Situation à Mayotte
Question de :
M. Steevy Gustave
Essonne (3e circonscription) - Écologiste et Social
Question posée en séance, et publiée le 18 décembre 2024
SITUATION À MAYOTTE
Mme la présidente . La parole est à M. Steevy Gustave.
M. Steevy Gustave . La situation à Mayotte est tragique et insoutenable. Le cyclone Chido a laissé ce territoire de la République en ruines.
La crise humanitaire est sans précédent et bouleverse la nation. Des habitations éventrées, des corps retrouvés sous les décombres, des vies brisées.
Le bilan humain partiel est d'ores et déjà dramatique, le bilan définitif s'annonce encore pire.
Ce sont potentiellement des milliers de vies, sans papiers ou non, qui s'éteignent. Que ces corps restent enterrés sous la boue ou qu'ils deviennent des fantômes administratifs à jamais, ils continueront de hanter notre histoire nationale.
Je tiens à saluer le courage et le dévouement des secours mobilisés sur place. Pompiers, soignants, forces de l'ordre et tous les bénévoles incarnent la solidarité et l'engagement de la République dans cette épreuve. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, EPR, LFI-NFP, SOC, DR, Dem, HOR, LIOT et GDR.)
Ce drame frappe le département le plus pauvre de la République. À Mayotte, il manquait déjà tout avant le cyclone : pas d'eau potable, un seul hôpital, saturé, des conditions de vie et d'habitation souvent indignes.
Le risque d'épidémie est bien réel. Sans eau, sans soins et sans abris, comment assurer la survie des sinistrés ?
Ce cyclone n'est pas une exception, il est l'incarnation de la crise climatique. Les catastrophes se reproduiront encore et encore, et comme toujours, ce sont les plus vulnérables qui paieront le plus lourd tribut.
Pendant que Mayotte pleure ses morts, cherche ses disparus, et que tant de citoyens se mobilisent, il nous apparaît incompréhensible que vous privilégiiez un conseil municipal au lieu de vous rendre sur place.
Ce choix vous engage. Que doit penser le peuple mahorais d'un gouvernement qui regarde ailleurs pendant qu'il souffre ?
Quant à Bruno Retailleau, ses propos sont choquants.
M. Fabien Di Filippo . C'est votre aveuglement qui est choquant ! Depuis quand dure-t-il ?
M. Steevy Gustave . Instrumentaliser une tragédie pour faire de la politique est indigne de nos valeurs républicaines. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EcoS, LFI-NFP et GDR, ainsi que sur quelques bancs du groupe SOC.)
Monsieur le premier ministre, les Mahoraises et les Mahorais, ainsi que tout le peuple français, attendent que vous vous hissiez à la hauteur de ce drame. Quand comptez-vous vous rendre à Mayotte ? Quelles mesures allez-vous prendre pour prévenir les épidémies ? Quelles actions concrètes… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l'orateur. – Les députés des groupes EcoS et SOC se lèvent et applaudissent ce dernier. – Mmes Farida Amrani et Élisa Martin se lèvent également pour applaudir.)
Mme la présidente . La parole est à M. le premier ministre.
M. François Bayrou, premier ministre . Je soutiens et partage vos propos, sensibles et justes, sur les Mahorais, comme je l'ai fait pour les orateurs des autres groupes.
Vous affirmez que le gouvernement n'était pas présent à Mayotte. Ce n'est pas exact. Le ministre de l'intérieur et le ministre chargé des outre-mer…
Mme Sabrina Sebaihi . Ministres démissionnaires !
M. François Bayrou, premier ministre . …étaient hier sur place,…
M. Pierre Cordier . D'excellents ministres, issus de nos rangs !
M. François Bayrou, premier ministre . …et le président de la République a annoncé qu'il irait à Mayotte. Or il n'est pas d'usage que le premier ministre et le président de la République quittent en même temps le territoire national,…
M. Emmanuel Grégoire . Mayotte, c'est la France !
M. François Bayrou, premier ministre . …d'autant plus que j'ai la responsabilité de proposer un nouveau gouvernement au président de la République. Nous sommes convenus que je le ferai dans les plus brefs délais.
Mme Béatrice Bellay . Quel scoop !
M. François Bayrou, premier ministre . Nous ne pouvons pas éluder le fait que Mayotte, avant d'être frappée par ce drame, souffrait depuis des années d'une déstabilisation. Malgré la proximité d'origine, de langue ou de religion, les afflux de populations sont très mal vécus par les Mahorais.
Avons-nous su les réguler ? Non. Cette situation sociale critique peut être rappelée sans passer par la polémique et sans que nous nous entr'accusions.
Nous devons y être attentifs et y apporter des réponses, car les Mahorais, pour une grande partie d'entre eux, sont profondément déstabilisés par ce qu'ils ressentent comme une injustice dans leur propre espace de vie. Je n'ai pas l'intention de l'oublier, sans pour autant tomber dans les accusations réciproques.
Certes, une vie vaut une vie, mais…
Mme Marie-Charlotte Garin . Évidemment, il y a un « mais » !
M. François Bayrou, premier ministre . …les sentiments de nos compatriotes doivent être pris en considération. La capacité de régulation nous a manqué. Nous traiterons encore de ce sujet, si important pour notre avenir. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem.)
Auteur : M. Steevy Gustave
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Outre-mer
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 18 décembre 2024