Question de : M. Bastien Lachaud
Seine-Saint-Denis (6e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

M. Bastien Lachaud interroge Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins sur les politiques de prévention de la myopie chez les enfants. La myopie est une maladie oculaire affectant la vision de loin, mais elle peut avoir des complications à terme telles que la cataracte, le décollement de rétine, pouvant aller dans les cas les plus graves jusqu'à la cécité. L'épidémie de myopie est en pleine progression, selon les données de la revue Ophtalmology datant de 2016 : 15 % de myopes en 1950, pour 40 % en 2020 et potentiellement 60 % en 2050. La myopie n'est pas une fatalité. Des facteurs héréditaires existent, mais de nombreux facteurs liés au mode de vie provoquent ou aggravent une myopie déjà existante. Parmi ces facteurs, le temps passé en vision de près (lecture, écrans), l'accentuation du temps passé à l'intérieur et la diminution du temps passé en extérieur à voir la lumière du jour et à voir au loin, les perturbations du sommeil. Ainsi, des politiques de prévention pourraient endiguer l'épidémie de myopie : la sensibilisation au problème et l'incitation à passer du temps à l'extérieur, la limitation aux activités de près, notamment des écrans, une politique générale de promotion d'un sommeil de qualité. De même, une politique de dépistage précoce de la myopie chez les enfants pourrait permettre d'agir tôt. En effet, des mesures de freination de la maladie existent et sont utilisées depuis longtemps dans d'autres pays. La tribune de Thierry Bour, ophtalmologiste, publiée dans la presse mentionne « quatre solutions [qui] ont récemment fait leurs preuves pour ralentir la myopie évolutive des enfants et adolescents : les verres de freination, l'orthokératologie (port de lentilles rigides la nuit), les lentilles de contact frénatrices de jour et l'instillation de collyres à base d'atropine ». Cependant, l'absence de politique de prévention de la myopie conduit à ce que seulement 1/5e des enfants éligibles puissent bénéficier de ces mesures de freination. Une politique de santé publique de lutte contre l'épidémie de myopie est urgente, pour contrer l'apparition et l'aggravation de la maladie, apporter du confort visuel à des millions de personnes et faire des économies significatives de soins et de dispositifs optiques. Aussi souhaite-t-il savoir ce qu'elle compte mettre en œuvre comme campagne d'information et de prévention de la myopie et de généralisation des mesures de freination pour les enfants et adolescents éligibles.

Réponse publiée le 8 avril 2025

Le nouveau carnet de santé de l'enfant disponible pour les enfants nés à compter du 1er janvier 2025, a intégré de nouvelles recommandations sanitaires qui tiennent compte des évolutions sociétales. Il réunit tous les évènements qui concernent la santé de l'enfant depuis sa naissance et aborde des thèmes comme la prévention des troubles sensoriels que sont la vue et l'audition. En effet, un examen des yeux est réalisé dans les 8 jours qui suivent la naissance de l'enfant, puis à chaque examen obligatoire de l'enfant. Le nouvel examen obligatoire à 6 ans, âge de l'entrée à l'école primaire, est une nouvelle opportunité d'évaluer et de renforcer cette prévention en termes de dépistage sensoriel précoce. Ces examens réguliers de la vue permettent de détecter tôt des signes de myopie. Aussi, le carnet de santé prodigue de nombreux conseils aux parents, notamment autour de la prévention de la myopie. En effet, il attire la vigilance des parents sur d'éventuels signes pouvant nécessiter une consultation auprès d'un ophtalmologiste. Cette vigilance des parents permet d'orienter rapidement vers un spécialiste pour une éventuelle prise en charge et la prescription d'un dispositif de freination. Le carnet de santé comporte également plusieurs recommandations relatives au bon usage des écrans, notamment sur la base des conclusions issues du rapport de la Commission « Enfants et écrans » publié en avril 2024. Y figurent notamment les conseils de non-exposition aux écrans avant 3 ans puis, entre 3 et 6 ans, d'un usage occasionnel, limité à des contenus éducatifs et accompagné par un adulte (voir la page 24 du carnet). Dès 3 mois, et sur l'ensemble de la vie de l'enfant puis de l'adolescent, des questions à la précision croissante sur l'exposition et l'usage des écrans seront posées lors des examens obligatoires de santé, afin d'accompagner la progression des usages. Ces conseils permettent de préserver les enfants des effets négatifs des écrans sur la vue. Enfin, des conseils concernant la qualité du sommeil de l'enfant, la pratique hebdomadaire d'une activité physique et le temps passé à l'extérieur sont aussi indiqués. Par ailleurs, la direction générale de la santé œuvre à alerter au niveau européen sur les effets des écrans sur la santé oculaire en lien avec les recommandations d'un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire publié en avril 2019 et intitulé : « Effets sur la santé humaine et sur l'environnement (faune et flore) des diodes électroluminescentes ». Ainsi, les actions de prévention de la myopie par la sensibilisation et les examens de la vue participent d'un ensemble de politiques de santé publique dans la lutte contre les pathologies oculaires en France.

Données clés

Auteur : M. Bastien Lachaud

Type de question : Question écrite

Rubrique : Maladies

Ministère interrogé : Santé et accès aux soins

Ministère répondant : Santé et accès aux soins

Dates :
Question publiée le 26 novembre 2024
Réponse publiée le 8 avril 2025

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