Question orale n° 241 :
Situation de l'hôpital de Nevers

17e Législature

Question de : Mme Perrine Goulet
Nièvre (1re circonscription) - Les Démocrates

Mme Perrine Goulet attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins, sur la situation de l'hôpital de Nevers. Le jeudi 6 février 2025, une trentaine de soignants se sont déclarés en arrêt maladie pour dénoncer les conditions de travail liées au plan blanc, dispositif déclenché pour faire face à la crise que traverse l'hôpital neversois. Malgré les mesures mises en place par la direction de l'hôpital pour apporter une réponse aux revendications des professionnels, les infirmiers et aides-soignants y officiant se sont plaints de conditions de travail invivables et ont fait savoir ne plus supporter les conditions physiques et psychologiques dans lesquelles il leur est demandé de travailler. Depuis, l'accès aux urgences se trouve restreint et ce sont les besoins de santé de la population du bassin nivernais qui se trouvent en jeu. Dans ce contexte, des mesures ont déjà été mises en œuvre par la direction pour tenter de répondre à la crise : déprogrammation des activités non urgentes pour libérer des lits et apporter un renfort aux services des urgences, ainsi qu'une coopération avec les établissements partenaires du groupement hospitalier de territoire de la Nièvre, à savoir le CHU de Dijon et l'ARS. Aujourd'hui, les soignants réclament a minima un poste d'infirmier et un poste d'aide-soignant supplémentaire jour et nuit, un encadrement de nuit et une secrétaire de nuit ainsi que l'application « stricte » du plan blanc. En conséquence, l'ARS et Santé publique France ont fait intervenir la réserve sanitaire à partir du 17 février 2025. Six infirmières devaient rester jusqu'au mois de mars au sein de l'établissement, afin de désengorger les urgences de l'hôpital. Toutefois, cette solution ne peut pas être considérée comme durable, ni pour le personnel, ni pour les Nivernais. Aussi, la mise en œuvre d'un pont aérien entre Dijon et Nevers afin de faire venir, en journée, des médecins a prouvé son efficacité. Mme la députée demande à M. le ministre d'indiquer quels crédits spécifiques pourraient être mobilisés afin d'augmenter les rotations et permettre aux Nivernais d'accéder plus simplement à des soins. Enfin, avec la construction du nouvel hôpital de Cosne-sur-Loire, l'instauration d'un troisième service d'urgence pouvant accueillir des patients du nord du département apparaît plus que jamais nécessaire ; il s'agirait d'une capacité de délestage bienvenue lorsque les urgences de Nevers son surchargées. M. le ministre peut-il confirmer cette intention ? La désertification médicale touche de nombreux territoires et il en est à prioriser les urgences. Mais la Nièvre est ce territoire abimé qui se sent abandonné. Elle lui demande comment redonner confiance aux soignants, aux patients, bref, aux Nivernais.

Réponse en séance, et publiée le 12 mars 2025

HÔPITAL DE NEVERS
M. le président . La parole est à Mme Perrine Goulet, pour exposer sa question, no 241, relative à l'hôpital de Nevers.

Mme Perrine Goulet . Depuis plusieurs années, les Nivernais rencontrent des difficultés dans l'accès aux soins, notamment en cas d'urgence. À l'hôpital de Nevers, dans ma circonscription, les soignants constatent régulièrement des difficultés pour assurer une prise en charge dans de bonnes conditions des patients qui se présentent.

Le 6 février, une trentaine de soignants du service des urgences étaient en arrêt maladie, ne supportant plus les conditions de travail invivables, d'ordre physique et psychologique, accentuées par le sentiment de gérer seuls l'afflux de patients.

Dans ce contexte, la direction a déjà pris des mesures pour tenter de réagir à la crise : déprogrammation des activités non urgentes pour libérer des lits et apporter un renfort au service des urgences, mobilisation de la réserve sanitaire avec la présence jusqu'à fin mars de six infirmières, coopération avec les établissements partenaires du groupement hospitalier de territoire (GHT) et régulation par le 15 de l'accès aux urgences. Cependant, si nous n'agissons pas, les problèmes que j'ai évoqués se poseront à nouveau.

Notre territoire a des propositions pour pallier l'absence de professionnels et améliorer la prise en charge des Nivernais. Aux urgences, les soignants réclament les recrutements d'un infirmier et d'un aide-soignant jour et nuit ainsi que l'application stricte du plan Blanc. De plus, la pérennisation de la régulation par le 15 de l'accès aux urgences doit être envisagée.

