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, SOC, DR, Dem, HOR et LIOT.)

Données clés

Auteur : M. Ludovic Mendes

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Parlement

Ministère interrogé : Justice

Ministère répondant : Justice

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 27 novembre 2024

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