Question au Gouvernement n° 262 :
Motion de censure

17e Législature

Question de : Mme Marie Pochon
Drôme (3e circonscription) - Écologiste et Social

Question posée en séance, et publiée le 5 décembre 2024


MOTION DE CENSURE

Mme la présidente . La parole est à Mme Marie Pochon.

Mme Marie Pochon . « Monsieur le président, j'aimerais que vous expliquiez à ma fille de 5 ans pourquoi maman ne met pas le chauffage partout dans la maison ? […] Pourquoi le soir maman mange ce qu’il reste dans son assiette ou bien boit une tasse de café ? […] Pensez surtout à lui expliquer comment fait maman pour rester digne et humble quand les préoccupations du peuple vous passent au-dessus de la tête. […] Une maman comme tant d’autres ! » La lettre d'où sont tirés ces propos, vos conseillers parlementaires l'ont peut-être lue.

M. Pierre Cordier . Vivement que tu sois au pouvoir ! On verra bien ce que tu feras !

Mme Marie Pochon . C'est une des centaines de milliers de doléances qui ont fait suite au mouvement des gilets jaunes, au grand débat ; une parmi des centaines de milliers, que vous n'avez jamais voulu restituer ni publier. « Comment fait maman pour rester digne et humble quand les préoccupations du peuple vous passent au-dessus de la tête ? » Cette question que pose cette maman, elle me hante depuis six ans, six ans de promesses non tenues et de mépris qui sont devenus une politique, votre politique.

Mme Frédérique Meunier. Nous n'avons eu que trois mois !

Mme Marie Pochon . De vous, nous n'avons vu que le mépris, les 49.3, les mensonges, les louvoiements devant Marine Le Pen. Pourtant, sur les prix rémunérateurs en agriculture, sur les déserts médicaux, ou encore hier sur le remboursement intégral des fauteuils roulants, nous vous avons fait des propositions ; nous savons légiférer et trouver des compromis.

Monsieur le premier ministre, si vous aviez tendu l'oreille, vous auriez entendu comment ces coupes budgétaires non assumées, servant à éponger une dette que vos soutiens ont créée, fragilisent déjà les milliers de victimes des plans sociaux, de la vente à perte et de la vie indigne – par exemple cette maman, « comme tant d'autres »… (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et SOC. – Mme Elsa Faucillon applaudit aussi.)

Dans la Drôme d'où je viens, c'est un projet Territoires zéro chômeurs de longue durée, de ceux dont vous avez vanté les mérites, qui perd tous ses financements du fait de la prétendue responsabilité de votre budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, SOC et GDR.) Cette censure, je ne la voterai pas de gaieté de cœur ; je la voterai car vous n'avez décidément rien écouté et rien compris.

Monsieur le premier ministre, je ne peux plus rien vous demander aujourd'hui. En revanche, à toutes celles et à tous ceux qui ont manifesté, qui ont voté, qui restent dignes et humbles quand leurs dirigeants fabriquent le chaos, nous disons que notre seul cap est et restera celui de l'écoute, du dialogue, de la recherche de majorités, de l'apaisement. Là résident leurs espoirs. Là, chers collègues, repose notre responsabilité. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP, SOC et GDR.)

Mme Justine Gruet . C'est facile !

Mme la présidente . La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du premier ministre, porte-parole du gouvernement. (Bruit sur les bancs des groupes RN et UDR.)

Mme Maud Bregeon, ministre déléguée auprès du Premier ministre, porte-parole du gouvernement . Je n'ai encore rien dit !

Mme la présidente. S'il vous plaît, chers collègues !

Mme Maud Bregeon, ministre déléguée . Madame la députée, la lettre que vous venez de lire ne peut que nous toucher. (Mme Marie Pochon s'exclame.) On ne peut qu'avoir de l'empathie pour celle qui l'a écrite mais pensez-vous vraiment qu'en renversant le gouvernement ce soir (Exclamations sur divers bancs), qu'en vous alliant avec le Rassemblement national, vous allez aider cette femme ? (« Évidemment ! » sur les bancs du groupe EcoS.) Pensez-vous qu'en créant une crise politique ainsi qu'une incertitude économique et en privant la France d'un budget, vous allez aider cette femme et ses enfants ? (Nouvelles exclamations et brouhaha sur divers bancs.)

Mme la présidente . Un peu de silence, s'il vous plaît !

Mme Maud Bregeon, ministre déléguée . Je l'ai dit hier : le budget que nous avons proposé n'était pas parfait.

M. Frédéric Boccaletti . Tout en finesse !

Mme Béatrice Bellay . C'est celui de votre premier ministre !

Mme Maud Bregeon, ministre déléguée . Il méritait sûrement d'être encore discuté. Toutefois, je suis convaincue que, si vous envoyez le pays dans le mur comme vous vous apprêtez à le faire, ce sont les Français les plus précaires qui paieront le plus cher à la fin. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et DR.)

M. Thibault Bazin . Elle a raison !

Données clés

Auteur : Mme Marie Pochon

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Gouvernement

Ministère interrogé : Porte-parole du Gouvernement

Ministère répondant : Porte-parole du Gouvernement

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 5 décembre 2024

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