Question orale n° 249 :
Enseignants absents non remplacés

17e Législature

Question de : Mme Marie Lebec
Yvelines (4e circonscription) - Ensemble pour la République

Mme Marie Lebec alerte Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur la situation des enseignants absents non remplacés dans le département des Yvelines. En conséquence, les élèves privés d'enseignants pendant quelques jours sont répartis dans d'autres classes, ce qui peut perturber la continuité des apprentissages pour tous les acteurs concernés. Depuis le début de l'année scolaire, Mme la députée a été informée à plusieurs reprises de ce problème, avec une recrudescence des signalements cet hiver. Elle a reçu de nombreux messages d'enseignants et de directeurs d'établissements confrontés à cette réalité. Dans son département, les absences maladie de moins de 15 jours ne donnent pas lieu à un remplacement, ce qui entraîne des conséquences néfastes : perturbation de l'instruction des élèves dans les classes concernées comme dans celles qui les accueillent, surcharge de travail pour les enseignants confrontés à un effectif accru et fortes tensions avec des parents mécontents. Pour certains élèves, ce sont déjà plusieurs semaines de cours qui ont été manquées. L'académie de Versailles semble manquer de moyens humains pour assurer des remplacements rapides, faute de réussir à recruter des enseignants, qu'ils soient titularisés ou engagés comme contractuels. En outre, les enseignants précédemment dédiés aux remplacements ont été affectés de manière permanente à des classes, aggravant la pénurie de remplaçants disponibles. Face à ce constat, elle l'interroge sur cette situation et lui demande quelles solutions durables seront mises en place dès cette année.

Réponse en séance, et publiée le 12 mars 2025

REMPLACEMENT DES ENSEIGNANTS ABSENTS DANS LES YVELINES
M. le président . La parole est à Mme Marie Lebec, pour exposer sa question, no 249, relative au remplacement des enseignants absents dans les Yvelines.

Mme Marie Lebec . Je me réjouis de votre présence au banc, madame la ministre déléguée auprès du premier ministre, puisque vous saurez exactement de quoi je parle.

Depuis bientôt huit ans, nous avons fait de l’école une priorité absolue et nous avons œuvré avec détermination et efficacité pour la renforcer. Parmi les avancées, citons l’amélioration du taux d’encadrement, le dédoublement des classes dans les zones relevant des réseaux d'éducation prioritaire (REP) et des réseaux d'éducation prioritaire renforcés (REP+), ainsi que la revalorisation du métier d’enseignant, notamment par une hausse significative des salaires en début de carrière. Ces mesures ont permis de consolider la maîtrise des savoirs fondamentaux des élèves et de redonner de l’attractivité à la profession d’enseignant.

En dépit de ces avancées et d'un effort budgétaire conséquent, ayant permis la sauvegarde de 4 000 postes d’enseignants, malgré une baisse démographique de près de 100 000 élèves à la rentrée, les difficultés persistent sur le terrain avec le non-remplacement des enseignants absents. Cette situation est loin d’être anecdotique.

Depuis le début de l’année scolaire, j’ai été informée à plusieurs reprises de ce problème, avec une recrudescence des signalements cet hiver. J’ai reçu de nombreux témoignages, tant de la part de chefs d’établissements que de parents confrontés à cette réalité.

Dans les Yvelines, les enseignants absents moins de quinze jours pour arrêt maladie ne sont pas remplacés, ce qui a des conséquences néfastes telles que la perturbation de l’instruction des élèves dans les classes concernées comme dans celles qui les accueillent, la surcharge de travail pour les enseignants confrontés à un effectif d'élèves accru et de fortes tensions avec des parents inquiets et mécontents.

Pour certains élèves, ce sont déjà plusieurs semaines de cours qui ont été manquées. Par exemple, dans la ville de Carrières-sur-Seine, dans ma circonscription, pour deux classes d’école élémentaire, les absences d'enseignants s'élèvent à plus de vingt jours sur la période scolaire de janvier à février, qui compte seulement vingt-quatre jours d'école.

L’académie de Versailles, faute de réussir à recruter des enseignants, titulaires ou contractuels, manque de moyens humains pour assurer des remplacements rapides. En outre, les enseignants précédemment intégrés aux brigades de remplacement ont été affectés de manière permanente à des classes, ce qui aggrave la pénurie de remplaçants disponibles. L’organisation actuelle ne parvient plus à répondre aux aléas du fonctionnement scolaire.

Face à ce constat, quelles mesures sont envisagées par Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche afin de remédier à cette situation dans les Yvelines et, plus largement, dans les académies confrontées à des tensions similaires ? Quelles solutions durables compte-t-elle mettre en œuvre dès cette année pour assurer la continuité pédagogique et soutenir les enseignants dans leurs missions, au service de la réussite de tous les élèves ?

M. le président . La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du premier ministre, porte-parole du gouvernement.

Mme Sophie Primas, ministre déléguée auprès du premier ministre, porte-parole du gouvernement . La question du remplacement des professeurs absents est l'une des priorités du gouvernement et en particulier de la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Cette priorité s'est traduite dans les faits par l'augmentation à l'échelle nationale des effectifs des brigades de remplacement, une solution à laquelle nous recourrons de nouveau à la rentrée prochaine, en l'amplifiant.

Nous le savons, l’académie de Versailles, plus que d'autres, souffre d'un déficit d’attractivité qui rend plus délicat le remplacement des professeurs absents. Le rendement des concours, notamment pour les professeurs des écoles, ne suffit plus, ce qui fait que les services du rectorat recrutent des contractuels pour couvrir les besoins.

Face à ce constat, le ministère n’a pas ménagé ses efforts, soyez-en assurée. Les équipes départementales chargées du recrutement ont recruté 440 contractuels depuis le début de l’année scolaire, et plus de 80 depuis le mois de janvier 2025. Cela continue. De plus, pour privilégier la non-suppression des postes d’enseignants, nous avons choisi de renforcer les brigades de remplacement.

Soyez assurée, madame la députée, que le ministère est conscient du caractère essentiel du remplacement pour garantir à tous les élèves un encadrement continu et inclusif.

En réalité, vous interrogez de façon plus globale l’attractivité du métier d’enseignant ; j'aurai l'occasion d'y revenir en répondant à d'autres questions. Dans ce domaine, nous emploierons nos efforts à repenser le recrutement et la formation dans le cadre d'une réforme qui sera annoncée dans les prochains jours par Mme la ministre d'État.

M. le président . La parole est à Mme Marie Lebec.

Mme Marie Lebec . Bien que je vous sache préoccupée par cette situation, d'autant plus que votre territoire dans les Yvelines en souffre peut-être aussi, je me permets de vous rappeler les deux écoles élémentaires où les absences d'enseignants ont atteint un total de vingt jours sur une période de vingt-quatre jours. Quel avenir offrons-nous à ces enfants ?

Données clés

Auteur : Mme Marie Lebec

Type de question : Question orale

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 18 mars 2025

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