La pénurie affectant l'hôpital est telle qu'un pont aérien a été mis en place entre Dijon et Nevers pour acheminer des médecins à l'établissement une fois par semaine. Cependant, pour répondre aux besoins de la population, il faudrait des rotations quotidiennes.

Durant la période de Noël, comme l'hôpital de Nevers était déjà en difficulté, les urgences de Cosne-Cours-sur-Loire avaient pris le relais en créant temporairement une troisième ligne de médecins et d'infirmières pour assurer le délestage venu des urgences de Nevers. Afin de répondre aux besoins des habitants et d'assurer l'entraide tout au long de l'année, pérenniser cette troisième ligne serait une mesure bienvenue.

Certes, la désertification médicale touche de nombreux territoires et certes, le ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles donne la priorité aux urgences, mais la Nièvre est un territoire abîmé, qui se sent abandonné. Les chiffres du projet régional de santé montrent à quel point les Nivernais subissent une perte de chance en matière de santé.

Chaque Nivernais doit pouvoir se soigner ; chaque soignant doit pouvoir trouver du sens dans son travail ; chaque patient doit pouvoir faire confiance à son établissement de soin. Dans la Nièvre, c'est loin d'être le cas. Pouvez-vous nous indiquer si les propositions faites par les Nivernais seront prises en considération par les services du ministère et si des moyens financiers seront débloqués pour que notre territoire retrouve enfin un semblant de santé ?

M. le président . La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'autonomie et du handicap.

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l'autonomie et du handicap . M. Yannick Neuder, ministre chargé de la santé et de l’accès aux soins, en déplacement à Varsovie, vous prie d'excuser son absence. Vous attirez son attention sur la situation du système de santé dans la Nièvre. Celle-ci est au cœur des préoccupations du gouvernement, qui est en lien permanent avec l'agence régionale de santé (ARS) et avec les élus locaux.

L'attractivité médicale constitue un levier fondamental pour stabiliser et renforcer la présence de professionnels dans le département. Pour ce faire, des dispositifs incitatifs visant à favoriser l'installation de jeunes médecins et de professionnels de santé sont déjà mis en œuvre. Des aides financières sont proposées aux internes choisissant d'effectuer un stage dans la Nièvre et des contrats d'allocation d'études sont également mobilisables pour accompagner l'engagement des professionnels de santé.

En ce qui concerne la situation générale des urgences, le directeur général de l'ARS a demandé au directeur du centre hospitalier de Nevers d'élaborer un plan d'action à court, moyen et long termes, pour tous les établissements du GHT, avec le soutien du centre hospitalier universitaire (CHU) de Dijon-Bourgogne et de l'ARS. Ce plan d'action sera présenté dans les jours qui viennent et appliqué avec l'aide d'une mission d'appui opérationnelle. En attendant, il a été fait appel à la réserve sanitaire nationale et une bourse d'emploi local de renfort paramédical a été déployée.

De plus, l'agrandissement des urgences de Nevers est en cours d'élaboration, et les discussions relatives à son financement se poursuivent. Ce projet vient compléter celui du nouvel hôpital de Cosne-Cours-sur-Loire, qui prévoit la construction d'un établissement accueillant des services d'urgences, d'imagerie et de consultations externes ainsi que quatre-vingt-dix lits d'hospitalisation.

Afin d'apporter des réponses adaptées aux spécificités du département, le gouvernement soutient la mise en place d'un pacte santé pour la Nièvre, dont les grands axes seront présentés prochainement. Un comité de pilotage sera organisé dans les prochaines semaines afin d'affiner ces orientations.

Les rotations en avion sont actuellement financées par le centre hospitalier de Nevers. Consciente de l'intérêt de ce dispositif, l'ARS a demandé la réalisation d’une étude dans les meilleurs délais afin d'en évaluer le solde net, entre les coûts engendrés et les recettes afférentes – les médecins utilisateurs créant de l'activité pour l'hôpital et donc des ressources supplémentaires.

Soyez assurée, madame la députée, de notre mobilisation pour garantir aux habitants de la Nièvre un accès aux soins digne et pérenne.

Données clés

Auteur : Mme Perrine Goulet

Type de question : Question orale

Rubrique : Établissements de santé

Ministère interrogé : Santé et accès aux soins

Ministère répondant : Santé et accès aux soins

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 18 mars 2025

partager